Devoir de Philosophie

Les échanges ne sont ils qu'économiques ?

Publié le 05/07/2012

Extrait du document

Marx, à l’instar d’Aristote, distingue à propos de la valeur d’un objet entre « sa valeur d’usage « et « sa valeur d’échange «. La valeur d’usage d’un objet se définit par l’utilité qu’on pense tirer d’un objet : une voiture, par exemple, sert à déplacer des personnes; telle est à sa valeur d’usage. La valeur d’échange de cet objet se définit par la valeur qu'on accorde à cet objet sur le marché, par ce que vaut (ou ce qu'est susceptible de rapporter) cet objet dans un échange marchand. Autrement dit, il existe des choses d’une grande valeur d’usage qui semblent essentielles à sa survie, ou, du moins, à son mode d’existence; mais le commerce tend à considérer les objets plus en fonction de leur valeur d’échange que de leur valeur d’usage. A la limite si je suis commerçant, peu importe l’utilité des objets qu’on vend, ce qui importe est l’argent que sa vente me rapporte.

« - Adam Smith: « L'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c'est en vain qu'il l'attendrait de leur seule bienveillance.

» - Marx: « Elle (la bourgeoisie) a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange.

» - Lévi Strauss: « Il y a bien plus, dans l'échange, que les choses échangées.

» Aristote, « La monnaie, jouant le rôle de mesure, rend les choses commensurables entre elles et les amène ainsi à égalité; car il ne saurait y avoir communauté sans échange, niéchange sans égalité.

» L'invention de la monnaie est moment essentiel dans l'histoire des échanges.

Platon dit que les hommes ont très vite senti le besoin de se répartir les tâches et que delà est naît la mise en ordre de la société, et une juste division du travail.

Cette division du travail au sein d'une société, voire entre des sociétés voisines, a amené leshommes à échanger leurs produits de leur travail.

Echanger un produit (qu'on a en trop) contre un produit (qui manque) est le principe du troc.Beaucoup de sociétés primitives ne connaissent que le troc.

Cependant, avec le développement du commerce, les hommes ont créé un étalon de mesure communpermettant de faciliter et d'augmenter les échanges.

La monnaie permet en effet de comparer la valeur de choses de nature très différentes.

La valeur d'échange d'unobjet n'est pas relative à l'évaluation des protagonistes de l'échange, elle est fixée d'avance par un prix en argent.

La monnaie favorise ainsi la justice dans l'échangeen introduisant une unité de mesure commune, et en permettant ainsi une plus grande objectivité dans le calcul de la valeur d'échange des produits. Seulement, comme l'a vu Aristote, l'argent, de moyen d'échanger de façon apparemment équitable, est devenu rapidement la fin, le but de l'échange.

L'art d'acquérirdes richesses (la chrématistique, selon la terminologie d'Aristote) vise originellement à satisfaire les besoins des uns et des autres, et constitue un prolongement de lanature; mais très vite, l'art d'acquérir des richesses s'est écarté de sa fin naturelle, il est devenu l'art d'acquérir l'argent.

L'argent censé mesurer la valeur respective desobjets échangés, est devenu par lui même une valeur, et même une valeur fascinante (d'où l'utilisation, au début, de métaux précieux, comme l'or ou l'argent, pourfrapper la monnaie).

« L'argent ne fait pas de petits », dit Aristote. Cependant la chrématistique s'est éloignée de son utilité première pour devenir un moyen d'acquérir plus d'argent, en faisant de l'argent un produit d'échangelui même, en vendant de l'argent, par exemple en « prêtant » de l'argent moyennant des intérêts (tel est le prêt usurier, condamné par l'Eglise au Moyen Age). Adam Smith, « L'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c'est en vain qu'il l'attendrait de leur seule bienveillance.

» Les hommes sont dans la nécessité de recourir à l'aide de leurs semblables.

Mais une chose est d'aider son semblable dans le besoin, d'offrir ses services, une autred'échanger des objets, de faire du commerce (de « trafiquer », dit A.

Smith).

Venir en aide à autrui est un acte de bienveillance, mais un acte stérile.

“Ce n'est pas dela bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme.

On peut voir exprimé ici le postulat fondamental du libéralisme (du capitalisme), dont Adam Smithest le premier grand théoricien.

C'est l'intérêt qui pousse les hommes à échanger; mieux, c'est l'intérêt qui nous fait tirer profit, non des objets qu'on a échangés avecd'autres objets (donne ce dont je t'ai besoin, je te donnerai ce dont tu as besoin), mais de l'échange lui même (de l'argent qu'on peut en tirer).

Ainsi l'échange créel'échange.

L'échange stimule l'activité économique, et même favorise la division du travail.

Platon fait dériver le commerce et les échanges économiques de lanécessité de la division du travail, Smith fait dériver la division du travail de la propension des hommes à échanger.

Il ne s'agit pas en effet d'échanger juste ce donton a besoin pour rester finalement en relative autarcie tel était l'idéal politico économique de la cité pour Aristote mais d'échanger pour satisfaire son égoïsme etflatter l'égoïsme de l'autre, et ainsi, si possible, s'enrichir.

Autrement dit le négoce, qui était méprisé dans les sociétés traditionnelles ou aristocratiques (privilégiantl'activité guerrière ou le loisir), devient l'activité prisée des sociétés libérales: car « négoce », cela signifie étymologiquement « celui qui n'a pas de loisir » (otiumsignifie loisir en latin).L'homme d'affaire est toujours celui qui a à faire, le businessman est l'homme occupé (busy), accaparé par l'activité du seul commerce qui enrichit, non l'homme quitravaille et produit la richesse, encore moins celui qui dispose du loisir (scholè en grec, d'où vient le mot « école ») pour se cultiver, pratiquer la philosophie, lessciences ou la poésie.

L'échange pour l'échange l'échange pour s'enrichir sans cesse et faire que l'argent fasse des petits, cette dérive de l'échange qu'Aristotedénonçait est devenu le moteur de la société libérale contemporaine. Marx, « Elle (la bourgeoisie) a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange.

» Marx, à l'instar d'Aristote, distingue à propos de la valeur d'un objet entre « sa valeur d'usage » et « sa valeur d'échange ».

La valeur d'usage d'un objet se définit parl'utilité qu'on pense tirer d'un objet : une voiture, par exemple, sert à déplacer des personnes; telle est à sa valeur d'usage.

La valeur d'échange de cet objet se définitpar la valeur qu'on accorde à cet objet sur le marché, par ce que vaut (ou ce qu'est susceptible de rapporter) cet objet dans un échange marchand.

Autrement dit, ilexiste des choses d'une grande valeur d'usage qui semblent essentielles à sa survie, ou, du moins, à son mode d'existence; mais le commerce tend à considérer lesobjets plus en fonction de leur valeur d'échange que de leur valeur d'usage.

A la limite si je suis commerçant, peu importe l'utilité des objets qu'on vend, ce quiimporte est l'argent que sa vente me rapporte.

Or le moteur du développement du capitalisme est de produire essentiellement des valeurs d'échange et secondairementdes valeurs d'usage: il ne s'agit pas tant de satisfaire les besoins des hommes que de tirer profit d'un capital, de fructifier l'argent mis en circulation, de faire del'argent.

Certes la course au profit peut être l'occasion de développer la production et d'augmenter les richesses; mais cette course au profit peut conduire aussi augaspillage et à la surproduction (à la production de gadgets, d'objets inutiles, d'objets aisément périssables, à la vente de fantasmes...).

Or dans cette course au profit,les individus sont exploités pour que leur travail crée le maximum de plus value; et chacun devient une valeur d'échange sur le marché du travail de l'ouvrierjusqu'au cadre.

La valeur des personnes passe au second rang : les rapports non seulement entre patrons et ouvriers, entre capitalistes et salariés, mais aussi entre lesacteurs économiques entre eux sont dominés par le seul intérêt.

C'est ainsi que le règne de l'argent finit par « réifier » les rapports sociaux : le mot réifier vient du motlatin « res » qui signifie « chose ».

Chacun devient chose, maillon d'un système froid, où le seul souci de la rentabilité amène à faire peu de cas des personnes.

Lesrapports inégalitaires dans la société féodale jouaient davantage sur des idées subjectives de supériorité d'une caste sur une autre, de service à rendre à lacommunauté, de rang à tenir, de devoir de soumission à l'égard d'un plus titré que soi, etc...

: « Partout où la bourgeoisie a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques.

Tous les liens multicolores qui unissaientl'homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié, pour ne laisser subsister entre l'homme et l'homme d'autre lien que le froidIntérêt » dit encore Marx. Lévi Strauss, « Il y a bien plus, dans l'échange, que les choses échangées.

» Echanger n'est pas seulement un moyen de s'enrichir ou, du moins, de satisfaire ses besoins.

Echanger est aussi une fin en soi.

Lévi Strauss illustre cela en observantl'exemple du rituel de l'échange du vin entre les clients d'un restaurant du midi de la France : chacun tend spontanément dans la direction de son voisin la carafe devin qui est posée sur chaque table, comme si chacun était mis dans l'obligation rituelle de donner ou de recevoir du vin ; ainsi le vin n'est pas là, simplement, pour. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles