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Les doctrines politiques: L'anarchisme, la démocratie, la crise du libéralisme démocratique, l'absolutisme ?

Publié le 12/02/2004

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Il est exact que l'État, au cours de l'histoire, a pris souvent une forme tyrannique qui paralyse ou détruit l'épanouissement des personnes. L'Etat représente bien souvent l'expression déguisée d'une classe sociale dominante et ses lois ne sont alors que l'instrument dissimulé d'une «exploitation de l'homme par l'homme». On peut admettre aussi qu'une meilleure organisation de la vie sociale, assurant une répartition plus juste des charges et des richesses, permettrait de diminuer l'appareil de contraintes et de sanctions dont l'Etat est encore aujourd'hui - sous tous les régimes politiques - inséparable. Mais on ne saurait suivre les anarchistes jusqu'au bout de leur rêve. Leur idée-force est précisément que l'individu - en dehors de toute organisation imposée - ne demande qu'à nouer avec ses semblables des liens pacifiques et féconds. Kropotkine croit à un besoin naturel irrésistible d'altruisme et d'entraide. Les hommes par nature, ont des instincts généreux prédominants : c'est là le postulat si discutable de l'anarchisme qui fait trop bon marché de l'égoïsme et des passions. c) La démocratieReconnaissons avec les anarchistes que la personne humaine est la seule valeur, le bonheur des personnes, la seule «tin en soi ». Mais ajoutons, contre eux, que l'Etat - cette abstraction incarnée en institutions, en administrations, en règlements - est un moyen nécessaire pour la réalisation des aspirations individuelles. Gardons-nous d'opposer discipline et liberté.

« Reconnaissons avec les anarchistes que la personne humaine est la seule valeur, le bonheur des personnes, la seule«tin en soi ».

Mais ajoutons, contre eux, que l'Etat — cette abstraction incarnée en institutions, en administrations,en règlements — est un moyen nécessaire pour la réalisation des aspirations individuelles.

Gardons-nous d'opposerdiscipline et liberté.

Il faut une autorité pour protéger la liberté de chacun contre les empiétements injustifiésd'autrui.

Seulement l'État perd toute justification s'il cesse d'être le moyen d'épanouir les libertés individuelles et s'ilprétend se poser comme fin suprême.

C'est là ce qu'a très bien vu Rousseau dont le Contrat social peut êtreconsidéré comme «la charte de toute démocratie».

L'État n'a d'autre but que de réaliser et de garantir (bien loin deles détruire) la liberté et l'égalité auxquelles les individus ont naturellement droit : «Trouver une forme d'associationqui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquellechacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant, tel est le problèmefondamental dont le contrat social donne la solution'.» Dans cette perspective démocratique l'État n'est pas une transcendance :«Le souverain n'étant formé que des particuliers qui le composent ne peutavoir d'intérêt contraire au leur.» «La loi n'aliène pas la liberté puisqu'elleprend sa source dans la volonté même des individus» : «L'obéissance à la loiqu'on s'est prescrite est liberté». L'obéissance auseul appétit estesclavage etl'obéissance à la loiqu'on s'estprescrite estliberté.

(Du ContratSocial) La liberté ne consiste pas àsuivre nos désirs.

Elle n'estpas dans l'absence decontraintes mais dans le librechoix des contraintes que l'onse donne à soi-même.

On peutappliquer cette idée au peuple.Un peuple libre est celui qui sedonne à lui-même ses propreslois, ce qui définit ladémocratie. Mais comment concevoir que les volontés particulières diverses, souventopposées des individus puissent s'exprimer dans une loi commune? C'est ici qu'intervient le contrat, le pacte par lequel chacun s'engage envers tous les autres à ne reconnaître d'autre autoritéque la volonté générale.

La volonté générale est celle qui fait abstraction des intérêts divergents, des passions dechacun pour ne se soucier que du bien commun.

Sans doute «chaque individu peut comme homme avoir une volontéparticulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen».

Mais la volonté générale n'estpas une puissance extérieure à chacun de nous, car elle n'est rien d'autre que la règle de la raison, acceptée encommun par les membres du groupe mais que chacun découvre en lui-même, quand il écarte ses désirs égoïstes«dans le silence des passions ».

L'impulsion des passions est le véritable esclavage et contraindre un homme à obéirà la volonté générale, c'est le soumettre à sa propre raison, et par là «le forcer à être libre».La volonté générale peut aisément se dégager dans les débats du peuple assemblé car les hommes ont des intérêtscommuns.

Sans doute, comme dit très bien Rousseau, c'est l'opposition des intérêts particuliers qui rend«nécessaire» le contrat mais c'est l'« accord de ces mêmes intérêts qui le rend possible».

Et Rousseau ajoute :«Ôtez des volontés particulières les pluset les moins qui s'entre-détruisent, reste pour somme des différences la volonté générale.» Comme cependant lavolonté générale ne saurait être à tout instant la volonté universelle, comme il se trouvera toujours quelque citoyenpour n'être pas d'accord sur une loi proposée, on convient de tenir pour volonté générale celle de la majorité.

Laliberté de la minorité n'est pas pour autant aliénée car on peut considérer que c'est à l'unanimité que les individusont décidé de se soumettre aux volontés de la majorité.

Tel est du moins le postulat de toute démocratie.

Parailleurs le désir de Rousseau de ne pas opposer l'État et les individus est si grand qu'il n'admet pas que le peuplepuisse aliéner sa liberté en se soumettant aveuglément aux décisions des députés qu'il a élus.

Il est toujoursnécessaire, selon Rousseau, que les lois proposées par les représentants du peuple soient ratifiées par unréférendum du peuple lui-même. d) La crise du libéralisme démocratique Mais l'idéal démocratique, lui aussi, a donné lieu à diverses critiques.

Le XXe siècle apparaît à bien des égardscomme une époque de crise pour la démocratie.

Cette crise est d'une façon plus générale la crise de la penséeindividualiste et libérale.

Théoriquement la doctrine libérale semble solide et harmonieuse.

Benjamin Constant lacaractérisait en toute son ampleur dans les termes suivants : «Liberté en tout, en religion, en philosophie, enlittérature, en industrie, en politique; et par liberté j'entends le triomphe de l'individualité tant sur l'autorité quivoudrait gouverner despotiquement que sur les masses qui réclament le droit d'asservir la minorité à la majorité.

Ledespotisme n'a aucun droit.

La majorité a celui de contraindre la minorité à respecter l'ordre.

Mais tout ce qui netrouble pas l'ordre, tout ce qui n'est qu'intérieur comme l'opinion, tout ce qui dans la manifestation de l'opinion nenuit pas à autrui soit en provoquant des violences matérielles, soit en s'opposant à une manifestation contraire,tout ce qui, en fait d'industrie, laisse l'industrie rivale s'exercer librement est individuel et ne saurait êtrelégitimement soumis au pouvoir social ».Cependant le prodigieux développement de l'industrie et d'une façon générale des techniques dans le monde. »

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