Les différences sont-elles des inégalités ?
Publié le 17/01/2022
                            
                        
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                                                                    Mais cettedernière n'implique-t-elle pas du même coup le nivellement ou la négation des différences? « Un homme, un vote » ladevise américaine définit bien cet aspect élémentaire de la justice.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le fait d'être plus riche ne donne pas plus depoids dans la décision publique.
                                                            
                                                                                
                                                                    On ne  peut parler de droits universels  qu'en faisant abstraction  des différencesindividuelles.
                                                            
                                                                                
                                                                    Au niveau  individuel,  je ne  peux  reconnaître  et promouvoir  la différence  de l'autre  qu'en mettant(provisoirement) la mienne entre parenthèses.
Les limites de l'égalitarisme.
Jusqu'où faut-il aller dans ce processus ? Bien des régimes politiques, notamment ceux qui s'inspiraient du marxisme-léninisme, ont voulu imposer d'un seul coup l'égalité parfaite, en abolissant tous les signes extérieurs de différence ;mais le résultat d'une telle « révolution culturelle » n'est plus l'égalité mais l'uniformité.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'égalitarisme risque donc denuire à la liberté sans renforcer la fraternité.
Les difficultés de la justice proportionnelle.
Comment peut-on alors établir l'égalité sans abolir les différences ? Il faudrait passer de la justice « arithmétique »(à chacun la même chose, de façon égale)  à la justice « géométrique » ou proportionnelle (à chacun selon sonmérite et selon ce qu'il est, selon sa différence propre).
                                                            
                                                                                
                                                                    La première établit l'égalité, la seconde vise l'équité.
                                                            
                                                                                
                                                                    Laseconde est plus satisfaisante pour l'esprit, mais aussi bien plus difficile à mettre en oeuvre sans aboutir à de gravesinjustices: Platon disait que seuls  les dieux  sont capables  d'une évaluation  assez fine pour  pratiquer  une tellejustice.	
"De  la justice  particulière  et du  juste  qui y correspond,  unepremière espèce est celle qui intervient dans la distribution deshonneurs, ou des  richesses,  ou des  autres  avantages  qui serépartissent entre les membres de la communauté politique (cardans ces avantages il est possible que l'un des membres ait unepart  ou inégale  ou égale  à celle  d'un autre),  et une  secondeespèce  est celle  qui réalise  la rectitude  dans les transactionsprivées  (...).
                                                            
                                                                                
                                                                    Cette  forme  du juste  a un  caractère  spécifiquedifférent de la précédente.
                                                            
                                                                                
                                                                    En effet, le juste distributif des bienspossédés en commun s'exerce toujours selon la proportion dontnous avons parlé' (puisque si la distribution s'effectue à partir desrichesses communes, elle se fera suivant la même proportion quia présidé aux apports respectifs des membres de la communauté ;et l'injuste opposé à cette forme du juste est ce qui est dehors dela dite proportion).
                                                            
                                                                        
                                                                     Au contraire, le  juste dans les transactionsprivées,  tout en étant  une sorte  d'égal,  et l'injuste  une sorted'inégal, n'est cependant pas l'égal selon la proportion de tout àl'heure,  mais selon  la proportion arithmétique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Peu importe, eneffet, que ce soit  un homme  de bien  qui ait dépouillé  unmalhonnête  homme, ou un malhonnête  homme un homme  debien, ou encore qu'un adultère ait été commis par un homme de	bien ou par un malhonnête homme : la loi n'a égard qu'au caractère distinctif du tort causé, et traiteles parties à égalité, se demandant seulement si l'une a commis, et l'autre subi, une injustice, ou sil'une a été l'auteur et l'autre la victime d'un dommage.
                                                            
                                                                                
                                                                    Par conséquent, cet injuste dont nous parlons,qui consiste dans une inégalité, le juge s'efforce de l'égaliser : en effet, quand l'un a reçu une blessureet que l'autre est l'auteur de la blessure, ou quand l'un a commis un meurtre et que l'autre a été tué,la passion  et l'action ont été divisées en  parties inégales ;  mais le juge s'efforce,  au moyen duchâtiment, d'établir l'égalité, en enlevant le gain obtenu.
                                                            
                                                                                
                                                                    " ARISTOTE.
Dans ce célèbre passage, Aristote distingue deux formes de justice ou d'égalité : l'égalité géométrique, qui estune proportion, et l'égalité arithmétique.
                                                            
                                                                                
                                                                    La première renvoie à la justice, considérée comme ordre social, laseconde à la justice entre individus.
POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
La justice,  c'est l'égalité.
                                                            
                                                                                
                                                                     Soit, mais l'égalité  elle-même  peut se comprendre  de deux  manières.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'égalitéarithmétique est l'égalité entre deux termes.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'égalité géométrique est l'égalité entre deux rapports.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'image dugâteau peut aider à comprendre cette distinction.
                                                            
                                                                                
                                                                    Deux parts de gâteau peuvent être égales, d'une égalitéarithmétique.
                                                            
                                                                                
                                                                     Mais on peut  aussi  considérer  que l'égalité  est réalisée  si les  parts  distribuées  sontproportionnelles au mérite (ou au poids...) de ceux entre lesquels il doit être partagé.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'égalité ici sera ditegéométrique.Aristote considère que, dans le cas de la justice distributive, c'est-à-dire de l'égalité géométrique, il est normalde donner plus à ceux qui contribuent le plus, par leur mérite, par leurs fonctions ou par leurs biens, au bonfonctionnement de la société.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais cela peut être discuté.Dans le cas de la justice corrective, c'est-à-dire de la justice qui réalise l'égalité arithmétique, on ne tient pas.
                                                                                                                    »
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