Les differences culturelles peuvent elles etre un obstacle a la paix entre les hommes
Publié le 11/11/2014
Extrait du document
«
peut évidemment trouver une portée plus générale, et amener à se poser le problème de la norma¬lité.
Il faut
tout d'abord prendre conscience de l'événement que constitue, pour l'histoire des mentalités, la découverte de
terres lointaines et habitées.
La civilisation européenne découvre qu'il existe des.
êtres humains dont le mode
de vie et les valeurs sont totalement différents, et qui paraissent même étrangers à toute idée de « civilisation »,
au point que c'est le qualificatif de « sauvages » qui est souvent choisi pour les désigner.
Sont-ils
des hommes à part entière, ce qui remettrait en question le caractère de normalité de la civilisation européenne,
ou bien ont-ils à accéder à la véritable humanité en sortant de leur « barbarie », ce qui justifie la colonisation ?
Dans ce débat, Montaigne prend position en critiquant l'idée même de barbarie, qui en réalité ne révèle guère
que l'incompréhension, nous dirions aujourd'hui l'ethnocentrisme, de celui qui l'utilise.
Pour comprendre le texte
« Il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté ».
Tel est le jugement que
porte Montaigne sur les indigènes des Antilles on de l'Amérique.
Ce verdict s'appuie en apparence sur les
récits des voyageurs ou des colons, mais il se fonde surtout sur l'insuffisance du concept de barbarie.
On sait
que le mot désigne au départ ceux qui ignorent la langue grecque, étymologie qui fait appa¬raître l'illusion qui
s'y trouve : « barbare » est une onomatopée, qui manifeste en réalité que nous prenons pour des ris
les langues que nous ne comprenons pas.
Ainsi « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage ».
Ceci définit l'ethnocentrisme, illusion qui
consiste à croire que les habitudes culturelles de son ethnie devraient être universelles.
Dénoncer cette
illusion, c'est faire apparaître tout ce_ qu'il y a de relatif dans les coutumes ou les normes d'une société.
C'est
pourquoi une telle prise de conscience paraît une illustration, voire une preuve, de la valeur de vérité du
scepticisme.
Que savons-nous de la vérité ? Comment pouvons-nous dire quelle façon de vivre est la plus
fondée en raison ?
« Nous n'avons autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et idée des opinions et usances du pays où
nous sommes ».
Une telle phrase permet de comprendre l'acuité du problème.
Ce que nous savons, nous
l'avons appris, et même l'art de raisonner et d'utiliser ses connaissances relève d'un apprentissage culturel.
Tant que la civilisation européenne s'est crue seule, on a pu penser que cet apprentissage n'était que le moyen.
»
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