Les cyniques ou les « Philosophes-chiens » (Antisthène, Diogène)
Publié le 02/11/2009
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Le terme de cynique vient du mot grec kuôn, chien, animal qui non seulement mange, défèque et s'accouple avec une « simplicité animale« que n'entrave aucune convention sociale de bienséance, mais encore aboie et mord. Métaphoriquement, le Cynique aboie contre l'hypocrisie et le snobisme de tous les puissants, et mord à belles dents les baudruches tant de la superstition et du conformisme, que de la prétendue science et du plaisir. Le Cynique ne s'encombre pas d'un bagage inutile, il se libère de toute cette démangeaison folle de richesses, honneurs, plaisir, science. Il se suffit à soi-même, mesurant son appétit à l'immédiateté de la satisfaction la plus simple. En cela, il annonce déjà la frugalité épicurienne et l'impassibilité stoïcienne. Cheveux longs, s'il en a, barbu, couvert été comme hiver de bure, à la fois vêtement et couverture, n'ayant pour se défendre et s'aider qu'un bâton, portant besace où contenir le strict nécessaire, le Cynique se porte lui-même en marchant où ses pas le conduisent, car rien ne le retient, ni femme, ni enfants, et encore moins la patrie dont les lois l'indiffèrent, lui, le cosmopolite. Pourquoi d'ailleurs irait-il perdre sa sagesse pour se rendre utile aux sots et participer à leurs folies, alors qu'ils sont esclaves de leurs passions et des fadaises qui farcissent leur âme, esclavage intérieur pire que tout autre. Le Cynique se suffit à lui-même, accepte librement la nécessité naturelle qu'il assume avec sérénité, et ne se considère philosophe que pour autant qu'il puisse converser avec soi-même. S'il lui faut un patron, il n'en voit qu'un seul dont le courage lui plaise et mérite qu'on s'en inspire : Hercule, ce dieu bâtard, élevé à la dure, dont tout l'effort tendit à libérer les pauvres gens de la tyrannie des puissants et de celle de forces encore indomptées. Contre le faux-semblant de la culture, les désordres de la société, les mystifications en cascade qu'elles entraînent, le Cynique ne cessera d'« aboyer«. Pour une vie authentiquement naturelle, libre, individualiste, frugale, ascétique, cosmopolite, le Cynique ne cessera de témoigner par sa vie même.
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