Les cyniques comme critique de la culture
Publié le 02/11/2012
Extrait du document
S’ils n’étaient pas passionnés par la théologie, les cyniques mettaient beaucoup d’ardeur à critiquer les
pratiques religieuses. Quelles motivations avaient-ils à critiquer virulemment la religion traditionnelle ? Les
cyniques voulaient contraindre leurs contemporains à réfléchir sur le manque de moralité qu’ils manifestaient
dans leur façon d’honorer les dieux et dans les demandes
qu’ils leur adressaient. Cette exigence de pureté se retrouvait d’ailleurs de façon générale dans l’ensemble
des préceptes moraux des cyniques. Antisthène disait aux hommes qui voulaient devenir immortels, qu’ils
devaient vivre pieusement et justement. Diogène de Sinope mit un point d’honneur à dénoncer la folie de
certaines pratiques religieuses. Il était hors de lui lorsqu’il voyait des gens « sacrifier aux dieux pour avoir
une bonne santé «, et qui lors des libations mangeaient et buvaient au détriment de cette « bonne santé «.
D’une façon plus générale, Diogène voulait démontrer que les pratiques religieuses relevaient de la nomos,
la loi artificielle, et non de la phusis, de la nature. Elles s’inscrivaient dans le cadre de la coutume, de la
convention sous toutes ses formes (familiales, sociales ou politiques).
«
champs.
Et même si la signification existait peut -être auparavant, il faut attendre Cicéron pour que le terme
de cultura animi, c’est à dire de culture individuelle, émerge.
La culture, au sens d’un groupe de personne
réuni par des mêmes rites, des mêmes valeurs, des mêmes usages, paraît quant à elle anachronique.
Le
terme linguistique n’existe pas, même si on pouvait parler de civilisation grecque, comme d’une population
parlant une langue commune, la Koinè, et partageant une religion, dont certains sanctuaires, Delphes,
Dodone, Olympie, étaient des lieux où les habitants des différentes cités faisaient peu de cas de leurs
divergences politiques et d’origine.
Finalement, la critique adressée par les cyniques à la culture ne sera pas forcément directe.
Elle procédera
de deux considérations.
L’une sera positive.
Les cyniques sont tenants d’une éthique, d’une morale de
développement de la sagesse.
Comme l’a dit Antisthène : La culture ne consiste pas forcément à lire mais à
posséder l’intelligence, qui est une chose exigeante, la plus belle couronne d’une vie, sans laquelle on est
conscient de rien.
Le premier domaine de critique des cyniques, sera donc celui de la culture individuelle, de
l’éducation, de l’échange intellectuelle, domaine dans lequel le cynique n’envisagera pas la disparition de la
culture en soi, mais tout simplement le remplacement de la culture existante.
L’autre sera négative.
Le
cynisme s’attaque directement à l’idée de culture
de groupe.
Son objet est d’universaliser une morale individuelle, de la diffuser.
Quel sens peut avoir une
critique de la culture par les cyniques ? Notre exposé se déclinera donc en deux parties : tout d’abord, un
exposé du cynisme, de ses différents courants de pensée, pour en tirer une définition négative d’un concept
de la culture (I) ; ensuite un examen de la critique portée envers la culture (II).
I.
Diversité des cynismes et tentative de définition de la culture pour et par les cyniques.
Le cynisme ne fut jamais matériellement une école philosophique à part entière, mais plutôt un courant de
pensée qui se transmit entre plusieurs individus pour lesquels la conception du maître et de son disciple,
avait peu d’importance.
Ainsi, nous parlons bien volontiers « des » cyniques, car leur savoir ne se
transmettait jamais académiquement, comme si il représentait un système cohérent et globalisateur d’une
certaine vision du monde.
On a traditionnellement distingué deux grands mouvements chez le cynisme : les
cyniques anciens et ceux de l’époque impériale.
Nous sélectionnerons dans cette partie, les doctrines de
deux philosophes, Antisthène et Diogène de Sinope, puis nous en verrons l’évolution à l’époque impériale,
pour toujours tenter de définir ce qu’aurait été la culture pour les cyniques..
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