Devoir de Philosophie

Les conséquences de l'aliénation du travail sur les loisirs de G. FRIEDMANN

Publié le 07/01/2020

Extrait du document

travail

Une réduction du temps de travail qui laisserait par ailleurs intacte l'organisation du travail pourrait bien être insuffisante. Réfléchissant sur les conditions de travail dans les usines du xx« siècle, le sociologue Georges Friedmann, montre ici comment la division du travail et l'insatisfaction dans le travail ont des conséquences sur le temps libre.

Aujourd’hui, dans les conditions réelles où ils travaillent encore de par le monde, plusieurs centaines de millions d’ouvriers et d’employés sont occupés à des tâches parcellaires, répétées à cadence rapide, n’impliquant que peu ou pas de connaissances professionnelles, d’initiative, d’engagement psychologique ou moral dans l’entreprise qui les paie. Leur temps hors du travail est menacé par une fatigue souvent plus psychique que physique qui pèse, jusqu’à la briser, sur leur capacité de se divertir et même de se réparer. Que les réactions soient agressives ou dépressives, elles écartent le travailleur des promesses d’une vie de loisir à la fois divertissante et enrichissante, orientée vers un niveau de culture plus élevé. Son rôle de consommateur standardisé des produits du système dont il est un rouage accroît son bien-être matériel mais ne fait qu’accentuer, chez lui, le déséquilibre, les tensions entre la vie de travail et l’existence hors travail. (...)

Dans l’ensemble, il apparaît que les conditions modernes du travail entraînent (...) pour beaucoup de nos contemporainsi'une oppression de la personnalité telle que les activités de non-travail constituent, de leur part, une riposte à ce défi. On pourrait également en suivant cette perspective, mieux comprendre l’énorme mouvement de retour à la nature manifesté dans les couches les plus diverses de la société (...). C’est enfin de cette manière qu’il conviendrait d’étudier certaines tendances révélées par les hobbies : réaction contre la prépondérance de la vitesse, de l’objet standardisé et tout fait, de l’organisation venue « d’en haut », du travail à la chaîne, par la recherche opiniâtre de l’achèvement dans le « bricolage » fini et minutieux, librement exécuté selon un rythme personnel.

Georges Friedmann, Le Travail en miettes, Gallimard, coll. «Idées», 1964, pp. 200-201.

travail

« venue« d'en haut», du travail à la chaîne, par la recherche opi­ niâtre de l'achèvement dans le« bricolage» fini et minutieux, librement exécuté selon un rythme personnel.

Georges FRJEDMANN, Le Travail en miettes, Gallimard, col!.

«Idées», 1964, pp.

200-201.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Le travail une fois terminé, les conséquences des condi­ tions de travail se font encore sentir sur la qualité des loisirs.

Loin de pouvoir être, par exemple, l'occasion d'un enrichis­ sement culturel, ils se limiteront à une consommation stan· dardisée, et ce, non à cause du manque de temps mais à cause des habitudes mentales prises pendant le travail (man­ que d'initiative, d'engagement, etc.).

Cependant, pour Friedmann, certaines activités de loisirs peuvent être interprétées comme la volonté de se réappro­ prier ce dont le « travail en miettes » prive le travailleur : la maîtrise du temps et celle de la fabrication de l'objet dans sa totalité.

Ces loisirs compensent et complètent un travail, qui laisse insatisfait.

Ces « hobbies >> sont par exemple la fabri­ cation de modèles réduits ou d'objets artisanaux, le brico­ lage ou la peinture.

Ils permettent l'expression de capacités créatrices, même si les œuvres ne sont que celles de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles