Les connaissances scientifiques sont-elles vraies?
Publié le 23/03/2005
Extrait du document
Ainsi se substitue à la notion de vérité, celle de puissance. Une théorie n'est plus vraie mais dite puissante lorsqu'elle permet d'expliquer un grand nombre de phénomènes ou lorsqu'elle donne l'espoir de résoudre certains problèmes. Ainsi, les connaissances scientifiques sont admises non pas parce qu'elles décrivent objectivement la réalité mais par leur capacité à décrire momentanément des phénomènes observés. Mais cette nouvelle approche des sciences pose problème : ont-elle un quelconque rapport avec la réalité (même subjective et phénoménale). En effet, toute théorie, toute démonstration, de la plus élégante à la plus puissante suppose des hypothèses ou des postulats. Car ces connaissances scientifiques que l'on qualifie trop rapidement de vraies ne peuvent pas être déduites d'elles-mêmes. L'édifice scientifique ne repose que sur des affirmations que l'on tient pour véridique. Aussi peut-on dire que les sciences sont « vraies « parce qu'on y croit... Les sciences qui passent pour vraies aux yeux du sens commun ne sont que des sciences hypothético-déductives. Le scientifique est un homme de foi, d'une foi non religieuse mais d'une foi épistémologique.
• Cadrer la problématique
Le sujet remet en question une formule courante: les « vérités scientifiques «. L'autorité des sciences ne repose-t-elle pas sur le fait qu'elles produisent « des vérités « ? Si ce critère se révèle excessif ou inadéquat, quel sera alors le statut des affirmations scientifiques ?
• « Les connaissances scientifiques «
Il faut d'abord se demander ce qu'est une « connaissance scientifique «:c'est une affirmation (ex. : la vitesse d'un corps en chute libre croît en fonction de la gravitation et du temps, soit v = gt2) formulée dans des termes adéquats, souvent accompagnée d'une formule mathématique, rattachée par une démonstration à l'ensemble du système théorique, publiée et validée par la communauté scientifique. N'est donc pas une « connaissance « n'importe quelle formule d'aspect scientifique;il faut qu'elle soit démontrée et que la validité de la démonstration soit reconnue par les experts de la discipline.
• La vérité
La question est alors de savoir si ces affirmations sont des acquis définitifs, si leur « vérité « est déterminée par leur accord avec « la réalité « ou seulement avec les principes de la théorie, elle-même susceptible de changer. Peut-on dire que le scientifique « sait la vérité « ou qu'il « croit à la vérité de ses connaissances « ? Aujourd'hui, le terme de vérité ne figure pas dans le vocabulaire des scientifiques, qui préfèrent l'idée de propositions « convaincantes «, ce qui donne la mesure du caractère relatif des propositions scientifiques.
«
Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique, puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.
Autrement dit, l'irréfutabilité n'estpas vertu mais défaut.
Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories comme le marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité desphénomènes qui se produisent dans leur domaine d'attribution, qu'aucun fait ne pourra jamais contredire. Prenons l'exemple de la psychanalyse.
N'est-ce pas une théorie qui échappe à toute épreuve qui pourrait la réfuter ? Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, au fond, pour lepsychanalyste, une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse,ne peut-elle pas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclutaucun fait de son domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de fausse science, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie. Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manière concluante.
Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience », cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation ».
Est vrai ce qui peut être falsifié. On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de la nature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découvertedes faits capables de l'infirmer.
L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établiedans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.
Les progrès se font par erreurs, par conjectures etréfutations.
On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux testsdestinés à l'invalider.
On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.
Ellepeut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation, lorsqu'un paramètre tend vers une valeurlimite.
Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton est englobée dans la théorie de la relativité généralisée de Einstein .
On peut même conjecturer que, sans être vraies, les théories nouvelles sont plus proches du vrai que celles qu'elles ont dépassées.
Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriqueset les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même. Toutefois ce n'est pas parce que certaines théories ne répondent pas à ce critère de falsifiabilité qu'il faut nécessairement les ravaler au rang de pseudo-sciences.
Il y a là une affirmation d'autant plus dogmatique quesavoir ce qu'est une science n'est pas décidable scientifiquement.
Il y a là aussi ce préjugé tenace que les sciencesphysiques sont le modèle de toute science, préjugés qui a freiné l'évolution des sciences humaines.
Voyons lacritique de la psychanalyse : elle est certes séduisante, mais elle oublie le statut particulier de cette théorie qui viseà formuler des « vérités » sur un objet qui est l'inconscient, objet qui ne fait pas sens dans le sens du discours quela conscience tient sur elle-même.
La théorie freudienne est liée à la découverte, par Freud , de son propre inconscient et de certaines dimensions qui se retrouvent dans l'inconscient de tout homme.
Comme le souligneLaplanche , « la psychanalyse personnelle est la voie royale pour accéder à quelque part de la vérité psychanalytique. » Dernière différence entre la vérité d'une opinion et la vérité d'une science, c'est que la première se formalise mal etdemeure vague.
Le vocabulaire est imprécis et même parfois inadéquate.
L'opinion pense mal, voire elle ne pensepas du tout pour plagier Bachelard car elle s'appuie sur l'affect et notre sensibilité changeante et singulière.
Lesconnaissances scientifiques sont vraies car elles s'appuient essentiellementsur la raison qui utilise alors un vocabulaire précis et rigoureux.
C'est cette rigueur et ce langage scientifique qu'il faut mettre en lumière.
Lesconnaissances scientifiques sont dites vraies à partir de leur modernité quel'on doit en grande partie à Descartes .
Les sciences à partir du XVII ème siècle sont mathématisées et reposant sur une méthode; les sciences sontprécises, universelles interdisant de revenir sur leurs découvertes et leursexplications des phénomènes de la nature.
Pendant longtemps, la mécaniqueNewtonienne est passée pour universelle grâce à un système mathématisé,logique.
Transition : Cependant, la physique de Newton a montré ses limites avec la venue de la mécanique quantique et la relativité générale d'Einstein.
Quesignifie alors cette historicité des sciences ? Quel sens y a t il à parlerd'évolution du savoir scientifique puisqu'il passait pour affirmer desvérités (terme qui semble sous-entendre une intemporalité) ? 2) Les connaissances scientifiques disent vraies si l'on part du principe que lanature est régie par des lois éternelles.
Mais est-ce vraiment le cas ? Dans lanature ne règne-t-il pas un mouvement incessant, un jeu de forces et de puissances qui se laissent mal (pour dire le moindre) enfermer dans des systèmes mathématisés ? L'erreur de l'espritscientifique est aux yeux de Nietzsche dans Le gai savoir d'avoir conceptualisé la réalité, d'avoir fixé dans des lois rigides à prétention universelle une nature qui n'est que changement et écoulement.Aussi l'approche empiriste est-elle intéressante.
En faisant de nos sens et de nos impressions la seule source de.
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