Les connaissances scientifiques sont-elles absolues ou relatives ?
Publié le 19/08/2009
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L’ensemble des connaissances scientifiques peuvent définir la vérité telle que nous la connaissons dans la mesure où la science à pour but, semble-t-il, de nous fournir des énoncés vrais sur le monde. Or l’essence du vrai est d’être en dehors du temps, ou plus exactement de ne pas être soumis aux variations quelles qu’elles soient. Ainsi une connaissance scientifique, si le qualificatif est employé à bon escient, doit correspondre à une donnée que l’on ne devrait pas pouvoir remettre en doute, ou en vain. Elle doit être sûre et certaine ; objective et féconde épistémologiquement. Pourtant, comment comprendre alors la possibilité de l’existence de révolutions scientifiques ou le débat contradictoire sur une découverte ou un énoncé considéré comme vrai, par l’exemple l’existence du vide ? Bien plus, dire que les connaissances scientifiques sont relatives, n’est-ce pas dire qu’elles n’ont aucune valeur gnoséologique ?
Si donc elles doivent être absolues (1ère partie), l’histoire des sciences nous montrent cependant leur relativité (2nd partie), une relativité que l’on pourrait qualifier d’essentielle ne remettant pas en cause pourtant la fécondité de ces dernières (3ème partie).
«
Bachelard parle de psychanalyse de la science.b) En effet, dire ou faire référence à un absolu de la connaissance scientifique serait effectivement un obstacle à lascience même dans la mesure où cette vérité serait considérée comme établie une fois pour toute c'est-à-direqu'elle constituerait une forme de dogmatisme.
Or c'est bien contre cela que Pascal dans l'opuscule de l'introduction du Traité du vide , nous parle de cet enchaînement des vérités comprises dans une histoire des sciences qui va de l'avant.
Il s'agit de ne pas se laisser enfermer dans une conception particulière et c'est bien ce que Pascal a lui-même expérimenté avec le cas du vide.
En effet, il a démontré avec succès que le vide n'existait pas contrairementà l'idée qui se répandait dans les milieux scientifiques de l'époque suivant aristotélicienne voulant que la nature aithorreur du vide.
Or Pascal ne nous dit pas qu'il s'agissait de quelque chose de faux mais plutôt qu'il s'agissait d'unevérité pour l'époque ancienne valable compte tenu des capacités scientifiques et techniques de l'époque.c) Or c'est peut-être en ce sens que la relativité de la connaissance scientifique peut s'exprimer : « Qu'est-ce doncque la vérité ? une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d'anthropomorphismes, bref, une somme derelations humaines qui ont été poétiquement et rhétoriquement haussées [et] semblent à un peuple fermes […] lesvérités sont des illusions dont a oublié qu'elles le sont, des métaphores usées ».
L'idée de l'existence d'uneconnaissance scientifique absolue nous rassure, elle nous plonge dans la fixité et nous offre un point de repère, ceque dément pourtant toute l'histoire des sciences. Or si cette idée est bien un besoin psychologique pour l'homme c'est bien parce que cette idée est métaphysique comme Nietzsche le met en exergue dans Le livre du philosophe . En effet, métaphysique signifie au-delà de la physique c'est-à-dire au-delà du monde tangible.
Autrement dit, l'idéed'une vérité et l'ajout par l'homme d'une unité de signification pour rendre compte d'un monde qui finalement n'a pasde sens.
La métaphysique est justement cette tentative pour donner ou chercher du sens voire à en créer là où iln'y en a pas.
La vérité est donc une illusion mais une illusion consolatrice.
Un mal nécessaire en somme.
Transition : Ainsi les connaissances scientifiques, comme l'histoire des sciences, ne sont pas absolues mais bien relatives.L'erreur est toujours possible.
Cependant, est-ce ruiner toute entreprise scientifique puisque si la recherchescientifique a pour but de rechercher la vérité ou du moins décrire le réel, il semble qu'elle n'arrive pas à accomplirsa tâche.
III – La relativité comme positivité a) Dans L'Image du monde dans la physique moderne , Max Planck rappelle que si les connaissances scientifiques ont abandonné l'idée d'un caractère absolu et définitif c'est parce que la recherche de l'absolu ou d'une réel vrai etsous-jacent n'est pas une question à laquelle peut répondre la science physique mais est une question philosophiqueet plus spécifiquement métaphysique.
Ainsi, le but du physicien est de conduire « à une description aussi simple quepossible du monde des sens [...] [et] à une connaissance aussi complète que possible du monde réel ».
Si lesconnaissances scientifiques ont pour objectif de définir la vérité, il n'en reste pas moins qu'elles ne dérivent qued'une image du monde à l'œuvre dans chacune des théories.
C'est en ce sens que l'on peut comprendre l'origine decertaines erreurs ou de certaines discussions entre des physiciens.
Ainsi, l'imagination scientifique et l'ensemble descroyances des scientifiques se retrouvent à l'œuvre dans leurs théories scientifiques.b) Ainsi, selon Karl Popper , dans la Logique de la découverte scientifique : u ne théorie reste toujours à la merci d'un test négatif, c'est pourquoi « toute vérité scientifique est une erreur en sursis.
[…] Je conçois les théories scientifiques comme autant d'inventions humaines – comme des filets créés par nous et destinés à capturer le monde.
Elles diffèrent, certes,des inventions des poètes, et même des inventions des techniciens.
Une théorie n'est pas seulement un instrument.Ce que nous cherchons c'est la vérité : nous testons nos théories afin d'éliminer celles qui ne sont pas vraies.
C'estainsi que nous parvenons à améliorer nos théories – même en tant qu'instruments : en créant des filets qui sont demieux en mieux adaptés à la tâche d'attraper nos poissons, à savoir le monde réel.
Ce ne sont pourtant jamais desinstruments parfaits.
Ce sont des filets rationnels créés par nous, et elles ne doivent pas être confondues avec unereprésentation complète de tous les aspects du monde réel, pas même si elles sont très réussies, ni même si ellessemblent donner d'excellentes approximations de la réalité.
Si nous gardons fermement à l'esprit que nos théoriessont notre propre création, que nous sommes faillibles, et que nos théories reflètent notre faillibilité, nous enviendrons alors à douter que les traits généraux de nos théories, leur simplicité par exemple, ou leur caractère prima facie déterministe, correspondent aux traits du monde réel ». c) C'est en ce sens alors que le progrès de l'esprit scientifique doit toujours aller en se réformant, en sequestionnant, en se remettant en cause, ce qui n'est rien de moins que utiliser une méthode sceptique afin de nepas verser dans le dogmatisme.
Or c'est ainsi que s'explique les révolution scientifiques comme le montre Kuhn dans la Structure des révolutions scientifiques (chapitre VIII).
En effet, si génétiquement la comparaison est possible entre la politique et la science c'est que les révolutions politiques, qui sont des changements d'ordre, « visent àchanger les institutions par des procédés que ces institutions elles-mêmes interdisent ».
Ainsi, un changementd'ordre s'explique par la présence d'anomalies dans l'ordre précédent.
Pour que ce changement ait lieu, cela exigedonc l'abandon partiel d'un ensemble d'institutions politiques en faveur d'un autre.
Le changement s'explique doncpar la crise, et cette crise ne pourra que l'amplifier tant que le paradigme ne sera pas renouvelé.
Conclusion : Les connaissances scientifiques ne sont pas absolues mais relatives dans la mesure où le réel qu'elles.
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