Les connaissances scientifiques peuvent-elles être à la fois relatives et vraies ?
Publié le 27/02/2011
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ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION • Essayer de saisir pourquoi l'on peut être amené à affirmer que les connaissances scientifiques sont à la fois relatives et vraies. — Peut-on concevoir le progrès des connaissances scientifiques comme un développement continu du savoir par complexification croissante, par adjonctions ?
Mais ne serait-ce pas un refus de prendre en compte l'histoire réelle des sciences dans leurs révolutions théoriques ? Bachelard soutient longuement dans ses livres sur la physique et la chimie l'idée qu'il y a dans l'histoire des sciences des « sauts «, des « bonds «, des « failles «, « des ruptures «. Autrement dit il n'y aurait pas progression par accumulation simple et élargie (cf. la révolution théorique opérée par Einstein, par exemple, en physique). • Peut-on concevoir ce progrès non comme une accumulation, mais comme un développement à partir de principes intangibles, comme déploiement dans le temps de virtualités que le travail des scientifiques accomplirait?
«
progrès scientifique c'est l'histoire de contradictions surmontées, une histoire de révolutions théoriques s'enchaînantles unes les autres et telles que l'on rende compte de façon de plus en plus précise d'un nombre grandissant dephénomènes.
• Bien voir que ce qui est en jeu dans le sujet précis posé c'est de savoir « s'il y a contradiction à dire que lesconnaissances scientifiques sont à la fois relatives et vraies »?
• La réponse à la question ne dépendrait-elle pas, en dernière analyse, de l'appréhension que l'on peut se faire de «la vérité » ?
• Méditer à ce sujet le texte suivant de Engels extrait de Ludwig Feuerbach :
« Par là, on avait repris le côté révolutionnaire de la philosophie de Hegel, et on l'avait débarrassée, du même coup,de ses chamarrures idéalistes qui, chez Hegel, en avaient empêché l'application conséquente.
La grande idéefondamentale selon laquelle le monde ne doit pas être considéré comme un complexe de choses achevées, maiscomme un complexe de processus — où les choses, en apparence stables, tout autant que leurs reflets intellectuelsdans notre cerveau, les concepts passent par un changement ininterrompu de devenir et de périr où, finalement,malgré tous les hasards apparents et tous les retours momentanés en arrière, un développement progressif finit parse faire jour — cette grande idée fondamentale a, surtout depuis Hegel, pénétré si profondément dans la consciencecourante qu'elle ne trouve sous cette forme générale presque plus de contradiction.
Mais la reconnaître en paroleset l'appliquer, dans la réalité, en détail, à chaque domaine soumis à l'investigation, sont deux choses différentes.
Or,si l'on part constamment de ce point de vue dans la recherche, on cesse une fois pour toutes de demander dessolutions définitives et des vérités éternelles; on a toujours conscience du caractère nécessairement borné de touteconnaissance acquise, de sa dépendance à l'égard des conditions dans lesquelles elle a été acquise; on ne s'enlaisse plus imposer non plus par les oppositions irréductibles pour la vieille métaphysique qui a toujours cours, du vraiet du faux, du bien et du mal, de l'identique et du différent, du nécessaire et du contingent; on sait que cesoppositions n'ont qu'une valeur relative, que ce qui est maintenant reconnu comme vrai a son côté faux caché quiapparaîtra plus tard, tout comme ce qui est actuellement reconnu comme faux a son côté vrai grâce auquel il a puprécédemment être considéré comme vrai ; que ce que l'on affirme nécessaire est composé de purs hasards et quele prétendu hasard est la forme sous laquelle se cache la nécessité — et ainsi de suite.
»
• Introduction.
— Un certain obscurantisme invoque souvent la mobilité des théories scientifiques pour disqualifier l'idée même descience et celle de vérité objective qui lui est liée.
— Le nerf d'une telle argumentation consiste en fait à opérer une confusion entre le domaine de la science et celuide l'opinion.
— Une telle confusion semble facilitée par le paradoxe apparent qu'offre l'histoire des sciences : les théories sontvraies et reconnues comme telles, mais l'évolution de la recherche les relativise.
— Y a-t-il, dès lors, un malentendu dans la représentation commune que l'on se fait de l'idée de vérité? Vrai etrelatif sont-ils des attributs contradictoires? => formulation du sujet.
• Première partie : analyse du sujet.
— La formulation de l'énoncé appelle une réflexion centrée sur trois termes : connaissances scientifiques, vérité,relativité.
Le problème apparaît en fait dans l'histoire des sciences, qui est le lieu d'une succession qu'il fautexpliquer.
Qu'une même théorie puisse être relativisée sans cesser d'être vraie heurte une certaine logique, quiassimile implicitement vrai et absolu, vrai ex définitif.
Il faut donc penser — ou essayer de le faire — les modalitésselon lesquelles une connaissance peut être saisie tout à la fois comme vraie et comme relative.
— Notion de relativité.
Celle-ci suppose un domaine ou un point de vue qui permette de juger ce qui est relatif.
Lanotion implique en effet une relation à un point de repère, à une norme.
Ici, précisément, on pourra se demander siles connaissances sont relatives sous tous les angles.
Variation des points de vue :
Relatives au sujet humain qui produit la science (perception, cadres mentaux, etc.).
Relatives en elles-mêmes, c'est-à-dire opposables à d'autres points de vue qui les contredisent ou en diffèrent..
»
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