Les concepts de la pensée de Schopenhauer
Publié le 23/03/2015
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Car si toute cause est elle-même l'effet d'un changement précédent, qu'elle requiert pour se produire, l'expression de cause première, par laquelle les théologiens et de nombreux philosophes ont voulu désigner Dieu, est une contradiction dans les termes.
Cette occasion lui est fournie par des changements de l'état du monde, autrement dit par des causes.
Schopenhauer distingue trois genres de causes : les causes au sens étroit du terme, les excitations et les motifs (qui se subdivisent eux-mêmes en motifs sensibles et en motifs abstraits).
Faut-il conclure de l'incommensurabilité toujours croissante de l'excitation et de son effet que la nécessité imposée par la liaison causale soit atténuée dès que l'on passe
Le troisième genre de causes, le motif est une cause agissant par l'intermédiaire d'un intellect qui se présente matériellement sous la forme d'un système nerveux et d'un cerveau.
D'une part, en établissant l'équivalence du vouloir et du faire3, Schopenhauer a montré que ce que chacun perçoit de l'extérieur, ou objectivement, comme mouvement de son corps lui est également et simultanément connu comme acte de sa volonté.
L'organisation et la morphologie d'un corps est l'expression de la volonté, ou du caractère, qui le constitue.
On comprend par là l'importance du double accès, extérieur et intérieur, que nous avons à notre corps.
Il nous permet de déterminer par analogie l'être intime des autres corps.
S'ils ne sont d'abord connus qu'à titre d'objets, ou de représentations, dans notre champ perceptif, une comparaison de ces corps avec le nôtre ne peut manquer de nous convaincre qu'ils sont aussi, en eux-mêmes ou en soi, volonté.
Génie : Schopenhauer le définit comme une aptitude prépondérante à la contemplation des Idées.
I. Voir le commentaire du texte sur la musique.
correspond à la signification latine du mot objet.
De la Volonté dans a /rature, p. 99
d'une cause ou le moyen d'une fin --- bref, lorsqu'on les dépouille de tout ce qu'ils présentent de relatif, d'accidentel ou d'extrinsèque.
Cette aptitude prépondérante du génie à la contemplation des Idées exige un développement considérable de l'intellect, «développement supérieur aux besoins du service de la volonté, pour lequel cette faculté est née à l'origine«.
Aussi la génialité relève-t-elle d'un «dévoiement« de l'intellect, qui abandonne, d'une façon exceptionnellement durable et courante chez le génie, son rôle de réservoir de motifs pour la volonté et devient ainsi l'instrument d'une connaissance désintéressée du monde.
Ce dévoiement, ou cette infidélité de l'intellect à sa destination naturelle, autorise Schopenhauer à faire du génie un «monstre par excès2«.
C'est au monde seul qu'elle a affaire et c'est par la connaissance de son essence, c'est-à-dire de la volonté, qu'elle entend déchiffrer le sens de notre existence.
Celle-ci ne peut être, aux yeux d'un philosophe attentif au caractère infernal de la volonté, que l'expiation et le châtiment du péché d'être né.
Raison : elle est ce qui différencie l'homme de l'animal et elle se manifeste tout d'abord par l'allure particulière qu'elle donne aux actions humaines.
L'animal est déterminé à agir par des objets qu'il perçoit actuellement, par des représentations sensibles en relation avec le présent et la réalité immédiate.
L'homme agit en tenant compte de l'avenir et du passé, et il montre par là qu'il peut se libérer de l'influence de l'impression du moment.
S'il lui arrive de céder à celle-ci, il déclare déraisonnable l'action qui résulte de son manque de sang-froid.
La raison constitue donc la suprématie de la conscience humaine comparée à celle des autres animaux.
Grâce à elle, l'homme pense et sait, de sorte qu'il peut «embrasser l'ensemble de sa vie sous toutes ses faces4«.
La raison est ainsi la source de toute prudence et elle offre à l'homme, lorsqu'il doit délibérer, un éventail de motifs inconnus de l'animal.
Les saveurs, les odeurs, la lumière, les sons, l'espace et le temps qui composent le monde comme représentation n'ont pas d'existence indépendante et pas plus de consistance que le décor immuable d'un rêve régulier.

«
56 Schopenhauer ou l'épreuve de la volonté
là, écrit Schopenhauer, ressent encore tous les désirs de la volonté, en tant
qu'il est un corps animé, et une manifestation concrète du vouloir ; mais
il
les foule aux pieds, il se contraint à ne rien faire de ce qui lui plairait à faire,
et à faire tout ce qui lui déplaît, n'y eût-il à attendre que ce seul résultat, de
contribuer à la mortification de la volonté
1
• » On comprendra donc que
l'ascète pratique en outre le jeûne et qu'il accueille avec joie les offenses qui
lui sont faites.
Car il trouve en ces circonstances l'occasion de se donner la
preuve qu'il s'est dégagé de l'oppression humiliante de la volonté.
Bon : ce mot « désigne l'accord d'un objet avec une tendance déterminée
quelconque de la volonté 2 ».
De sorte que tout objet qui permet à la volonté
d'atteindre son but peut être qualifié de bon.
Le concept de
bon a donc une
valeur essentiellement
relative.
Parler de bonne nourriture, de bonne route,
de bon présage, c'est toujours envisager les objets qualifiés de la sorte
comme autant de moyens au service d'une fin qui les dépasse : la santé,
l'agrément, le bonheur.
En outre, la fin visée par un homme peut être
redoutée par un autre.
L'homme qui veut préserver sa santé déclarera
mauvais l'alcool qu'un bon vivant jugera bon.
Ce qui est nuisible aux yeux
du premier peut donc être tout
le contraire pour l'autre.
On comprend dès lors que la notion de bien absolu soit contradictoire
pour Schopenhauer.
Il en va de même du
souverain bien par lequel serait
désignée la satisfaction ultime et indestructible de la volonté, qui, nous le
savons, est insatiable.
Si l'on tient toutefois à conserver ces expressions
classiques en philosophie, Schopenhauer admet qu'on désigne par souverain
bien la cessation totale du vouloir et le néant véritable de tout désir, où se
trouve la seule satisfaction qui ne risque pas de décevoir ou de passer.
Caractère :
« Toute chose, dans le monde, a ses qualités et ses forces, qui à
chaque sollicitation d'une espèce déterminée répondent par une réaction
déterminée aussi ; ces qualités constituent son caractère3.
» Ce caractère
qualifie en particulier la volonté de tout homme, qui est doté, dès sa
naissance et une fois pour toutes, d'une sensibilité propre.
Aussi le caractère
donne+il à chaque vie humaine une unité de style tardivement reconnue
mais bien réelle.
Tardivement reconnue, en effet, car c'est par l'expérience
seule que nous apprenons
à nous connaître nous-même.
Or, l'expérience ne
nous livre en guise d'informations sur notre propre compte que des compor
tements.
Et il arrive que ceux-ci
diffèrent en des circonstances que seule
distingue leur situation en des temps divers de la vie.
Faut-il en conclure
1.
M., p.
480.
2.
Ibid., p.
453.
3.
Ibid., p.
365..
»
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