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Les circonstances de la vie conditionnent-elles la liberté ?

Publié le 11/09/2014

Extrait du document

Me voilà tuberculeux par exemple. Ici apparaît la malédiction (et la gran­deur). Cette maladie, qui m'infecte, m'affaiblit, me change, limite brusque­ment mes possibilités et mes horizons. J'étais acteur ou sportif : [...] je ne puis plus l'être. Ainsi négativement je suis déchargé de toute responsabilité

5 touchant ces possibilités que le cours du monde vient de m'ôter. C'est ce que le langage populaire nomme être diminué. Et ce mot semble recouvrir une image correcte : j'étais un bouquet de possibilités, on ôte quelques fleurs, le bouquet reste dans le vase, diminué, réduit à quelques éléments.

Mais en réalité il n'en est rien : cette image est mécanique. La situation

lo nouvelle quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans un dépassement. Il est vrai de dire qu'on m'ôte ces possibilités mais il est aussi vrai de dire que j'y renonce ou que je m'y cramponne ou que je ne veux pas voir qu'elles me sont ôtées ou que je me soumets à un régime systématique pour les reconquérir. En un mot ces possibilités sont non pas

15 supprimées mais remplacées par un choix d'attitudes possibles envers la dis­parition de ces possibilités.

SARTRE

QUESTIONS

1. Dégagez l'idée centrale du texte et les étapes de l'argumentation.

2. Expliquer :

a.  « ici apparaît la malédiction (et la grandeur) « ;

b.  « cette image est mécanique « ;

c.  « la situation nouvelle quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans un dépassement «.

 

3. Les circonstances de la vie conditionnent-elles la liberté ? Développez et argumentez votre réponse.

b. « la situation nouvelle, quoique venue du dehors doit être vécue, c'est-à-dire assumée, dans un dépassement «

 

Ce changement de situation, apporté par la maladie, est venu de l'extérieur. Mais je ne dois pas le vivre extérieurement. Je dois au contraire l'accepter en toute conscience, accepter de le prendre en charge. C'est ainsi que je continuerai à vivre libre et responsable, conscient que « ces possibilités sont non pas supprimées mais rempla­cées par un choix d'attitudes possibles envers la disparition de ces pos­sibilités «. Je suis ce que je choisis de me faire.

« • horizon: du grec horizein, «borner»; limite circulaire de la vue, pour un observateur qui en est le centre.

• responsabilité, responsable : répondre de, être digne de, appelé à répondre de ses actes ou d'un fait, aussi bien au sens juridique que moral.

• être diminué: du latin diminuere, «mettre en morceaux, briser», et de minus,« petit»; être amoindri, réduit, affaibli.

• situation: position par rapport à un entourage, un milieu.

•assumer: prendre à son compte; accepter consciemment (une situation, un état psychique et leurs conséquences) ; assumer pleinement sa condition.

•s'assumer: s'accepter, se prendre en charge.

• dépassement, dépasser: laisser en arrière, derrière soi, devancer ; aller au-delà de certaines limites, excéder, outrepasser.

•se dépasser: s'efforcer de sortir de soi-même, d'aller vers une trans­ cendance.

• Idée directrice L'homme choisit sa vie : il est projet.

Quelles que soient les circons­ tances de la vie, l'homme doit assumer sa liberté: il est toujours ce qu'il se fait.

Personne d'autre que lui n'est responsable de ce qu'il est.

• Structure du texte Deux parties qui correspondent aux deux paragraphes que l'on pourrait intituler «malédiction» pour le premier et «grandeur» pour le second : •Dans le premier paragraphe, Sartre montre qu'il peut arriver qu'un événement, une maladie par exemple, transforme le cours de la vie, et limite les perspectives.

Il énonce la définition commune d'« être diminué», qui sous-entend avoir moins de possibilités, donc moins de liberté, moins de responsabilité.

• Dans le second paragraphe, il dénonce cette vision négative.

Être diminué ne diminue en rien ni ma liberté, ni ma responsabilité.

Le choix m'appartient toujours de me faire obstiné, velléitaire, ou aveugle.

La grandeur et la malédiction de l'homme sont son entière liberté qui le rend complètement responsable.

CORRIGÉ QUESTION 1 •L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il fait.

L'essence de l'homme n'est pas un donné, mais l'homme se construit jour après jour, lui­ même.

Il se réalise, comme le dit Sartre.

L'homme est de ce fait entiè­ rement responsable de ce qu'il est.. »

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