Les choses sont-elles simplement d'importuns obstacles qui s'interposent entre les hommes, engen¬drant rivalités, incompréhension, conflits ?
Publié le 14/08/2014
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Cl La réification des activités humaines.
1/ L'homme transformé en marchandise, son travail est une chose qui a un coût , qu'on peut comparer par exemple au coût d'achat et d'entretien d'une mach ine qui effectuerait sa tâche à sa place .
2/ La transformation des activités humaines en simples choses marchandes .
III ...
et peut-on alors rêver d'un monde de rencontres et
d'échanges immédiats?
Al Qu'auraient à se dire, qu'auraient à échanger deux purs esprits venant à se
rencontrer ?
1/ La philosophie est hantée par le rêve de relations qui ne devra ient rien à l'intérêt, voire au désir.
2/ Pourtant, sans la médiation d'un monde de choses, comment éviter que les relations ne sombrent dans la fusion ? Comment distinguer entre elles ces relations et comment distinguer entre eux ces purs espri ts? • Ne sont-ils pas réduits à n'être que des miroirs se renvoyant les uns aux autres leur propre narcissisme ?
3/ Le corps à corps amoureux , pas plus que la communication de purs esprits, ne peut se suff ire à lui même et, coupé de tout échanqe social et culturel, sombre vite dans l'ennui ou le huis clos infernal.
• Cf.
par exemple la fin de Belle au Seigneur, d'Albert Cohen.
B/ L'échange ne se réduit pas à son utilité économique.
1/ Dans les sociétés « primitives », l'échange peut porter sur des choses rigoureusement identiques: ainsi deux tribus qui parcourent de nomb reux kilomètres pour échanger des troupeaux de chèvres appa remment identiques.
(Marcel Mauss) • Comment mieux signifier que la fonction économique de l'échange n'épuise pas sa signification, puisque l'échange peut s'en dégager entièrement, et qu'on peut échanger des choses qu'aucune raison économique n'oblige à échanger ?
2/ Le « potlatch » peut même prendre la forme d'une destruction pure et simple des biens (par exemple , la récolte d'une tribu) en présence d'une tribu rivale.
(Marcel Mauss) • Non seulement l'échange ne se réduit pas à la nécessité économique, mais il peut clairement s'opposer à tout intérêt économique.
Ex.
: la tribu qui détruit sa récolte la sacrifie pour acquérir du prestige.
31 Les choses peuvent devenir des signes, s'emplir de sens, du fait qu'elles sont offertes par des hommes à d 'aut res hommes .
Cl La relation à l'autre ne gagne-t-elle pas en profondeur en s'adressant à lui dans
toutes ses dimensions, y compris celles du besoin et du corps ?
1/ La véritable amitié inclut l'utilité et le besoin , sans s'y subordonner.
• • N'est ami ni celui qui cherche toujours l'utile, ni celui qui 1amais ne le joint à l'amitié : car le premier, avec le bienfait, fait trafic de ce qui se donne en échange; l'autre coupe le bon espoir pour l'avenir.
» (Ëpicure)
2/ Le véritable respect vis-à-vis d'autrui ne suppose pas la suspension de toute relation sociale.
Ce n'est pas dans une relation coupée de tout enjeu économique qu'il est difficile de pratiquer le respect, mais dans la vie réelle .
En conclusion Les choses nous semblent moins« nobles» que les personnes .
Ne sont
elles réellement qu'un obstacle à la compréhension entre les hommes ? Saint Augustin disait
que l'âme s'égarait en se dispersant dans les choses, et Marx dit que le communisme procla
mera la «déchéance de la catégorie de l'avoir», les choses ne cessant de diviser les hommes qu'en
cessant d 'être possédées.
Mais notre essence d'hommes ne fait-elle pas de nous solidairement
des êtres de besoins et de désirs? Dès lors, comment la relation à l'autre pourrait-elle faire abs
tract ion du monde des choses? Si l'activité humaine centrée sur le monde des choses les rabais
se au rang de marchandises, l'introduction des choses dans le champ des relations humaines ne
les élèv e-t-elle pas au rang de signes ? • •
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