LES CARACTÈRES SPÉCIFIQUES DU LANGAGE
Publié le 21/02/2012
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La distinction spécifique entre le langage humain et les autres systèmes de communication semble se situer au niveau de la « double articulation du langage«, selon l'expression de MARTINET. Ainsi le langage humain constitue un système de signes articulés à un double niveau. En premier lieu, l'articulation du langage se fait en unités simples dotées de sens. Mais on peut aller plus loin et décomposer les unités précédentes en unités de son dépourvues de sens. La plus petite unité signifiante s'appelle un« monème« ; dans le mot« donnez«, il y a deux monèmes, celui qui correspond au radical « don « et celui qui correspond au suffixe « ez«. Les plus petites unités sonores correspondant à la seconde articulation, sont les « phonèmes «....

«
Quelques milliers d'unites, comme « tete », « mal », « ai », « la », largement
combinables, nous permettent de communiquer plus de choses que ne pour-
raient le faire des millions de cris inarticules differents.
(...) Chacune de ces
unites de premiere articulation presente, nous l'avons vu, un sens et une
forme vocale (ou phonique).
Elle ne saurait etre analyse() en unites succes-
sives plus petites douses de sens : l'ensemble tete vent dire « tete » et l'on
ne pent attribuer a -te- et a -te- des sens distincts dont la somme serait
equivalente a« tete».
Mais la forme vocale est, elle, analysable, en une succes-
sion d'unites dont chacune contribue a distinguer « tete », par exemple,
d'autres unites commecc bete»,« tante», on« terre».
C'est ce qu'on designera
comma la deuxieme articulation du langage.
Dans le cas de« tete », ces unites
sont au nombre de trois; nous pouvons les representer au moyen des lettres
t et t, placees par convention entre barres obliques, done /tet /.
On apercoit
ce que represente d'economie cette seconde articulation : si nous devions
faire correspondre a chaque unite significative minima une production vocale specifique et inanalysable, it nous faudrait en distinguer des milliers,
ce qui serait incompatible avec les latitudes articulatoires et la sensibilite
auditive de l'etre humain.
Grace a la seconde articulation, les langues peu-
vent se contenter de quelques dizaines de productions phoniques distinctes
que l'on combine pour obtenir la forme vocale des unites de premiere arti-
culation : c tete », par exemple, utilise a deux reprises l'unite phonique
que nous representons an moyen de /t/ avec insertion entre ces deux /t
d'une autre unite que nous notons /.
Andre MARTINET, Elements de linguistique generale, Librairie Armand Colin, Paris, 1968.
SUJETS DE REFLEXION
11 Pourquoi le « cri » n'est-il pas un signe linguistique?
2 / Analyser les caractgres de la plus petite unite signifiante.
3 / Quels sont les avantages de la seconde articulation du langage?
4 / Le langage, dans ce qu'il a de specifique, peut-il se contenter de la premiere
articulation? Pourquoi?
Dans le texte suivant, BENVENISTE attire ('attention sur un trait essen-
tiel du langage humain, la fonction symbolique.
Le langage exprime et vehicule des concepts, c'est-it-dire des idees abs-
traites et generates.
A ce propos se pose le probleme de l'adequation de
la pensee et du langage.
C'est ainsi que, salon BERGSON, le langage mutile la pensee en la sclero-
sant, en la cristallisant; it ne respecterait pas les nuances que nous voudrions
exprimer.
Le concept lui-meme serait le produit artificiel de Pintelligence
Quelques milliers d'unités, comme« tête», « mal», « ai», «la », largement
combinables, nous permettent de communiquer plus de choses que ne pour·
raient le faire des millions de cris inarticulés différents.
( ...
) Chacune de ces
unités de première articulation présente, nous l'avons vu, un sens et une
forme vocale (ou phonique).
Elle ne saurait être analysée en unités sucees·
sives
plus petites douées de sens : l'ensemble tête veut dire« tête» et l'on .
no peut attribuer à -tê· et à -te• des sens distincts dont la somme serait
équivalente à« tête».
Mais la forme vocale est, elle, analysable, en une succes
sion
d'unités dont chacune contribue à distinguer « tête », par exemple,
d'autres unités comme« bête»,« tante», ou« terre».
C'est ce qu'on désignera
comme la deuxi~me articulation du langage.
Dans le cas de« tête>>, ces unités
sont au nombre de trois; nous pouvons les représenter au moyen des lettres
t et t, placées par convention entre barres obliques, donc /tet j.
On aperçoit
ce quo représente d'économie cette seconde articulation : si nous devions
faire correspondre à chaque
unité significative minima une production
vocale spécifique et inanalysable, il nous faudrait en distinguer des milliers,
ce
qui serait incompatible avec les latitudes articulatoires et la sensibilité
auditive de
l'être humain.
Grâce à la seconde articulation, los langues peu·
vent se contenter de quelques dizaines de productions phoniques distinctes
que l'on combine pour obtenir la forme vocale des unités de première arti
culation : « tête », par exemple, utilise à deux reprises l'unité phonique
que nous représentons au moyen de /t/ avec insertion entre ces deux ft/
d'une autre unité que nous notons je j.
André MARTINET, Él~ments de linguistique g~n~rale, Librairie Armand Colin, Paris, 1968.
SUJETS DE RÉFLEXION
1/ Pourquoi le« cri» n'est-il pas un signe linguistique?
2/ Analyser les caract~res de la plus petite unit~ signifiante.
3/ Quels sont les avantages de la seconde articulation du langage?
4/ Le langage, dans ce qu'il a de sp~ciftque, peut-il se contenter de la premi~re
articulation? Pourquoi?
Dans le texte suivant, BENVENISTE attire l'attention sur un trait essen tiel du langage hum11in, la fonction symbolique.
Le langage exprime et véhicule des concepts, c'est-à-dire des idées abs traites tit générales.
A ce· propos se pose le problème de l'adéquation de la pensée et du langage.
.
C'est ainsi que, selon BERGSON, le langage mutile la pensée en la scléro· sant, en la cd.stallisant; il ne respecterait pas les nuances que nous voudrions
exprimer.
Le concept lui-même serait le produit artificiel de l'intelligence.
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