Les Bords de la Marne de Cézanne (peinture)

« Cézanne nous offre ici un paysage lisse, dénué de toute vibration, comme coupé de son atmosphère.

Le grandpeintre va bien au-delà de l'aspect fugace de l'environnement, il s'intéresse à l'essentiel. Cette représentation des bords de la Marne est considérée comme l'aboutissement de toute une série de recherchessur le statique et le dynamique, sur les rapports de l'eau et de la terre.

Dans ce chef-d'oeuvre, tout est purifié.

Rienne bouge, tout est concentré.

La Marne se recueille sur le reflet des chokes et l'on croit entendre le silence. L'ÉPOQUEC'est vraisemblablement au début de l'année 1888 que Cézanne a peint cette toile.

Installé chez Renoir et chezPissarro, il cherche sur les bords de la Marne des sources d'inspiration.

Mais, concentré sur ses recherches, l'artistecoupe de plus en plus les ponts avec ses amis.

Quelques années plus tard, il finira par s'installer définitivement à -Aix-en-Provence, où, très jaloux de sa solitude, il supporte mal la moindre visite. L'OEUVRECézanne nous emporte dans un vertige de lignes.

Celles qui dessinent la berge semblent se rapprocher en filant versle fond du tableau.

En fait, elles sont exactement parallèles.

Plus loin, l'angle qu'elles forment en passant sous lepont est également une illusion.

L'ensemble est parfaitement horizontal.

Les couleurs, juxtaposées par touchescompactes, restent dans les même teintes, donnant une impression de monochromie.

Paul CÉZANNE 1839-1906• Les Bords de la Marne; Pont sur la Marne à Créteil; Pont à Puteaux, Pont à Créteil; Ile-de-F rance, pont sur laMarne; Pont sur la Marne à Créteil• Huile sur toile 71 cm x 90 cm• Peint en 1888• Localisation : Moscou, musée Pouchkine LA CRITIQUEBien que reconnu par ses amis impressionnistes, Cézanne est toujours ignoré par la critique.

En 1888, Huysmans sedécide enfin à parler de lui.

Mais il le fait en des termes ambigus, évoquant «un artiste aux rétines malades qui dansl'aperception exagérée de sa vue offre les germes d'un nouvel art». L'HISTOIRECette toile figura dans la collection d'Auguste Pellerin, puis dans celle de Vollard (1910 environ).

Acquise parMorosoff en 1918, elle devint bien national après la Révolution russe, comme des milliers d'autres toiles, quiformèrent le musée Pouchkine, à Moscou, et le musée de l'Ermitage, à Saint-Petersbourg.. »