L'erreur peut-elle jouer un rôle dans la connaissance scientifique ?
Publié le 02/09/2004
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Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification: le monde scientifique est donc notre vérification. Au-dessus du sujet, au delà de l'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet. Dans la pensée scientifique la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet. [...] Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure. Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments... Or les instruments ne sont que des théories matérialisées. Il en sort des phénomènes qui portent de toute part la marque théorique.
- I) L'erreur peut jouer un rôle fécon dans la connaissance scientifique.
a) L'erreur de Colomb ! b) Errer, c'est chercher la vérité. c) L'erreur comme processus épistémologique.
- II) L'erreur ne joue aucun rôle dans la connaisssance scientifique.
a) L'erreur freine le progrès des sciences. b) La notion d'obstacle épistémologique. c) L'erreur comme errance !
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Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous-mêmes c'est du côté du pittoresque, dupouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance; le mondeserait notre représentation.
Par contre si nous étions livrés tout entiersà la société, c'est du côté du général, de l'utile, du convenu que nouschercherions la connaissance; le monde serait notre convention.
En faitla vérité scientifique est une prédiction, mieux une prédication.
Nousappelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvellescientifique, en transmettant du même coup une pensée et uneexpérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification: lemonde scientifique est donc notre vérification.
Au-dessus du sujet, audelà de l'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet.
Dansla pensée scientifique la méditation de l'objet par le sujet prendtoujours la forme du projet.
[...] Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions quiconduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins lapremière vision de sorte que ce n'est jamais la première observation quiest la bonne.
L'observation scientifique est toujours une observationpolémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure.
Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation,le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore.Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans lemoule des instruments...
Or les instruments ne sont que des théories matérialisées.
Il en sort des phénomènesqui portent de toute part la marque théorique..
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Gaston BACHELARD
Bachelard a contribué à donner à l'épistémologie française ses lettres de noblesse, en particulier en déclarant dès les premières pages de « La formation de l'esprit scientifique » (1938) : « C'est en terme d'obstacle qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. »
Bachelard s ‘est battu contre deux idées fausses portant sur les sciences, répandues dans le public.
D'une part, celle qui veut que le savant arrive pour ainsi dire l'esprit « vierge » devant les phénomènes à étudier, d'autre part celle qui voit le développement des sciences comme une simple accumulation de connaissance, un progrès linéaire.
En affirmant cette citation, il souhaite montrer les difficultés inhérentes à l'acte même de connaître. Les obstacles à une connaissance scientifique ne viennent pas d'abord de la complexité des phénomènes àétudier, mais des préjugés, des habitude de savoir, des héritages non interrogés.
« Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune.
Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés.
»
La première bataille à livrer pour accéder à la connaissance scientifique est donc une bataille contre soi-même, contre le sens commun auquel le savant adhère spontanément.
C'est une bataille contre l'opinion :« L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit des besoins en connaissance.
» Ainsi les travaux de Bachelard peuvent-ils être compris comme une « psychanalyse de la connaissance ».
Mais il va plus loin : « En fait on connaît toujours contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même fait obstacle à la spiritualisation. »
Non seulement nous avons à nous défendre des préjugés communs, mais aussi des connaissances scientifiques antérieures.
Bachelard a su se rendre très attentif aux périodes de crise et de révolution scientifique, celles où l'on passe d'une théorie à une autre, d'un système à un autre, d'une méthode à uneautre.
Si « La Formation de l'esprit scientifique » est consacrée aux obstacles premiers et naturels de la connaissance scientifique, « Le Nouvel Esprit Scientifique » s'interroge sur les révolutions scientifiques contemporaines.
La relativité Einstein ienne, la naissance de la mécanique ondulatoire, l'émergence des mathématiques axiomatiques sont le résultats d'efforts pour penser « contre une connaissance antérieure », mais cette dernière prend alors moins l'aspect de nos préjugés naturels que de notre héritage scientifique,qu'il faut reconsidérer et réformer.
Or, en prenant un exemple peu Bachelard ien, on aimerait illustrer le propos de l'auteur : « Il y a rupture et non pas continuité entre l'observation et l'expérimentation. » En effet, si la science moderne prend naissance avec l'apparition de l'expérimentation, la croyance en l'observation, en l'expérience première et enses prétendus faits est l'obstacle premier et majeur à la connaissance rationnelle.
L'exemple le plus célèbre et le plus célébré reste le dispositif expérimental par lequel Galiléé , à l'aube du XVII ième, parvint à établir correctement la loi de la chute des corps.
Pour étudier cette chute des corps,Galilée ne se fie pas à l'observation commune, mais construit un dispositif, sélectionne les paramètres décisifs pour la loi qu'il veut établir, et invente le moyen de mesurer leurs variations réciproques.
Il s'agit simplement.
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