LEQUEL DU DESIR OU DE LA VOLONTE REND MIEUX COMPTE DE L'HOMME COMME ETRE RATIONNEL ?
Publié le 27/12/2012
Extrait du document
«
→ Selon Aristote il est en notre pouvoir d'être vertueux ou vicieux.
C'est volontairement qu'on est
bons ou justes, mesurés et volontairement qu'on est méchants, injustes, intempérants.
La volonté
devient la seule mesure de la moralité.
Et s'il arrive à un ivrogne de tuer il ne saurait plus faire
valoir qu'il l'a fait volontairement.
Il est selon Aristote doublement condamnable : et pour le crime
lui même, et pour le fait qu'il était maître de ne pas s'enivrer → La volonté en vient donc à désigner
la faculté de maîtrise de sois toujours postulée chez l'être humain
→ De même que nul n'est censé ignorer la loi, de même nul ne peut plus prétexter l'innocence d'un
acte involontaire.
La volonté fonde la responsabilité des hommes qui à son tour définit la liberté au
sens humain et moral du terme.
→ La liberté fondée sur la volonté est totale : l'homme est tenu pour responsable même de ses actes
involontaires : il aurait pu, il aurait dû, agir autrement comme l'ivrogne aurait dû et pu ne pas boire.
→ Le sens de l'opposition de la volonté et du désir est donc bien moral : la volonté rend les hommes
maîtres d'eux en toute circonstance, en leur faisant refrénés leur désir, et en inhibant leurs tendances
naturelles à agir impulsivement, sans considération du bien et du mal.
→ C'est au point que la volonté ne désigne plus à la limite qu'une réaction au désir, un anti-désir.
→ La possibilité de la morale repose d'ailleurs chez Descartes sur le contre pouvoir de la volonté
que tout homme peut opposer à la puissance du désir.
En fondant la moralité sur la volonté, c'est la
moralité humaine elle-même que l'on peut qualifier de réactive → l'homme en devenant moral et en
croyant au pouvoir de la volonté, pense régler son compte au désir.
En fait il ne fait que régler ses
comptes avec lui.
II.
Le désir est l'essence même de l'homme
→ Comme on a pu le remarquer au début, la volonté et le désir sont originairement deux espèces
d'une unique tendance à désirer, que l'homme partage avec l'ensemble des êtres vivant, CAD tendre
vers les choses qui nous paraissent bonnes et à les rechercher.
→ Or les analyses successives d'Aristote, des Stoïciens, de Descartes entre autre, ont eu pour
résultat d'oublier cette origine commune au point de dresser l'un contre l'autre, la volonté et le désir.
→ La moralité ainsi fondée sur la volonté en vient donc à exiger que l'homme veuille contre son
désir.
→ C'est Kant qui ira le plus loin en ce sens : l'action morale est le fait de la volonté, CAD d'une
décision d'agir sur le seul commandement de la raison.
L'homme qui agit ainsi selon sa volonté est
alors pleinement cause de son action : il est libre → On dit alors que son action est spontanée au
sens philosophique du terme.
→ Au contraire est immoral l'action que l'homme se laisse imposer par son désir CAD par la
tendance naturelle à rechercher son bien propre soit sous la forme du plaisir soit sous celle de
l'intérêt → En effet l'action impulsive contre toute apparence n'est pas spontanée.
→ L'homme qui agit en suivant la seule pente naturelle de son désir pour son bien propre, est
déterminé à agir par des causes naturelles extérieures à lui.
Kant va jusqu'à mesurer la moralité d'un
acte aux sacrifices de son intérêt et de son plaisir qu'un homme peut consentir à faire.
→ La volonté est pour Kant « ce qui élève l'homme au dessus de lui-même », mais le prix est lourd
pour l'homme réel.
→ La volonté, comme faculté rationnelle de désirer exige de l'homme qu'il contrarie sa nature.
C'est
donc un véritable déchirement pour l'homme qu'aboutit, si on la conduit jusqu'au bout, la distinction
du désir et de la volonté.
→ Quant à Spinoza, ce dernier estime que l'homme n'est pas une exception au sein de la nature.
Il
suit au contraire l'ordre général de la nature.
D'emblée il adopte un principe qui ne le dispose pas à
distinguer la volonté proprement humaine, au désir en général, à savoir de la tendance à rechercher
son bien propre.
D'autre part il ne considère pas que l'âme et le corps sont séparés, ce ne sont pour
lui qu'une seule et même chose.
→ Avec la distinction de l'âme et du corps, c'est une autre raison qui disparaît d'opposer la volonté.
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