L'épicurisme aujourd'hui ? Épicure est-il moderne et actuel ?
Publié le 29/01/2013
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Dans sa Contre-histoire de la philosophie, Michel
Onfray s'est employé à réhabiliter Épicure.
Au-delà du seul aspect individuel de son hédonisme
qu'il qualifie de« diététique des désirs«,
Onfray distingue chez Épicure un mode d'emploi
de la relation à autrui qu'il met en pratique
dans le Jardin, son école. Une ambition politique,
donc, pour une pensée qui est à l'origine centrée
sur l'individu. Il importe d'être d'une clarté sans
faille avec l'autre.
«
LES DOSSIERS PHILO
car, pour lui,« le plaisir est le commencement
et la fin de la vie heureuse» (Lettre à Ménécée).
Sa pensée naît dans un contexte politique trou
blé, de perte de puissance d'Athènes.
Parce
que l'homme, décidément, ne maîtrise pas plus
son destin individuel que son destin collec
tif, la
réponse à la décadence passe par une
construction de soi.
Épicure opère un recen
trage déterminant sur l'individu : ce dernier ne
peut agir que sur ce qui le touche au premier
chef, ce sur quoi il a prise, c'est-à-dire la sélec
tion des plaisirs qui peuvent le conduire à la
vie bonne.
« Précisément parce que le plaisir
est notre bien principal
et inné, nous ne cher
chons
pas tout plaisir » (Lettre à Ménécée).
Épicure opère une distinction entre les plaisirs
naturels et nécessaires (manger, boire, avoir
une vie sociale), ceux dont on peut se passer
car ils varient au gré des sollicitations du réel
et ceux qui ne sont ni naturels ni nécessaires,
comme la recherche des
honneurs ou du pou
voir.
Dans
une société moderne qui donne au
plaisir un contenu artificiel soumis aux diktats
de la publicité, Épicure veille au grain.
Une voie vers la paix
La doctrine éthique d'Épicure se résume dans
un quadruple remède, le tétrapharmakon :
le
bonheur est accessible à l'échelle de la vie
humaine,
on peut supprimer la douleur en s'at
taquant à ses causes qui tiennent pour la plu
part dans des plaisirs non nécessaires, ni la mort
ni les dieux ne
sont à craindre.
L'absence de
souffrance se décline
sur le plan physique avec
l'aponie, l'absence de souffrance du corps
au
travers de plaisirs choisis, et sur le plan spiri
tuel avec l'ataraxie qui désigne l'absence de ten
sion d'une âme qui aura su maîtriser ses désirs.
Nietzsche loue chez Épicure cette
« modestie
de
la volupté » qui le conduit à savourer dans
la pensée épicurienne
« le bonheur de l'après
midi de
l'Antiquité» (Le Gai Savoir).
Pour accé
der au calme de l'âme, Épicure est conduit à
rejeter toute lecture transcendante de la vie
humaine : « Le plus effrayant des maux, la
mort ne nous est rien, disais-je : quand nous
sommes,
la mort n'est pas là, et quand la mort
est là, c'est nous qui ne sommes plus ! » (Lettre
à Ménécée).
Épicure dégage ainsi l'être mortel de
sa principale préoccupation.
Encore une fois,
la sensation est le seul guide.
Aussi la mort qui
l'éradique
n'est pas à craindre.
Une portée politique
Dans sa Contre-histoire de la philosophie, Michel
Onfray s'est employé à réhabiliter Épicure.
Au-delà du seul aspect individuel de son hédo
nisme qu'il qualifie
de« diététique des désirs»,
Onfray distingue chez Épicure un mode d'em
ploi de la relation
à autrui qu'il met en pratique
dans le Jardin, son école.
Une ambition politique,
donc, pour une pensée qui est à l'origine centrée
sur l'individu.
Il importe d'être d'une clarté sans
faille avec l'autre.
Car c'est ensemble que l'on
définit les termes de notre relation.
Les valeurs
communes
ne sont pas données d'avance, elles
émergent d'un accord intersubjectif pour former
le contenu du
« contrat hédoniste ».
L'idée de jus
tice,
par exemple, est relative à un accord autour
de sa définition.
« L'hédonisme dans le Jardin,
ou partout ailleurs quand on entend vivre selon
sa loi, en appelle à
ce préalable : afficher ses
49.
»
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