L'ennemi de Baudelaire
Publié le 02/08/2010
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1) Les saisons Le poème est constitué d’une métaphore filée qui porte sur les saisons et le climat. Dans le premier quatrain la jeunesse est comparée à un été bouleversé par le temps, dans le deuxième quatrain la maturité est comparée à l’automne, dans le premier tercet l’espoir du renouveau s’apparente au printemps et dans le deuxième tercet la présence destructive du temps s’oppose à l’hiver. Le poète s’implique dans la description puisque c’est de sa vie dont il décrit les étapes. La jeunesse du poète est comparé à un été bouleversé par les intempéries « ténébreux orage «, « le tonnerre et la pluie «. Les premières années de sa vie se sont construites sur l’alternance d’ombre et de lumière (« ça et là «, « ténébreux «, « brillant «) tantôt emplies d’élans d’espoir et très vite accablées par le poids du spleen. La présence de ponctuation forte (« ! «, « ? «, « ; «, «, « «. «) dans ce quatrains insiste sur cette alternance. Le choix de la forme du sonnet (ABAB) montre aussi l’idée d’alternance entre les jours heureux (« soleil «, « vermeils «) et les jours malheureux (« orage «, « ravage «). Le « jardin « est le symbole de la mémoire, des souvenirs, il est dévasté et dépouillé de sa production comme en automne. Le deuxième quatrain évoque l’automne et s’ouvre sur l’abandon du poète, la vie et l’inspiration sont ravagées par le temps. Le premier tercet suggère un élan d’espoir « et qui sait «. Ça nous renvoie au printemps « fleurs nouvelles «, à cette époque de l’année les fleurs bourgeonnent, la nature renait. Baudelaire espère qu’à nouveau son inspiration et ses idées renaitront. Cette renaissance est apparentée à une purification, à un rite « lavé « et le « mystique aliment « prend une forme religieuse. Mais le deuxième tercet mettra fin à cet espoir, l’hiver glacera les ambitions.
2) L’omniprésence du temps Si le poète ne peut renaitre comme la nature, c’est que le temps l’a conduit à sa perte. Déjà le deuxième quatrain aborde l’idée de mort « l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux «. L’eau est personnifiée dans le rôle d’un fossoyeur. L’eau est un élément terrestre qui donne vie à la chose mais ici apporte le mort. La deuxième strophe est composé d’éléments visuels forts « la pelle et les râteaux «, « terres «, « des trous « qui illustrent le désastre du temps. Le temps est réellement nommé à la fin du poème « le temps mange la vie «, il est assimilé à un monstre « obscur « qui « mange « et « ronge «. L’expression de la souffrance (« o douleur ! O douleur ! « Est perceptible dans le premier hémistiche du vers 12, elle est interprété par un double cri de désespoir. Le passage du « je « à « nous « à la fin du poème évoque la fatalité à supporter le temps qui passe. Le temps semble se nourrir de l’énergie de l’homme, de Baudelaire comme un parasite (« croit et se fortifie «) qui détruit toutes possibilités d’inspirations nouvelles.
Conclusion : Le poème est significatif du spleen de Baudelaire. Grace à l’art il met en forme ce malaise existentiel, comme pour l’invoquer. L’écriture apparait comme un remède à l’usure du temps, le poète survit alors par sa parole.
Liens utiles
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