l'engagement politique est-il compatible avec la recherche philosophique ?
Publié le 05/08/2005
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De lui-même, le philosophe serait plutôt enclin à éviter les charges politiques pour se consacrer à ses réflexions théoriques, mais cette obligation est comme la rançon de sa science.
B. L'engagement politique comme vocation philosophique
On peut même considérer, à l'instar de Jean-Paul Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme, que l'engagement politique est moins un impératif contraignant qu'une véritable vocation. La confrontation de ses pensées avec la réalité sociale est, pour le philosophe, une étape indispensable à la construction de sa pensée : elle le rappelle à la réalité et à ses responsabilités.Néanmoins, la philosophe ne risque-t-il pas alors de se priver lui-même de sa liberté en s'astreignant à soutenir un régime, un parti ou un homme politique?
C. Le philosophe doit s'engager en politique
Les philosophes existentialistes tels que Jean-Paul Sartre, Albert Camus ou Simone de Beauvoir ont défendu une philosophie politiquement engagée. Que ce soit Sartre en distribuant des tracts dans la rue en mai 68 ou Simone de Beauvoir, qui a contribué à faire évoluer le statut de la femme, ils ont donné l'exemple de philosophes engagés, avec plus ou moins de lucidité, dans les combats politiques de leur temps. On peut même considérer, à l'instar de Jean-Paul Sartre dans l'Existentialisme est un humanisme, que l'engagement politique est moins un impératif contraignant qu'une véritable vocation. La confrontation de ses pensées avec la réalité sociale est, pour le philosophe, une étape indispensable à la construction de sa pensée : elle le rappelle à la réalité et à ses responsabilités.
La philosophie n'est qu'une activité vaine et futile tant qu'elle demeure détachée du monde. Le philosophe doit servir les causes justes de son temps. Mais, la philosophie ne doit-elle pas rester désintéressée ?
«
B.
La politique n'est pas seulement la condition nécessaire mais insuffisante de la réflexion philosophique.
Elles sontliées de façon encore plus étroite dans la philosophie politique.
Celle-ci s'efforce de prendre en compte laparticularité de son objet sans renoncer à le juger et à le critiquer
SUPPLEMENT: « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelleaujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes [...] il n'y aura decesse aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain.
»
Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate pour lefondateur véritable de la philosophie politique.
Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre laphilosophie du ciel pour l'établir dans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et pour l'obliger à fairedes recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».
en ce sens, il n'est pasd'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce livre majeur que constitue la « République ».Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.
Tout y est présenté sous la formehabituelle mais hautement complexe du dialogue.
Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socrate développeune image de la cité idéale.
Socrate n'est-il que le porte-parole de Platon, un simple personnage dont le philosophese sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué ? A l'inverse, Platon n'est-il rien d'autre que le fidèlesecrétaire du maître dont il se contente de noter scrupuleusement la pensée ? Et dans ce jeu mobile etcontradictoire où s'enchaînent et s'entraînent questions et réponses sans que l'ironie soit jamais totalementabsente, est-il seulement légitime de dégager une doctrine ? Derrière la fausse simplicité d'une conversation entrephilosophes, l'art du dialogue soulève d'insurmontables difficultés qu'il nous faudra ici ignorer pour tenter de cernerl'image du politique qui se dégage de la « République ».Dans cet ouvrage, Socrate présente donc l'idée qu'il se fait de la cité idéale.
Il décrit une société fortementhiérarchisée au sein de laquelle les « gardiens » forment une classe dans laquelle règne une communauté parfaite.Au livre V, Glaucon, qui est l‘un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité aussi parfaite quecelle qu'il a décrite peut exister dans la réalité.
Avec beaucoup de prudence, car il sait ce que sa réponse peut avoirde ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire à qui veut changer radicalement lasociété: il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et la philosophie.
Socrate déclare : « Tant que lesphilosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pasvraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pasdans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts defaçon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux mauxdes cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne seraréalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière du jour.Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune.
Il esten effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour les particuliers.
»Socrate va s'attacher à justifier une proposition qui, aux yeux de ses interlocuteurs, ne peut être reçue que commeun insoutenable paradoxe.Pour ce faire, il entreprend de construire une définition de la philosophie.
En ce sens, la « République » est autantun traité de la philosophie qu'un traité de la politique.
Par là même se marque combien, aux yeux de Platon, sontindissociables ces deux dimensions : celle du savoir et celle du pouvoir.Encore faut-il s'entendre sur ce que sont les « vrais philosophes ».
Socrate les présente comme « ceux qui aiment lespectacle de la vérité ».
Mettant en place l'opposition, fondamentale dans la doctrine Platonicienne, entre lascience et l'opinion, il oppose les vrais philosophes à ceux qui, amoureux des apparences, sont incapables des'élever jusqu'à la vision du Beau et du Juste, et qui ne méritent pas le nom de « philosophe » - «qui aime la sagesse» - mais celui de « philodoxe » - « qui aime l'opinion ».C'est aux philosophes et non aux philodoxes que doit revenir le gouvernement de la cité.
Au début du livre VI,Socrate trace des premiers un portrait particulièrement élogieux : le philosophe est « par nature, doué de mémoire,de facilité à apprendre, de grandeur d'âme et de bonne grâce » ; il est « parent de la vérité, de la justice, ducourage et de la tempérance ».
Comment dans ces conditions, lui refuser le gouvernement de la cité ?Rendant hommage à l'habileté de la démonstration de Socrate, un autre des interlocuteurs (Adimante) s'insurgecontre les conclusions auxquelles il aboutit.
Il objecte : « On voit bien que ceux qui s'appliquent à la philosophie, etqui, après l'avoir étudiée dans la jeunesse pour leur instruction, ne l'abandonnent pas mais y restent attachés,deviennent pour la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout à fait pervers, tandis que.
»
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