l'émotion a-t-elle une finalité ?
Publié le 09/11/2005
Extrait du document
On peut définir l’émotion comme un trouble de l’adaptation des conduites : « J’entends par émotion un choc brusque, souvent violent, intense, avec augmentation ou arrêt des mouvements : la peur, la colère, le coup de foudre en amour, etc. En cela je me conforme à l’étymologie du mot émotion, qui signifie surtout mouvement « (Ribot, Logique des sentiments). Aussi ce terme s’est élargi jusqu’à tous les phénomènes affectifs, tel que le plaisir et la douleur : « nous appellerons émotions les sensations considérées au point de vue affectif, c’est-à-dire comme plaisir et douleurs, et nous réserverons le nom de sensations pour les phénomènes de représentation « (P. Janet, Traité de philosophie). L’émotion comme trouble de la conduite renvoie à une expérience complexe difficile à décrire, mais elle renvoie particulièrement à une disposition du sujet, d’un sujet d’ailleurs pas forcément conscient de ce qui l’affecte. La finalité de l’émotion renverrait ainsi, au-delà de sa logique structurée, à l’intimité du sujet lui-même.
«
quelque chose, est mis en question par Heidegger dans Être et Temps .
Ainsi le Dasein se trouve toujours déjà affecté dans son être-au-monde.
Il peut aussi être l'objet d'affects qui le touche à tel point qu'il ne reconnaît plusla familiarité quotidienne dans laquelle il était placé.
d.
L'émotion est pour Sartre une certaine visée.
Rien ne vient à la conscience accidentellement et du dehors. L'émotion est une organisation finalisée.
Dans le cours normal de l'action, le moyen est le chemin vers mon but, à lafois praticable et rigoureux, et ce chemin est la visée de la conscience, sa manière de poser le monde sans se poserelle-même (conscience irréfléchie).
Quand, plutôt que de changer le monde, je pleure comme si mes larmes allaientapporter une solution à une situation insoluble, c'est là une comédie à laquelle je peux très bien croire, et je m'yenglue au fur et à mesure que je la produis.
L'émotion chez Sartre
Armé d'une méthode — la phénoménologie —, Sartre s'attaque àun problème habituellement traité par la psychologie : l'émotion.
Qu'est-ce que l'émotion ?
Critiquant les perspectives classiques, Sartre considère l'ensemble de lavie psychique, non comme une donnée plus ou moins naturelle,déterminée une fois pour toute, ou « causée » par l'environnement, maiscomme une construction de soi relative au choix que nous faisons denous-mêmes.
Chaque émotion est un événement pour la conscience.Mais au lieu de le décrire comme l'expression d'une nature, d'untempérament ou d'une personnalité propre à chacun, Sartre redescendau niveau de l'origine vécue de chaque émotion, et découvre à chaquefois un authentique « choix d'être », c'est-à-dire une liberté se réalisantpar l'émotion.
C'est l'objet de son Esquisse d'une théorie des émotions(1939).
Une activité du sujet
Classiquement, les psychologues interprètent l'émotion de trois manières : les réactions physiologiques, lesconduites objectives, « l'état de conscience » lui-même, en privilégiant l'une de ces causes au détriment desdeux autres.Sartre considère l'émotion comme une activité du sujet sur lui-même, d'où le rôle constitutif, et non seulementréceptif ou passif de la conscience.
À l'aide d'une série d'exemples, il dévoile la liberté, là où, par habitude,nous ne voyons qu'une conduite naturelle.
Ainsi, la colère serait incompréhensible sans une manière pourchacun de réagir en agissant sur soi pour signifier à Autrui le sens de cette attitude : se mettre en colère, celaindique un certain choix de soi-même, ainsi que la possibilité, à un certain moment, de réagir autrement.Pareillement, la tristesse et la joie ne sont des états qui nous submergent que dans la mesure où nous lesréactivons, nous les accompagnons.
L'évanouissement : une fuite...
D'une certaine façon, et sans pour autant tout comprendre ou tout maîtriser de nous-mêmes, nous sommes lesacteurs et les auteurs de nos propres émotions, dans la mesure où elles ne sont jamais des fatalités, mais desréactions supposant toujours une activité de la conscience.Cette activité est une interprétation qui suppose toujours, à un degré variable, une certaine manière de sechoisir dans telle ou telle situation.
Même l'évanouissement relève d'une négation du monde tel qu'il seprésente et dont nous décidons qu'il est insupportable !« Soit par exemple la peur passive.
Je vois venir vers moi une bête féroce, mes jambes se dérobent sous moi,mon cœur bat plus faiblement, je pâlis, je tombe et je m'évanouis.
Rien ne semble moins adapté que cetteconduite d'évasion.
L'évanouissement ici est un refuge ».
Sartre, Esquisse d'une théorie des émotions, 1938.
L'émotion et la liberté
Sartre démontre que loin de pouvoir expliquer l'origine et le fonctionnement des émotions, la psychologieclassique suppose un déterminisme qui ne suffit pas à en rendre compte.
Il faut partir du vécu de l'émotionpour découvrir en elle la trace de la liberté humaine.
L'existentialisme sartrien apparaît donc, dès le début,tourné vers une restitution des droits et des pouvoirs de la conscience humaine, y compris en ce qui concernedes attitudes et des comportements pour lesquels on ne parle pas habituellement de liberté.
Conclusion L'émotion se caractérise par un trouble psychomoteur essentiel.
Une émotion de joie, ainsi qu'une émotion depeur renvoie vers quelque disposition du sujet.
Elle serait comme une décharge affective, l'expulsion hors de soi cequ'on ressent à l'intérieur.
L'émotion aurait ainsi une fonction exutoire, permettant l'équilibre mental du sujet.
Et.
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