LEIBNIZ: Sophisme de la raison paresseuse
Publié le 30/03/2005
Extrait du document


«
le fait qu'il est cause du monde.
Du coup, si Dieu établit toute chose, seul l'avenir arrêté par Dieu est possible etdonc le futur est nécessaire.
[2.
Deuxième argument ]
Le second argument fait intervenir le principe de causalité tel qu'il est à l'oeuvre, par exemple, dans les sciences.
Siun événement arrive, il faut une cause qui fasse que cet événement est, et est tel qu'il est.
Cette cause à son toura besoin d'une cause, et ainsi de suite jusqu'à l'infini.
Donc, que le monde ait un commencement ou pas, l'avenir estdéterminé puisqu'il est la conséquence inéluctable du passé.
[3.
Troisième argument]
Le troisième argument fait appel à la nature de la vérité.
Quand nous disons qu'une chose est vraie, cela signifie enapparence deux choses distinctes :— c'est vrai car c'est un fait (exemple : « il pleut») ;— mais quand nous disons en mathématiques que le théorème de Pythagore est vrai, ce n'est plus un fait empirique,c'est une vérité logique.
Cela veut dire qu'il serait impossible d'énoncer le contraire sans tomber dans unecontradiction.Selon ce troisième argument, c'est seulement par ignorance que les vérités de fait sont différentes des véritéslogiques.
Si nous connaissions toute chose, les vérités de fait ne seraient pas moins des vérités logiques que cellesdes mathématiques.
Nous n'apprendrions pas la vérité extérieurement (comme un fait), mais nous la découvririons enelle-même.
C'est ce que signifie la phrase : « l'énonciation [la proposition énoncée] doit toujours être vraie oufausse en elle-même.
» Dans ces conditions, l'avenir serait aussi nécessaire que le théorème de Pythagore.
[4.
Synthèse des trois arguments]
Les dernières lignes du texte synthétisent ces trois arguments en une unique conception :— « Il y a une vérité dans l'événement futur, qui est prédéterminé par les causes...
».
Cette phrase suggère un lienentre le troisième argument sur la vérité et le deuxième argument sur la causalité.
Il existe en effet deux types deliens nécessaires :• soit une implication logique (celle dont il est question au troisième argument).
Exemple : «si une chose est grandealors elle n'est pas petite » ;• soit un lien de cause à effet (dont il est question dans le deuxième argument).
Exemple : « si je lâche mon stylo,alors il tombe ».
La phrase que nous expliquons suggère que ces deux liens nécessaires peuvent se ramener l'un àl'autre.
Par exemple, un esprit qui connaîtrait entièrement le passé, pourrait en déduire l'avenir, exactement commeun mathématicien déduit un théorème d'un autre.
L'enchaînement des causes et des effets est alors du même ordrequ'une implication logique.— « ...
et Dieu l'a préétablit en établissant ces causes.
» Cette proposition rassemble les deux derniers argumentset le premier.
Si nous pensons le « gouvernement » de Dieu comme une création, nous pouvons dire que l'acte parlequel Dieu établit la première cause « préétablit » toutes les conséquences.
En créant Adam et Ève, il crée toutel'histoire de l'humanité qui en est la conséquence.
Ainsi, les trois arguments forment une vision cohérente.
Laquestion de savoir si cette vue est partagée par Leibniz ne paraît pas pouvoir recevoir de réponse d'après le seulextrait que nous étudions.
Cependant il est sûr que ce n'est pas cette vue qui est dénoncée, mais lesconséquences fausses qui en sont tirées.
[II.
« Ce qui doit arriver arrivera quoi que je puisse faire.
»]Ces conséquences fausses sont présentées aux lignes 3-5 : « parce qu'il allait [il conduisait] à ne rien faire ou dumoins à n'avoir soin de rien, et à ne suivre que le penchant des plaisirs présents.
» Puisque l'avenir est nécessaire, ilse produira quoi que je fasse, donc je ne fais rien, ou plutôt, je ne tiens aucun compte des conséquences de mesactes (« n'avoir soin de rien »).
Dès lors, il ne me reste qu'à me laisser pousser par le penchant présent.
Ici sontimplicitement opposés deux modes d'action : ou je me gouverne moi-même et j'agis en vue de quelque chose, il y aalors l'introduction d'une finalité qui confère à mes actes une liberté par rapport aux penchants ; ou bien mes actesn'obéissent qu'à la causalité du penchant.
C'est en ce sens que le sophisme pousse à la paresse.
II ne poussecertes pas à l'inactivité, mais il empêche les hommes de lutter contre leur inclination présente.
Il ruine par là leurliberté.Nous comprenons donc le nom donné à ce sophisme.
Le mot « raison » doit être ici compris au sens d'argument.
La« raison paresseuse » est un argument qui pousse les hommes à la paresse, c'est-à-dire qui les rend dépendants deleurs penchants.Le texte est à présent expliqué dans son ensemble : la première partie (lignes 1 à 6) expose la conséquence ; ladeuxième (lignes 6 à 20) explicite la prémisse.
Mais il n'est pas dit en quoi cette déduction est un sophisme, c'est ànous de le rechercher.
[B.
Commentaire]
[I.
Réfutation du sophisme.]
[1.
Le sophisme nie la relation de cause à effet.]La « raison paresseuse » nie la dépendance entre la cause et l'effet puisqu'elle affirme que n'importe quelle causeproduira toujours le même effet, fixé par le destin.
Dans cette perspective, la nécessité du futur est affirmée en.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- PRINCIPES DE LA NATURE ET DE LA GRACE FONDÉS EN RAISON Leibniz (résumé et analyse de l’oeuvre)
- PRINCIPES DE LA NATURE ET DE LA GRÂCE FONDÉS EN RAISON de Gottfried Wilhelm Leibniz
- La raison, cause de notre jugement ou cause dans les choses ? G. W. LEIBNIZ
- « Euclide a bien compris, il démontre souvent par la raison ce qui se voit assez par l'expérience et les images sensibles. » Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain, 1765 (posthume). Commentez.
- Plus on agit suivant la raison, plus on est libre, et il y a d'autant plus de servitude qu'on agit plus par les passions. Etes-vous d'accord avec ce jugement de Leibniz ?