LEIBNIZ: idées et formes du raisonnement
Publié le 13/09/2018
Extrait du document
Cette considération fait encore connaître qu’il y a une Lumière née avec nous. Car puisque les sens et les inductions 1 ne nous sauraient jamais apprendre des vérités tout à fait universelles, ni ce qui est absolument nécessaire, mais seulement ce qui est, et ce qui se trouve dans des exemples particuliers, et puisque nous connaissons cependant des vérités nécessaires et universelles des sciences, en quoi nous sommes privilégiés au-dessus des bêtes : il s’ensuit que nous avons tiré ces vérités en partie de ce qui est en nous. Ainsi peut-on y mener un enfant par de simples interrogations à la manière de Socrate, sans lui rien dire, et sans le rien faire expérimenter sur la vérité de ce qu’on lui demande. Et cela se pourrait pratiquer fort aisément dans les nombres, et autres matières approchantes.
Je demeure cependant d’accord que, dans le présent état, les sens externes nous sont nécessaires pour penser, et que, si nous n’en avions eu aucun, nous ne penserions pas. Mais ce qui est nécessaire pour quelque chose, n’en fait point l’essence pour cela. L’air nous est nécessaire pour la vie, mais notre vie est autre chose que l’air. Les sens nous fournissent de la matière pour le raisonnement, et nous n’avons jamais des pensées si abstraites, que quelque chose de sensible ne s’y mêle ; mais le raisonnement demande encore autre chose que ce qui est sensible.
LEIBNIZ
1. Induction : passage du particulier au général.
■ Analyse du sujet
— Thème du passage : il y a en nous des éléments de connaissance (idées et formes du raisonnement) qui ne dépendent pas des sens, mais nous sont fournis par une « Lumière » (= raison) innée. Cela ne doit pas cependant nous faire nier la nécessité des apports empiriques.
— On s’attachera particulièrement à développer l’argumentation (deuxième phrase du texte) reposant sur les vérités universelles, et sur leur différence par rapport aux « exemples particuliers ».
«
- On peut aussi développer l'allusion à Socrate (qui concerne l'inter
rogation du jeune esclave dans Ménon) .
• Piè ges à éviter
- Ne pas sacrifier un aspect du texte : le second paragraphe, bien que
plus court, est aussi important que le premier.
- Ne pas rameuter ce que vous pouvez connaître, en général, du sys
tème de Leibniz (les monades, le «meilleur des mondes possibles » ...
)qui
n'a pas lieu d'être ici considéré.
- Tenir compte de ce qui est dit, par deux fois (fin des deux para
graphes) des mathématiques : il y a là un point important à ne pas négli
ger.
• Plan
Introduction
1.
Les apports des sens
Il.
La part de l' inné
III.
Une collaboration inégale
Conclusion
CORRIGÉ
[I ntroduction]
Peut-on admettre que l'ensemble de notre connaissance -nos idées
aussi bien que les formes de nos raisonnements - a pour origine ce que
nous livrent nos sens ? Faut-il au contraire penser que la part de l'inné est
beaucoup plus importante que les acquis empiriques ? Le débat entre
empirisme et rationalisme est un classique de l'histoire de la philosophie.
En y intervenant, Leibniz se situe dans la tradition rationaliste, mais il en
tempère le caractère absolu, en rappelant que « quelque chose de sensible »
se mêle à toutes nos pensées, même les plus abstraites.
[1.
Les apports des sens]
Ce que nous livre l'expérience, en y incluant les faits et les inductions
que l'on peut effectuer à partir de leur constat, ne peut jamais atteindre
l' universel.
L'univers empirique nous informe de ce qui existe, mais ne
nous apporte que des « exemples particuliers ».
La perception que je peux avoir d'un objet est sensible à ce qui le parti
cularise : je perçois sa présence en même temps que ses qualités singu
lières.
Ainsi, je ne peux jamais voir «la pomme >> ou l'idée de pomme,.
»
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