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Ce ne
peut-être à l'Etat, à la tête d'une société aux moeurs corrompus que peut revenir
la tâche délicate de l'éducation des enfants. Au contraire l'échange intime
permet-il de privilégier une éducation qui ne soit pas violence mais
développement, non pas tentative de construire des citoyens dévoués à l'Etat
mais des individus à part entière.
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Car si
l'Etat, par le système éducatif qu'il met en place, tente d'instaurer une
certaine égalité entre les hommes, on ne peut pour autant s'en référer
entièrement à lui : il forge des citoyens. C'est aux individus que revient la
responsabilité de juger de ce qui apparaît bénéfique pour leurs enfants : ainsi
la première responsabilité de l'éducation revient à la famille. Si Locke
souligne que l'éducation forme des citoyens, il n'en est pas moins que les
parents sont responsables au regard de Dieu de l'éducation qu'ils donnent à leur
enfant. La suppression de ce principe transcendantal n'en retire pas moins la
responsabilité de la famille, notamment évoquée dans les Droits de l'enfant :
l'Etat assure le bien-être que si les parents ne peuvent le faire.
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Etre éduqué,
ce n'est donc pas seulement être dirigé vers certaines connaissances, mais
également pouvoir user d'outils afin de parvenir à son bien-être dans la
communauté. On ne saurait ôter à la famille son rôle dans la transmission des
valeurs, puisqu'elle est la première cellule que connaît l'enfant.
L'éducation, socle de l'humanisme
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Le propre de
l'humanisme repose sur la tentative de conciliation de la formation optimale à
la fois de l'individu et du citoyen : à la fois affirmer son individualité et
son appartenance à l'universel. Au siècle des Lumières, l'éducation est avant
tout arrachement : aux superstitions, aux croyances infondées, etc.
Si éduquer, c’est arracher l’homme de son état de nature primitif pour lui permettre d’habiter peu à peu le monde de la culture, un tel processus ne pourrait, à première vue, qu’incomber à l’Etat, en tant que la responsabilité d’un tel acte ne peut reposer entre les mains de particularismes.
Pour autant, il est impossible de nier l’influence de la structure sociale première qu’est la famille et de lui défaire la possibilité d’une éducation conçue dans ses repères propres.
Dès lors, se demander si l’éducation est affaire publique revient à s’interroger sur sa fonction propre : forme-t-elle des citoyens qui doivent être préparés à contribuer au bien commun, ou des individus dont le bien suprême serait de cheminer sans trêve vers plus d’humanité ?
Les enjeux sont à la fois politiques et éthiques, car distribuer ce rôle exclusivement à l’Etat reviendrait à lui laisser libre cours dans la formation des esprits : le danger serait qu’il n’en fasse que des êtres certes égaux mais indiscernables. Quel est donc l’homme que se doit de former le processus éducatif ?