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l'éducation a-t-elle pour fin la liberté ?

Publié le 11/03/2025

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« 02 mai 2023 HLP – Philosophie L’éducation a-t-elle pour fin la liberté ? L’ONU a en 2015 placé l’éducation – ici au sens d’instruction – au cœur de ses 17 ODD (Objectifs de Développement Durable), ce qui prouve qu’elle est un enjeu majeur pour l’avenir.

Les Nations Unies se donnent ainsi la mission de faire de l’éducation qualitative et égalitaire un droit fondamental pour tous les enfants, celle-ci étant selon l’organisation le premier pas vers d’autres droits humains fondamentaux, tels que la liberté.

L’instruction est cependant à différencier de l’éducation, qui l’englobe : elle est la mise en œuvre de méthodes conduisant à la formation et au développement d’un être humain.

S’il semble exister un lien plus ou moins certain entre éducation et liberté, celui-ci peut prendre différentes formes : la liberté est-elle la finalité d’une éducation, à supposer que celle-ci en aie une ? Est-ce que l’éducation se donne-t-elle pour but une liberté individuelle, ou porte-t-elle la vocation d’une liberté collective et universelle ? Nous dirions aisément que l’école ou l’éducation ne peuvent qu’être un chemin vers la liberté : notre école publique défend en effet théoriquement les valeurs françaises de Liberté, Égalité, Fraternité.

A travers des exemples concrets de cas éducatifs et de textes de philosophes s’étant penchés sur la question de l’éducation, nous verrons que celle-ci entretient avec la liberté une relation qui s’avère ne pas forcément être évidente, voire être paradoxale. De nombreux philosophes se sont au fils des siècles intéressés à la question de l’éducation et de l’instruction.

A la fin du XVIIIème siècle, Condorcet, défenseur avant l’heure de la gratuité et de la laïcité de l’enseignement, écrit Cinq mémoires sur l’instruction publique.

Il nous y explique que l’éducation est gage « d’une paisible liberté » et du maintien de la République.

En effet, la « tyrannie », naissant de « l’ignorance », « livre [le peuple] sans défense aux pièges de la calomnie ».

Un régime tyrannique, « sous un masque de liberté » séducteur, est ce qu’il y a de plus dangereux pour la liberté.

Condorcet exhorte ainsi à combattre l’obscurantisme, dont le peuple est victime, « en répandant les lumières », c’està-dire en instaurant l’instruction publique.

Ici, le savoir permet l’émancipation de la population et est condition de leur réelle liberté ; l’éducation de chacun est au service du collectif, du bien-être du pays. Kant, quelques années plus tard – en 1803, écrit dans son Traité de la pédagogie que l’éducation « a pour but d’apprendre à faire usage de sa propre liberté ».

Tout comme Condorcet, il voit l’éducation comme le parcours donnant accès à la liberté.

Cependant, cette liberté acquise est du ressort de l’individuel : pour Kant, « être libre, c’est se passer du secours d’autrui », c’est s’affirmer en tant qu’individu unique.

Il développe plus largement cette idée dans Qu’est-ce que les Lumières ? : les Lumières, des hommes éclairés et libres (en référence à la Révolution Française), sont des individus « sortis de leur minorité », c’est-à-dire capable d’exercer leur entendement, de « penser par soi-même », « Sapere aude ! (oser penser) ».

De plus, contrairement à Condorcet, l’éducation n’est dans le Traité de la pédagogie pas entièrement relative au savoir : elle relève d’abord de la « contrainte ».

En effet, Kant nous dit que l’éducation « soumet la liberté à une contrainte » : on se soumet à des règles imposées pour pouvoir à terme retrouver notre liberté, celle de notre « première enfance » mais avec un « bon usage ».

Il s’agit ainsi de concilier paradoxalement la contrainte et la liberté, ou la contrainte pour la liberté.

La vision kantienne est au final opposée à celle de Condorcet : l’éducation selon ce dernier est libératrice et offre finalement la liberté, tandis que selon Kant elle contraint, impose ses règles pour pouvoir « un jour être libre ».

La discipline paraît alors nécessaire et bénéfique à l’éducation.

Nous pouvons rapprocher cette idée de la Colonie de Mettray fondée vers 1830.

Celle-ci avait le projet initial d’accueillir des jeunes délinquants à la campagne en alternative de la prison.

Avec une réglementation certes stricte, la Colonie semblaient bien fonctionner avec les enfants ; cependant, un trop plein d’autorité (violences, maltraitement) et une trop importante privation de liberté en ont fait un « bagne pour enfants », si bien que près de 700 garçons sur 17 000 y sont décédés.

Dans un exemple plus actuel, les Quartiers pour Mineurs (QM) et les Établissements Pénitentiaires pour Mineurs (EPM) tentent d’allier détention et éducation.

En théorie, il est nécessaire que ces enfants puissent continuer à bénéficier d’une scolarité, mais dans les faits, celle-ci est très mal organisée et est mise à mal par un manque profond de moyens.

De fait, comment l’éducation peut-elle être synonyme de liberté lorsqu’elle enferme des jeunes en prison, soidisant pour les « rééduquer » ? Foucault, en 1972, reprend cette idée de contraintes.... »

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