lecture analytique
Publié le 16/04/2018
Extrait du document


«
3.
Le mythe continue
- Pourtant nous devinons les tragédies à venir par la présence d’Antigone : n ou velle arrivée d an s
l'acte IV et la mention de sa fratrie.
Les Labdacides doivent être éliminés de la terre et le caractère
volontaire de la fillette laisse présager d’autres confrontations violentes.
Elle est bien la fille
d’Œdipe.
En une seule réplique, elle répète trois fois « Je ne veux pas » (l.59 -60).
Ses prières
insistantes se font à la forme impérative : « Ne me quitte pas ! Emmène -moi ! Ne me laisse pas
seule ! » (l.
61 et 69 -71) (trois fois).
Elles finissent par avoir raison de la résistance de so n père.
Elle
est déjà très « fière » (l.
72), dit Jocaste, d’une fierté qui l’oppose déjà si violemment à Créon
qu’elle préfigure de futurs affrontements.
= le mythe exigeant la destruction totale des Labdacides, la déchéance d’Œdipe ne rétablit qu’un
ordr e provisoire, lourd des tragédies à venir, même s’il s’achemine vers une réconciliation avec les
dieux, comme le fait espérer Tirésias.
- les pers deviennent des mythes cf réplique de Tirésias : Antigone et Œdipe appartiennent
dorénavant "au peuple, aux poètes, aux cœurs purs" et à l'ext érieur de Thèbes ils vont trouver "la
gloire" (l.
98).
En partant de Thèbes, ils entrent d an s la litt érature , ils deviennent une hist oire
transmise par le peu ple et par les écrivains.
On ne pt pas mettre fin à un mythe : d'autres écrivains
écriront, ap rès Cocteau, des réécr itures du mythe d'Œdipe.
Le peuple se transmet de génération en
génération le mythe venu du fond des âges ; c’est en ce sens que le mythe est populai re,
qu’Antigone et Œdipe appartiennent au peuple et ce sont les poètes, Sophocle en particulier, qui,
dans leurs Œuvres, donnent un sens à l’aventure de ces héros et les font vivre éternellement dans les
« cœurs purs.
»
-Le héros de Cocteau s’est crevé les yeux dans un acte volontaire, devenant ainsi voyant, ce qui lui
permet d’avoir commerce avec le monde invisible, de se hisser au niveau de Tirésias grâce à une
souffrance purificatrice, de voir Jocaste morte, elle -même purifiée de l’inceste, et de revivre une
relation enfant/mère à ses côtés.
Créon ne comprend rien, qui ne voit dans l’aventure d’Œdipe que «
déshonneur, honte » (l.
99), nullement convaincu par la prédiction du devin car la gloire d’Œdipe
est étrangère, incompréhensible au monde des préjugés qui régissent la société.
Le paria
n’appartient plus au monde des hommes, il n’est
plus jugé selon les lois de la cité.
C’est déjà le sens des paroles consolatrices de Jocaste, sur un ton
désabusé : « Les choses qui paraissent abominables aux humains, si tu savais, de l’endroit où
j’habite, si tu savais comme elles ont peu d’importance.
» (l.
50 à 54)
II.
Mélange des tonalités dans la scène
1.
La tonalité tragique (l'horreur et la pitié)
- fatalité du destin, signes que la machine infernale a broyé Œdipe : Tirésias dit d'Œdipe qu' « il
a voulu être le plus heureux des hommes ; maintenant il veut être le plus malheureux.
» (l.
4 à 6)
Œdipe est bien un être d’exception par sa volonté de vivre hors du commun, sa volonté d’atteindre
le paroxysme dans les deux pôles de la condition humaine, ce que soulignent la symétrie des deux
superlatifs et l’opposition passé/présent.
Aux malheurs traditionnels, il ajoute celui de la solitude
dans la cité dont il fut le roi honoré et aimé : hors Tirésias, Antigone et Joc aste, nul ne compatit à
ses douleurs.
- sentiment d’horreur qu’éprouve Œdipe à l’égard de lui -même : il commence par repousser sa
fille pour la protéger de son contact impur : « Qu’on abatte la bête immonde ! » (l.8) =
animalisation, métaphore.
Antigone : « Père ! » Œdipe : « Laisse -moi [...] ne touche pas mes mains,
ne m’approche pas ».
Il faut la médiation de Tirésias pour que se rétablisse le contact avec la fillette.
De même il faut l’intercession de Jocaste pour qu’il accepte qu’Antigone le suive.
- le héros s’abandonne à la douleur avec retenue et naturel : « Je souffre » (l.
19 -20), « J’ai mal
».
Pour évoquer les épreuves à venir il emploie un euphémisme : « La journée sera rude » (l.
20).
Alors l’émotion gagne le spectateur à la vue de cet homme cour ageux qui exprime sa souffrance.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Lecture Analytique 2 : Vénus anadyomène : Arthur Rimbaud
- La Princesse de Clèves lecture analytique
- lecture analytique les fausses confidences
- "Le loup et l'agneau" de La Fontaine lecture analytique
- Lecture analytique