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Leçon philosophie : Qu’est-ce qu’un art et qu’est-ce qu’une œuvre d’art ?

Publié le 15/04/2023

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« L’art Qu’est-ce qu’un art et qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Comme concept classificatoire : Cette question sur la nature de l’art s’impose dans la mesure où l’art réunit sous une même appellation tout un ensemble de pratiques aussi diverses que la peinture, la sculpture, la danse, l’architecture, le cinéma ou la littérature.

Qu’est-ce qui, dans ces pratiques, nous amène à déclarer qu’elles relèvent de l’art ? qu’est-ce qui à l’inverse fait que d’autres pratiques seront qualifiées seulement d’artisanales ou de non artistiques ? qu’est-ce qui légitime la classification officielle qui départage des arts dits majeurs à d’autres dits mineurs ? à quelle condition une activité peutelle entrer dans le domaine de l’art ? pourquoi pas la mode, la chanson, la patinage artistique ? ( tendance à étendre la concept de l’art à d’autres activités dans la mesure où on distingue une pratique ordinaire et une qui tend à excellence, ou bien peut-être aussi dans la mesure où on y reconnaît une norme du bon goût que l’on distingue du goût ordinaire) Comme concept normatif : Cette hétérogénéité apparaît aussi au sein même des arts.

En effet, on peut se demander au fond ce qui permet de comprendre sous un même concept les travaux de Rembrandt, Picasso ou Duchamp, ou bien ceux de Mozart et de Schoenberg.

Rembrandt et Picasso sont considérés comme des artistes en dépit de l’hétérogénéité de leur inspiration, mais qu’est-ce qui amène l’histoire à rejeter comme n’étant pas de véritables artistes certains peintres ou sculpteurs, professionnels ou amateurs du dimanche ? ou à rejeter dans le domaine du simple divertissement certaines œuvres musicales, cinématographiques ou littéraires ? Hétérogénéité des arts, diversité des buts au sein d’un même art, distinction non explicite relativement à d’autres pratiques qualifiées seulement d’artisanales ou aux mêmes pratiques dénigrées en tant que non artistes, il convient donc de s’interroger sur les critères qui permettent de classer une chose dans le domaine de l’art. Ex de l’affaire Brancusi en 1926, l’Oiseau dans l’espace. I) Art et imitation Le but de l’art n’est-il pas de reproduire la réalité ? et n’est-ce pas relativement à la réussite de cette fin que nous mesurons la qualité de l’artiste ? A) Les arguments en faveur de l’imitation ➔ c’est sous le concept de mimesis (en grec imitation) qu’apparaît pour la première fois dans la pensée le regroupement de la musique, la poésie, la peinture et la danse sous une même catégorie.

Ce regroupement est l’œuvre de Platon dans la République, livre X. Platon oppose à la catégorie des artisans qui fabriquent des objets réels destinés à une utilité, les imitateurs, qui reproduisent seulement des apparences, des illusions dont la fin n’est pas l’utilité mais l’agrément, l’amusement.

L’art n’est donc pas considéré comme une activité sérieuse, au contraire des techniques, c’est, pour l’auteur, une affaire destinée aux enfants et aux adultes qui se comportent comme des enfants, c’est un jeu.

Mais c’est un jeu particulier qui ne peut produire son effet qu’en redoublant la réalité.

En effet, l’art nous détache du monde pour nous faire pénétrer dans son univers à condition qu’il crée une illusion de réalité.

Cela équivaut pour Platon à une condamnation : non seulement ces arts mimétiques sont inutiles, mais ils sont trompeurs, ils nous éloignent du réel.

L’art s’adresse en nous à la partie sensible et émotive, donc irrationnelle au détriment de la partie rationnelle.

L’art est mimétique chez Platon car il est créateur d’illusions et qu’il ne fabrique rien dont on puisse se servir. ➔ l’aptitude à reproduire la réalité révèle une capacité technique qui permet de distinguer l’artiste du non-artiste. Ainsi souvent la critique de l’art contemporain repose sur cette idée : ce ne sont pas des œuvres d’art car elles ne représentent rien ; or dans l’aptitude à représenter se révèle la compétence de l’artiste, ce qui fait que n’importe qui n’est pas artiste ; or l’argument face à ces œuvres contemporaines, c’est que n’importe qui pourrait en faire autant.

Etre capable de figurer le réel n’est pas à la portée de tous : cela fait la spécificité et la qualité de l’artiste. Par ex c’est le jugement des douaniers dans l’affaire Brancusi : l’oiseau de Brancusi n’est pas une œuvre d’art, car elle ne ressemble à rien Dans le même sens, on pourrait dire aussi qu’on mesure la qualité d’une œuvre littéraire, cinématographique à sa vraisemblance : on peut y croire. ➔ il semble aussi que cette imitation soit une clé efficace pour comprendre l’histoire de l’art. Exemple de la peinture : jusqu’à la première moitié du XIX, inventions successives de techniques permettant de reproduire le plus fidèlement possible la réalité.

Dans cette perspective, il faudrait reconnaître qu’il y a un progrès dans les arts plastiques qui chemine vers une certaine perfection de la représentation, puis une régression. Exemple de la littérature : mouvement vers une description et une écriture de plus en plus réaliste Ex du ballet en danse : la danse s’élève au rang d’un art à partir du moment où on invente le ballet qui est une narration.

De même début XX, évolution vers une musique qui serait plus narrative, ex Debussy. ➔ le changement d’orientation des arts plastiques concorde avec l’invention de la photo et du cinéma, comme si la perfection de la représentation permise par ces nouveaux arts rendait inutile les efforts des anciens et permettrait d’expliquer leur « déroute ». B) Les limites de ces arguments ➔ critère difficilement applicable dans tous les arts, à moins de lui faire subir des distorsions qui lui font perdre sa consistance.

Pb de l’architecture, de l’art contemporain: copier, imiter, exprimer, représenter, ce n’est pas la même chose.

La pertinence du critère de l’imitation tient en grande partie à notre tendance involontaire à penser l’art à partir du paradigme de la peinture. ➔ Ramener la qualité d’une oeuvre d’art à l’excellence de l’imitation revient à faire de l’art une simple compétence technique, mais alors c’est la catégorie même d’art ou de productions artistiques qui perd son sens.

La maîtrise des règles de l’art ne suffit pas à faire naître un artiste.

Les ateliers de peinture du XVII étaient remplis de peintres capables tout aussi bien que Rembrandt de copier le réel et que l’histoire ignora en tant qu’artiste.

On peut dire d’un faussaire qu’il est habile, on ne dit pas que c’est un artiste.

On distingue dans les pratiques artistiques l'artiste du simple technicien qui se contente de maitriser les règles de l’art. ➔ Représenter la réalité, ce n’est pas donner un simple cliché photographique de cette réalité.

Dans toute représentation est incluse la façon dont l’artiste et même son époque se représentent le réel. Toute représentation est déjà un certain discours sur le réel, est déjà intellectualisée. C’est ce qui distingue le concept de mimésis chez Platon et chez Aristote, d’où la difficulté de le traduire de la même manière.

Platon utilise l’exemple du miroir pour faire comprendre, ce qu’est la mimésis, et c’est pourquoi la copie ne peut être considérée que comme une dégradation de l’original.

Pour Aristote, il y a en quelque sorte plus dans l’image que dans le modèle, car le poète, comme le peintre, parviennent à dégager la forme propre, à la distinguer de la matière ou de ces apparitions qui la rendent confuse : toute activité représentative est une façon de s’élever du particulier à l’universel, c’est pourquoi le plaisir propre à l’art, plaisir intellectuel pour Aristote est un plaisir de reconnaissance.

Ainsi au ch 9 de la Poétique, il dira que la poésie est plus noble et plus philosophique que l’histoire, car le poète traite du général.

L’art transforme notre vision en un regard. La façon dont le réel est représenté dans l’art est d’une certaine façon conventionnelle, culturelle ; chaque époque prétend donner une représentation de la réalité qu’il perçoit.

Il est donc impossible de parler en art de progrès comme on en parle dans les techniques.

Ou pour être plus précis, s’il y a progrès des techniques artistiques, elles ne signifient pas conjointement et nécessairement progrès artistique. Exemple : pour un artiste égyptien, représenter fidèlement la réalité, c’est représenter chaque chose sous son aspect le plus significatif, ; pour un artiste de la renaissance, c’est être capable de restituer le moindre détail ; pour l’impressionnisme, c’est pouvoir rendre compte de notre propre perception du réel ; et selon Paul Klee, représentant de l’art abstrait , dans la Théorie de l’art moderne, c’est ne plus s’en tenir aux apparences, mais tenter de reproduire l’acte créateur lui-même, le mouvement de la vie.

Cf texte de Francastel fin de la leçon. Notre propre façon de percevoir la réalité est dépendante des images auxquelles nous sommes habitués, or pendant longtemps les seules images étaient celles produites par les artistes.

C’est ce qui a conduit à Oscar Wilde, dans Intentions, à défendre la thèse paradoxale que ce n’est pas l’art qui imite la nature, mais la nature qui imite l’art : notre propre représentation du réel dépend des images auxquels nous ont habitués les artistes.... »

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