l'échange est-il le garant de la paix ?
Publié le 09/11/2005
Extrait du document
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Hobbes « Nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales dequerelles : premièrement, la rivalité ; deuxièmement, la méfiance ;troisièmement, la fierté.La première de ces choses fait prendre l'offensive aux hommes en vue de leurprofit.
La seconde, en vue de leur sécurité.
La troisième en vue de leurréputation.
Dans le premier cas, ils usent de la violence pour se rendremaîtres de la personne d'autres hommes, de leurs femmes, de leurs enfants,de leurs biens.
Dans le second cas, pour défendre ces choses.
Dans letroisième cas, pour des bagatelles, par exemple pour un mot, un sourire, uneopinion qui diffère de la leur, ou quelque autre signe de mésestime, que celle-ci porte directement sur eux-mêmes, ou qu'elle rejaillisse sur eux, étantadressée à leur parenté, à leurs amis, à leur nation, à leur profession, à leurnom.Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sansun pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cettecondition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contrechacun.
» Une seconde partie de la réflexion pourra adopter un point de vue plus pessimiste et envisager une part irréductiblede bellicisme dans les relations entre les hommes.
Les échanges en eux-mêmes, non réglés par une instancesupérieure, semblent alors être facteurs de guerre plutôt que de paix.
L'échange apparaît alors davantage comme unpotentiel conflit d'intérêts que comme une promesse d'accord.
* La nécessité de définir les conditions auxquelles les échanges favorisent la paix Spinoza « Il convient de ne jamais oublier le but poursuivi par l'état de société.
Ce but n'est autre que la paix et la sécuritéde la vie.
Le meilleur État, par conséquent, est celui où les hommes vivent dans la concorde, et où la législationnationale est protégée contre toute atteinte.
En effet, il est certain que les séditions, les guerres, l'indifférencesystématique ou les infractions effectives aux lois sont bien plus imputables aux défauts d'un État donné qu'à laméchanceté des hommes.
Car les hommes ne naissent point membres de la société, mais s'éduquent à ce rôle ;d'autre part les sentiments humains naturels sont toujours les mêmes.
Au cas donc où la méchanceté régneraitdavantage et où le nombre des fautes commises serait plus considérable dans une certaine nation que dans uneautre, une conclusion évidente ressortirait d'une telle suite d'événements : cette nation n'aurait pas pris dedispositions suffisantes en vue de la concorde, et sa législation n'aurait pas été instituée dans un esprit suffisant desagesse ; par suite, la jouissance de son droit en tant que nation n'aurait pas été absolue.
En effet, une formed'état de société qui n'a pas éliminé les causes de séditions, et au sein de laquelle la guerre est toujours à craindre,tandis que les lois sont fréquemment enfreintes à l'intérieur, ne diffère pas beaucoup de l'état de nature.
C'est-à-dire que chacun, y vivant à son gré, est en grand danger de perdre la vie.
» Il faut alors définir les conditions auxquelles les échanges pourraient favoriser la paix, et il semble qu'il faille enappeler pour cela à une instance tierce, qui arbitrerait les échanges et surveillerait leur justice – l'Etat peut parexemple jouer ce rôle.
Un bienfait des échanges pour la paix n'est pas possible tant que l'on s'en tient à ces deuxtermes – ce bienfait n'est réalisé qu'avec l'introduction d'une troisième instance.
Conclusion Le lien des échanges avec la paix est ambivalent – on peut le concevoir comme favorable aussi bien que commedéfavorable: cette tension n'est résolue que par l'introduction d'une instance contrôlant les échanges.
La résolutiondu sujet dépend donc uniquement d'une définition des conditions de possibilité effectives auxquelles les échangentfavorisent la paix..
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