« Le XVIIIe siècle fut un siècle de combat, destructeur et constructeur, plein d'amour et de haines, de révolte et de foi. Ses champs de bataille sont encore les nôtres. » P. Clarac, Les philosophes du XVIIIe siècle, (Préface). En fondant votre réflexion sur des textes du XVIIIe siècle que vous avez lus ou étudiés, vous direz si telle est bien l'image que vous conservez de ce siècle et si ces « champs de bataille » vous paraissent être encore les nôtres.

« — par sa fonction au monde : le concept de « civilisation », né au XVIIIe siècle, définit aussi bien le héros duMondain, que pour l'Émile de Rousseau. Ainsi naissent les sciences humaines : sociologie, histoire et politique.

Dès lors les Philosophes vont s'employer àrechercher le bonheur (voir l'article « bonheur » de Y Encyclopédie) aussi bien pour l'individu que pour la société :d'où la construction des traités tels que ceux de Rousseau qui visent à faire de l'homme un citoyen (L'Émile) dansune société harmonieusement développée (Le contrat social). 2.

Un siècle « actuel » S'il n'est pas question de plaquer les solutions du XVIIIe siècle sur la réalité d'aujourd'hui (ce qui serait méconnaîtrela leçon scientifique des Philosophes), peut-on considérer la démarche suivie comme encore utile ? — Dans le domaine religieux, le plus étonnant est de constater que la leçon des lumières a été tardivementretenue...

par l'Église : le Concile Vatican II qui a tenté de réconcilier la religion et la civilisation n'est-il pas l'héritierde ceux qui prêchèrent la « religion raisonnable ». — De même, la séparation de la morale et de la religion (aujourd'hui réalisée dans le monde européen, mais toujoursbattue en brèche dans nombre de pays islamiques) n'a pu être obtenue et maintenue que parce que les Philosophesavaient jeté les premières semences d'une laïcisation de la morale.

— Politiquement et économiquement, le monde moderne se trouve confronté aux mêmes questions que cellesqu'eurent à débattre les Philosophes : entre les systèmes « libéraux » et les systèmes « dirigistes », quelle place estfaite à la liberté ? ou plus pratiquement aux libertés? L'homme moderne est-il maître de ses choix et de sa destinée? — La décolonisation, œuvre du XXe siècle, est-elle concevable sans l'apport idéologique des Voltaire, Montesquieu,Diderot.

Dans ce domaine plus qu'en tout autre, notre siècle est l'héritier du XVIIIe siècle : celui-ci avait faitl'addition que celui-là a dû payer ! Conclusion : Par-delà les utopies, le XVIIIe siècle nous a montré que l'avenir de l'homme était lié à son action propre: « il faut cultiver notre jardin » s'écrie Candide au bout de son périple; et Voltaire lui-même n'est-il pas l'illustrationde sa maxime : « Le but de la vie humaine, c'est l'action.

» Pourquoi agir si ce n'est pour gagner ses droits, puispour les préserver ? De là l'extrême modernité de l'esprit philosophique qui en nous enseigne que le « combat » pourla raison et l'humanité est une lutte de chaque instant dans laquelle chacun doit s'engager en fonction de sescapacités.. »