Le vivant: déterminisme et finalité ?
Publié le 31/03/2004
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la liberté s'insérant dans la nécessité et la tournant à son profit. « Bergson, L'Énergie spirituelle, 1919. La vie, pour Bergson, tranche radicalement sur la matière. Le monde matériel obéit à des lois immuables et nécessaires. Dans ce monde régi par le déterminisme le plus strict, le vivant introduit l'indétermination et la spontanéité ; d'une façon toujours imprévisible, il « se nourrit« en effet de la matière pour la transformer à son profit. « Dieu et la Nature ne font rien en vain. « Aristote, Du ciel, ive s. av. J.-C.
Le rapprochement entre vivant et machine donne un autre éclairage sur le vivant. Par exemple, l'appareil locomoteur peut être décrit en terme de mécanique. Muscles, ligaments, points d'ancrage sur les os, agencement des os entre eux, font que le corps se meut. Flexion et extension de la jambe sont les effets d'une traction causée par la contraction qui raccourcit les muscles. On peut mesurer longueurs, forces, angles. Comme une machine, le vivant est donc un tout composé de parties en mouvement, sans que le tout soit détruit par ce mouvement. De ce point de vue, le vivant est un automate naturel décrit par l'anatomie, la physiologie et la biologie. La mécanique permet de rendre compte de phénomènes communs à l'inerte, au vivant et au technique. La biologie contemporaine porte ce modèle explicatif mécaniste jusqu'aux phénomènes cellulaires et moléculaires.
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Le jugement téléologique a pour objet la finalité dans les êtres naturelsorganisés.Comment, sans faire référence à un auteur intelligent de la nature, ce quenous interdit la Critique de la raison pure, rendre compte de l'harmonie auto-organisatrice qui se manifeste chez les êtres vivants ? Inversement, alors quela position philosophique du mécanisme pense pouvoir rendre compte desêtres organisés comme s'ils étaient des êtres artificiels, comme une montre,par exemple, l'univers étant une vaste horlogerie, Kant souligne l'irréductibilitédu vivant à ce modèle.
Un être vivant semble, à la différence d'une montre,pouvoir se reproduire lui-même, se réparer lui- même, comme si le tout et lesparties étaient dans un lien d'implication causale réciproque et intentionnelle,et pas seulement le produit d'un jeu de causes aveugles.
Il faut donc aussiéviter la solution strictement mécaniste.
Il faut supposer l'idée d'une finnaturelle qui seule peut rendre compte des spécificités observables chez lesêtres organisés.
Cette idée de fin naturelle n'est cependant qu'une idéerégulatrice de la faculté de juger et non une idée constitutive del'entendement.
Le jugement téléologique n'est qu'un guide dans la connaissance desêtres animés.La dialectique du jugement téléologique met en scène l'antinomie opposantd'une part la thèse d'un mécanisme aveugle pour toutes les choses de la nature, et d'autre part l'idée selon laquelle seule une cause finale rend possible certains de ces êtres, justement lesêtres organisés.
La solution de l'antinomie tient en ce que la finalité n'est justement qu'un concept de la faculté dejuger et non de l'entendement : il ne peut servir que de fil conducteur subjectif pour assembler des mécanismespartiels et saisir le fonctionnement global d'un être organisé.
Il faut distinguer cet usage cognitif de la finalité objective interne dans chaque être organisé avec lafinalité externe qui lie les différentes parties de la nature prise comme un tout.Les êtres organisés semblent avoir été faits comme s'ils étaient les uns pour les autres fin et moyen.
Seul l'hommeet son développement comme être de culture pourvu d'une valeur morale absolue peut apparaître comme la findernière de la nature, justifiant une téléologie de l'histoire humaine s'accomplissant dans le déploiement del'humanité de l'homme.
Le vivant : déterminisme et finalité
L'individu, plante ou animal, inscrit sa vie dans celle de son espèce.
Celle-ci subit une évolution.
Or, cette finalitésemble montrer un progrès en vue d'une meilleure adaptation au milieu.
La génétique nous permet de penser ici lerapport entre mécanisme et finalité, dans les transformations de l'organisme.Tout organisme est porteur d'un programme, d'un potentiel génétique transmis, information moléculaire qui peut subirdes mutations contingentes.
Il porte en lui le projet (génotype) dont sa vie est la réalisation (phénotype).
Cettefinalité n'est donc pas une force irrationnelle qui tracerait le destin des êtres, mais l'effet de mécanismes à l'échellemoléculaire.
Le vivant permet donc de penser sans contradiction un déterminisme mécanique et une finalitéspécifique.
« La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort.
» Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort, 1800.
« La vie est l'ensemble des fonctions capables d'utiliser la mort.
» Henri Atlan, Entre le cristal et la fumée, 1979.
« La faculté d'un être d'agir selon ses représentations s'appelle la vie.
» Kant, Doctrine du droit, 1797.
« La vie apparaît comme un courant qui va d'un germe à un germe par l'intermédiaire d'un organisme développé.
»Bergson, L'Évolution créatrice, 1907.Ce courant, c'est précisément l'élan vital, qui se transmet d'individu à individu, de génération à génération, d'espèceà espèce en s'intensifiant toujours davantage et en créant perpétuellement de nouvelles formes, plus complexes queles précédentes..
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