Le visage comme concept philosophique
Publié le 30/04/2022
Extrait du document
«
A la fois perçu comme le support des émotions, et comme le
prolongement du corps humain, le visage avant tout la première image
que nous avons d’une personne.
C’est le biais par lequel nous percevons
en premier lieu la personne que nous rencontrons.
Si l’on peut avoir
l’impression que le visage s’expose au regard d’autrui, il n’en n’est
cependant pas le responsable.
Ce n’est pas lui qui s’expose mais il est
exposé.
Cette exposition au jugement d’autrui peut être perçue comme ce
qui crée une injonction à la beauté du visage, car l’exposition ouvre le
besoin d’être le mieux perçu.e possible.
Telle est l’idée que nous avons quotidiennement et intuitivement
lorsque nous pensons au visage.
Ce rapport a d’ailleurs été remis en
question ces derniers temps, le masque étant perçu comme un élément
venant troubler la perception de la personnalité d’autrui, en privant du
regard une partie de chaque visage.
Mais cette perception du visage n’a-telle pas été différente au cours du temps ? Quels sont les enjeux
philosophiques derrière cette réflexion intuitive à propos du visage ?
En effet, la problématique du visage a été questionnée dans l’histoire
de la philosophie dès l’antiquité, quand on a commencé à se demander si
les traits de caractères des êtres humains pouvaient être figés sur le
visage, un argument que la physiognomonie s’est attaché à démontrer.
Nous reviendrons en détails sur les questionnements que cette doctrine a
suscité.
Outre les débats de la physiognomonie, nous allons donc vois à
présent quels enjeux philosophiques se cachent derrière la notion de
visage, et quels axes majeurs de réflexion ont pu intéresser les
philosophes au cours du temps à propos de ce sujet.
Levinas a été le philosophe le plus influent sur cette problématique en
particulier, puisque sa philosophie apporte une nouvelle notion, celle du
visage comme vraie problématique, notre analyse portera en grande partie
sur lui, cependant, sa réflexion n’étant pas la seule et ne couvrant pas
tous les domaines, nous allons donc nous servir de l’analyse d’autres
auteurs.
~ 3 ~
Meunier Romane
Travail Personnel S5
I.
Comment penser le rapport entre le visage
perçu et l’individu qui le perçoit ?
Réfléchissons dans un premier temps au rapport qui met en
confrontation l’individualité du visage exposé, et le regard d’autrui qui fait
face.
Qu’il soit perçu par une personne seule ou par une collectivité, le
visage est le support de la reconnaissance de l’humanité chez autrui, nous
apprend D.
Le Breton dans « note anthropologique sur la
physiognomonie » (Le Visage, édition autrement) Il est la justification
première de l’humanité d’autrui.
Voyons ce qu’il se passe quand le visage
est perçu.
a) Si la personne qui regarde est une personne seule
Le visage est donc avant tout la première chose que nous percevons
quand nous regardons quelqu’un, ce qui est source de jugement, on est
ensuite susceptible d’apprécier ou de ne pas apprécier celui-ci.
Tout du
moins il nous permet d’avoir une première impression sur la personne.
Cependant, se fier aux apparences ne suffit pas : on peut avoir pour
première impression que quelqu’un a une « bonne tête » ou au contraire
ne pas être à l’aise, et se rendre compte après une discussion avec cette
personne que sa personnalité ne correspond pas avec l’idée que l’on s’est
fait.
A l’inverse, on peut avoir une impression fidèle à la personnalité de
l’individu dès la 1ère perception.
Le visage est donc la preuve que l’on ne
peut jamais vraiment connaître autrui, et que l’esthétique visible du visage
ne dit pas pleinement l’intériorité d’une personne.
Que cela nous apprendil ?
Le visage est donc le signe qu’autrui possède quelque chose qui
relève de la pure individualité, quelque chose à laquelle même en se liant
d’une quelconque relation avec lui, nous ne pourrons pas avoir accès.
Il y a une ambivalence car le visage est la partie la plus exposée au
regard des autres de notre corps alors même que c’est la plus intime, c’est
l’accès à notre personnalité la plus profonde.
Ici intervient une des idées
de Levinas : il pense que le visage, certes, est exposé, mais qu’il faudrait
chercher au-delà de notre simple perception par le regard de celui-ci car
ce que nous voyons peut n’être qu’une figure que l’individu se donne, il
~ 4 ~
Meunier Romane
Travail Personnel S5
n’est qu’une extériorité masquant l’intériorité de la personne, son « vrai »
visage se trouverait caché..
»
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