Le travail rend-il l'homme heureux?
Publié le 16/07/2005
Extrait du document
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Freud considère qu'il est possible, grâce à lui, de sublimer les pulsionssexuelles.
Ainsi, l'artisan qui donne naissance à un objet satisfait autant sonesprit que ses sens.
Il féconde la matière et il accouche d'une oeuvre sortiede ses mains.
"Nous croyons qu'il est au pouvoir du travail scientifique de nousapprendre quelque chose sur la réalité de l'univers et que nousaugmentons par là notre puissance et pouvons mieux organiser notrevie." Freud, L'Avenir d'une illusion, 1927.
Le travail intellectuel est un facteur de progrès pour l'espèce humaine.
Ilpermet à l'homme de développer ses sens, son intelligence, d'acquérir dessavoirs.
Sans la connaissance théorique des lois de la gravitation, aucunenavette spatiale n'aurait pu décoller.
En ce sens, le travail scientifique nousdonne sur la nature un pouvoir mais aussi une responsabilité, car il oriente ledéveloppement des sociétés.
On voit très clairement aujourd'hui que lesdéséquilibres économiques entre le Nord et le Sud de la planète reposent enpartie sur les possibilités, pour certains pays et non pour d'autres, dedévelopper les connaissances fondamentales en physique, en biologie, enmathématiques.
Pour être heureux, il faut se libérer de la nécessité• « Celui qui ne travaille pas ne mangera pas », a écrit saint Paul.
L'homme est un être vivant qui, comme tout êtrevivant, doit satisfaire un certain nombre de besoins.
Or, la satisfaction des besoins n'est pas immédiate : uneactivité, donc une dépense, est requise non seulement pour boire et manger, mais aussi pour se procurer les biensnécessaires.
J.
Locke justifiait la propriété par le travail : dans l'état de nature, le simple geste de cueillir un fruitconfère un droit à celui qui l'accomplit car ce geste est un travail.
• Les besoins ne constituent pas un domaine établi une fois pour toutes, ils changent avec l'histoire et la société.D'une manière générale, le développement économique élargit le domaine des besoins si bien que la nécessité dutravail, loin de disparaître avec les progrès techniques, est sans cesse réaffirmée.
L'animal se contente de vivre.
Le propre de l'homme est de refuser ce «minimum vital».
Voilà qui fait sa particularité.En travaillant, il se libère peu à peu des nécessités naturelles.
N'étant plus directement soumis à ses instincts,l'homme peut s'élever au-dessus de sa condition première et s'occuper du monde qui est véritablement le sien, àsavoir le monde de l'esprit.
Le travail est la réalisation de l'espritHegel a longuement développé cette idée: l'histoire de l'humanité est l'histoirede l'esprit qui, sans en avoir conscience, transforme la nature, se projettedans ses oeuvres, puis comprend que tout ce qui est réel est identique à toutce qui est rationnel, c'est-à-dire à tout ce que l'esprit peut concevoir.
Grâceau travail, l'homme se sent partout chez lui.
Le trésor de raison consciente d'elle-même qui nous appartient,qui appartient à l'époque contemporaine, ne s'est pas produit demanière immédiate, n'est pas sorti du sol du temps présent, maispour lui c'est essentiellement un héritage, plus précisément lerésultat du travail et, à vrai dire, du travail de toutes lesgénérations antérieures du genre humain.
De même que les artsde la vie extérieure, la quantité de moyens et procédés habiles,les dispositions et les habitudes de la vie sociale et politique sontun résultat de la réflexion, de l'invention, des besoins, de lanécessité et du malheur, de la volonté et de la réalisation del'histoire qui précède notre époque, de même ce que noussommes en fait de sciences et plus particulièrement dephilosophie nous le devons à la tradition qui enlace tout ce qui estpassager et qui est par suite passé, pareille à une chaîne sacrée,[...) et qui nous a conservé et transmis tout ce qu'a créé le tempspassé.
Or, cette tradition n'est pas seulement une ménagère qui se contente de garder fidèlement cequ'elle a reçu et le transmet sans changement aux successeurs; elle n'est pas une immobile statuede pierre, mais elle est vivante et grossit comme un fleuve puissant qui s'amplifie à mesure qu'ils'éloigne de sa source.
HEGEL.
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