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Le travail peut-il être pour l'homme autre chose que le moyen de subvenir à ses besoins ?

Publié le 17/01/2022

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Sur un sujet de cette sorte, la réflexion ne saurait être seulement «philosophique«. Le chômage massif dans nos sociétés fait bien apparaître que le travail, s'il permet à l'homme de satisfaire ses besoins premiers, est un facteur très important d'intégration sociale. L'exercice d'une profession est un élément constituant de l'identité d'une personne. Si le travail a une importance sociale, il a aussi une valeur morale. La dignité, l'honnêteté sont des valeurs qui ont pour source le travail. C'est cette dignité que le chômage menace lorsqu'il s'installe pour longtemps dans la vie des gens et les frappe d'exclusion. Les valeurs morales ont un sens pour le groupe, et se retournent contre ceux qui en sont exclus. Ces quelques remarques, que chacun peut faire, suffisent à souligner toutes les implications du travail sur la vie des hommes. La nécessité de «gagner sa vie« n'en est qu'un aspect.

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« Le travail n'est donc pas uniquement voué à satisfaire nos besoins, mais il est également la preuve répétée de notreliberté, c'est-à-dire, de se qui nous différencie de l'animal.

Le travail est donc bien un moyen et non seulement unenécessité.

Il est le moyen de notre liberté. Transition : C'est une distinction de droit qu'opère ici Rousseau.

Tant que travailler relève d'un choix de l'homme, il prouve la liberté humaine.

Mais qu'en est-il dans les faits ? Peut-on librement choisir de ne pas travailler ? La liberté, au contraire, ne doit-elle pas déjà précéder le travail pour que celui-ci la confirme ? II – Le travail peut-il être le moyen d'une libération ? Référence : Marx, Manuscrit de 1844 « Il (l'animal) produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui oupour son petit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produitd'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physiqueimmédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et neproduit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

[...]C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'hommecommence donc à faire réellement ses preuves d'être générique.

Cetteproduction est sa vie générique active.

Grâce à cette production, la natureapparaît comme son oeuvre et sa réalité.

L'objet du travail est doncl'objectivation de la vie générique de l'homme : car celui-ci ne se double paslui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est le cas dans laconscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-mêmedans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que le travail aliéné arrache àl'homme l'objet de la production, il lui arrache sa vie générique, sa véritableobjectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal ence désavantage que son corps non organique, la nature, lui est dérobé.De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, letravail aliéné fait de la vie générique de l'homme le moyen de son existencephysique.

» Marx s'appuie comme Rousseau sur une distinction entre l'homme et l'animal.

Il y a cependant une différence detaille : Chez Rousseau, le travail est signe de la liberté, tandis que chez Marx : « l'homme produit même libéré dubesoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

», autrement dit, on ne peut dire de l'homme qu'ilproduit que pour autant qu'il est déjà libre.

Le travail n'est donc pas une garantie de notre liberté, ni même un signe.Il n'est véritablement un travail que si l'homme est libre. Le travail n'est donc pas le moyen d'une libération.

Il n'a même pas légitimité à être un moyen.

En effet, dès qu'onl'envisage comme tel, il devient une aliénation, c'est-à-dire une négation de notre liberté qui doit toujours leprécéder. Transition : Le travail semble ne pouvoir être une nécessité ou un moyen sans nier la liberté humaine.

Il est bien nécessaire maisnon légitime, puisqu'il est aliénant.

Mais alors pourquoi continuer travailler ? III – Le travail, par delà la nécessité et l'instrumentalité. »

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