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Le travail n'est-il qu'un moyen de subsistance ?

Publié le 27/02/2008

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Hannah Arendt l?explique ainsi : « L?institution de l?esclavage dans l?Antiquité, au début du moins, ne fut ni un moyen de se procurer de la main-d??uvre à bon marché ni un instrument d?exploitation en vue de faire des bénéfices ; ce fut plutôt une tentative pour éliminer des conditions de la vie le travail. Ce que les hommes partagent avec les autres animaux, on ne le considérait pas comme humain. » (Hannah Arendt, Condition de l?homme moderne.) c) L?homme ne pouvait être libre qu?à la condition qu?il s?adonne uniquement au loisir. Pour les Grecs, le loisir seul permet l?activité contemplative, car le travail use l?homme et accapare son énergie alors qu?à l?inverse, le loisir est un temps libre dont on dispose pour cultiver son âme. Comme c?est dans l?âme qu?on trouve l?intellect, qui est la partie la plus élevée de l?être humain, l?activité contemplative est celle qui permet le mieux à l?homme de s?accomplir. En effet, l?intellect seul nous hisse à la dignité d?un être rationnel. Aristote l?exprime ainsi : « Le bonheur parfait consiste (?) dans le loisir (?) Il ne faut donc pas écouter les gens qui nous conseillent, sous prétexte que nous sommes des hommes, de ne songer qu?aux choses humaines et, sous prétexte que nous sommes mortels, de renoncer aux choses immortelles. Mais, dans la mesure du possible, nous devons nous rendre immortels et tout faire pour vivre conformément à la partie la plus excellente de nous-mêmes, car le principe divin, si faible qu?il soit par ses dimensions, l?emporte, et de beaucoup, sur toute autre chose par sa puissance et sa valeur. » (Aristote, Ethique à Nicomaque.
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« 2. a) On peut prendre le contre-pied de la thèse d'Aristote, et soutenir qu'en finde compte, c'est l'esclave qui pense et le maître qui végète.

« Le maître forcel'Esclave à travailler.

Et en travaillant, l'Esclave devient maître de la Nature.Or, il n'est devenu l'Esclave du Maître que parce que – au prime abord – ilétait esclave de la Nature, en se solidarisant avec elle et en se subordonnantà ses lois par l'acceptation de l'instinct de conservation.

En devenant par letravail maître de la Nature, l'Esclave se libère donc de sa propre nature, deson propre instinct qui le liait à la Nature et qui faisait de lui l'Esclave duMaître.

En libérant l'Esclave de la Nature, le travail le libère donc aussi de lui-même, de sa nature d'Esclave : il le libère du Maître.

» Alexandre Kojève,Introduction à la lecture de Hegel .

Le texte ici cité est un commentaire de la fameuse « dialectique du maître et de l'esclave de Hegel ».

Hegel montre quele travail consiste à transformer cette donnée brute qu'est la nature enquelque chose d'utilisable par l'homme.

Grâce à cette activité transformatrice,l'esclave est porté à faire preuve d'une certaine ingéniosité.

Cela l'encouragemalgré lui à mettre en action son intelligence et à progresser.

Le maître, parcontre, se contente de profiter de ce que lui apporte l'esclave.

Il est dansune situation où il se contente de jouir passivement de ce qu'on lui donne etpar conséquent, il est dans l'incapacité d'évoluer.

Le maître devient alorsdépendant de l'esclave, car ce dernier peut - grâce à son ingéniosité - luiapporter des choses que le maître est incapable de produire par lui-même.

Letravailleur peut alors prendre conscience du fait qu'il a développé un pouvoir réel sur les êtres et les choses.b) Cette conception du travail en change radicalement le statut.

Si les Grecs voyaient dans le travail une activitédégradante, asservissante et indigne d'un homme libre, Hegel considère au contraire que le travail est libérateur.C'est pour ce philosophe le travail qui permet de développer son emprise sur le monde et son indépendance.

Il nepeut donc y avoir d'après Hegel d'homme vraiment libre qui ne connaisse rien du travail.

Mais le sens de travail estétendu, il concerne aussi bien le domaine des nécessités naturelles que celui de la pensée rationnelle.

Le travaildevient alors une activité noble qui ne peut être simplement considérée comme un « moyen de subsistance ».

Elleest une activité à laquelle chacun doit pouvoir prétendre puisqu'elle est ce par quoi on peut devenir libre.

Transition : Toutefois, la théorie hégélienne n'est-elle pas trop angélique ? N'y a-t-il pas des travailleurs qui ne parviennent pas à se libérer ? Le travail aliéné et le travail exploité.

3. a) Cette conception hégélienne du travail s'appuie sur l'hypothèse selon laquelle le produit du travail existe déjàdans la représentation du travailleur et que le travailleur vise cet objet dans son travail.

Il permet donc la réflexiondu travailleur et son dépassement intellectuel puisque le travailleur est amené à schématiser le produit de son travailet à en élaborer les plans.

Dès lors, le travailleur peut s'identifier à ce qu'il produit car il l'imprègne de son identitépropre en le fabriquant.

On pourrait dire que le travailleur actualise ainsi son esprit dans son produit et qu'il y a alorsbien interaction entre l'esprit et la matière.

Malheureusement, le mode de production capitaliste et industriel aliènele travailleur car il exige de ce dernier qu'il effectue une tâche machinale sans que cet ouvrier ait la moindrereprésentation intellectuelle de la finalité de cette tâche.

C'est pourquoi Marx écrit que : « L'objet que le travailproduit, son produit, l'affronte comme un être étranger, comme une puissance indépendante du producteur.

» (Manuscrits de 1844 ) C'est cette opération que Marx qualifie de « travail aliéné » ( alienus signifiant « étranger » en latin).

Dans ce processus, le produit du travail devient étranger au travailleur, et ce de telle façon que ce n'est plusle travail qui libère le travailleur, mais le produit qui domine son producteur, l'ouvrier ne développant plus aucuneénergie libre.b) Par ailleurs, le travail peut encore être exploité.

En effet, le capitaliste (celui qui possède les moyens deproduction) achète la force de travail du prolétaire (celui qui ne peut faire commerce que de sa force de travail),mais il ne rétribue pas le travailleur à proportion de la force de travail que ce dernier a incorporé dans lesmarchandises produites.

Le capitaliste ne rémunère l'ouvrier qu'au minimum vital, c'est-à-dire juste assez pour que letravailleur puisse renouveler sa force de travail.

En transformant la matière brute, le prolétaire crée de la valeurajoutée : il transforme la matière en un produit utilisable.

C'est cette valeur ajoutée dont le capitaliste tire le salairede l'ouvrier ainsi que son bénéfice.

Le bénéfice est alors considéré comme une plus-value, c'est-à-dire un valeurtirée du travail accompli par l'ouvrier mais pour lequel celui-là n'est pas payé, et que le capitaliste s'approprie doncgratuitement.

Cette plus-value est ainsi une valeur supplémentaire, produite par le travailleur, et pour laquelle il nereçoit aucune rétribution.

Il s'agit donc d'une exploitation du travail de l'ouvrier.

Marx résume le processus en cestermes : « La production de plus-value n'est autre chose que la production de valeur, prolongée au-delà d'uncertain point.

Si le processus de travail ne dure que jusqu'au point où la valeur de la force de travail payée par lecapital est remplacée par un équivalent nouveau, il y a simple production de valeur ; quand il dépasse cette limite, ily a production de plus-value.

» Marx, Le Capital . c) Si le travail est libérateur, il ne l'est pas sous n'importe quelle forme.

En réalité, il s'en faut de peu pour qu'ilredevienne un travail asservissant et qu'on ne puisse véritablement plus voir en lui rien d'autre qu'un moyen desubsistance.

Il doit donc être encadré dans un système légal pour ne pas dégénérer tant et si bien qu'il redonneraitraison à la conception grecque du travail.. »

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