Le travail n'est-il qu'un gagne pain ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document

L'homme veut gagner sur la Nature mais se
perd lui-même dans ce mouvement.
LE TRAVAIL COMME ACOMPLISSEMENT DE SOI
Rousseau le souligne : l'homme se
différencie de l'animal par sa perfectibilité, c'est-à-dire qu'il ne naît pas
avec toutes ses capacités, mais qu'il peut les développer tout au long de sa
vie, alors que l'animal n'agit que par instinct. Par le travail, l'homme
développe ses facultés tant physiques que spirituelles, le travail de la
matière, offrant une résistance, le pousse à trouver des solutions adaptées afin
de répondre à ses besoins. Par là, le travail n'est pas un simple gagne-pain, il
pousse au contraire l'homme à éprouver ses capacités. Par ailleurs, le travail
humaine tant l'homme que la Nature qui l'environne.
De plus, renversant la
perspective classique, Hegel, par l'exposé de sa dialectique du Maître et de
l'esclave, met en avant que le premier est condamné à être tributaire du regard
et des actions de son serviteur alors que ce dernier, au contact de la matière,
repousse les limites de son être. Travailler, c'est gagner son autonomie au sens
fort du terme, sortir de cet état d'asservissement aux besoins pour les dominer
et y répondre en conscience.
Enfin, ce que dénonce
Marx, ce n'est pas tant le travail lui-même que les conditions dans lesquelles
il s'effectue. Ce qui réduit le travail à un gagne-pain, c'est lorsqu'il fait de
l'homme un moyen et non une fin. Le travail possède une valeur d'échange, qu'il
soit verbal ou économique.
« Gagner son pain à la sueur de son front « : c’est la condamnation énoncée par Dieu envers Adam, la rupture avec l’état d’innocence du Jardin d’Eden. Et la Modernité, avec l’émergence de la partition du travail, semble avoir renouvelé l’équivalence stricte et exclusive entre travail et subsistance.
Cependant, considérer le travail comme un gagne-pain semble très historiquement connoté : ne voir que le travailleur aliéné abruti par sa tâche renvoie à la critique marxiste qui correspond à l’essor industriel du dix-neuvième siècle. Quelles sont dès lors les conditions réduisent le travail à sa dimension de subsistance ? Comment concilier le travail et une certaine éthique du bonheur ?
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