Le travail est-il une nécessité, une contrainte, une obligation ?
Publié le 03/02/2004
Extrait du document
- Analyse du sujet
- Problématique
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confère un droit à celui qui l'accomplit car ce geste est un travail.
(Léviathan)· Les besoins ne constituent pas un domaine établit une fois pour toutes, ils changent avec l'histoire et la société.D'une manière générale, le développement économique élargit le domaine des besoins si bien que la nécessité dutravail, loin de disparaître avec les progrès techniques, est sans cesse réaffirmée.· Certains individus, certaines classes ou castes, au cours de l'histoire paraissent avoir échappée au travail.
Cela nesignifie pas que celui-ci pourrait n'être pas nécessaire, cela signifie seulement qu'il y a eu, à cause de la structureinégalitaire des sociétés, déport et décharge du travail de certaines catégories de la population sur d'autres.· Le fait que le travail soit vécu comme un malheur, une véritable fatalité, montre assez le caractère nécessaire dutravail.
Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pas être : le travail est la plus directe des nécessités puisque sans luila vie ou la survie n'est plus assurée.
2) Le travail est aussi un droit · Observons d'abord que le travail n'est pas une nécessité naturelle : les animaux, au sens rigoureux du terme, netravaillent pas.
Le travail n'est chez l'homme jamais une affaire privée, lors même qu'il serait effectué dans la plusgrande des solitudes, il engage la société tout entière.
Pas de travail, en effet, sans organisation du travail, doncsans système de règles et de lois.· Mais dire que le travail est un droit ne signifie pas seulement qu'il fasse partie du droit : c'est affirmer que touthomme a droit au travail comme à l'expression de sa liberté d'homme.
Puisque la vie dépend de la satisfaction desbesoins et celle-ci ne peut être assurée que grâce au travail, le droit au travail apparaît comme aussi élémentaireque la liberté d'expression.· Mais si le travail est une nécessité, comment expliquer qu'il puisse être également un droit ? Un droit n'existequ'au-delà de l'évidence naturelle : on ne dira pas, par exemple, que le sommeil est un droit.
En fait, le droit autravail est apparu comme concept au siècle dernier, à la faveur des premières grandes crises économiques de l'âgeindustriel.
Avec ces crises, le chômage de masse qui s'ensuivit, le travail n'apparut plus comme une donnée siévidente.· S'il y a contradiction entre droit et nécessité, elle n'est pas exclusive.
Le travail est à la fois un droit et unenécessité.
3) Le travail : une obligation libératrice · Si la nécessité est d'ordre logique ou naturel, l'obligation est d'ordre moral ou juridique : le respect d'autrui parexemple.
Or, le travail, plus qu'une nécessité, est devenu une obligation.
Il n'est pas purement contrainte naturelleindépassable.
Il est libérateur et constructeur, et c'est en cela qu'il est obligation puisqu'il engage l'humanité del'homme.· Dans cette perspective on peut penser à la dialectique hégélienne du maître et de l'esclave : en travaillant pour unmaître, le valet finit par prendre conscience de l'étendue de son pouvoir sur les êtres et sur les choses et par-làmême du caractère libérateur du travail initialement conçu pour l'asservir.
(Kojève, Introduction à la lecture d'Hegel) ® « En libérant l'Esclave de la Nature, le travail le libère donc aussi de lui-même, de sa nature d'Esclave : il le libèredu Maître.
»· D'ailleurs, du point de vue kantien, le travail est perçu comme une obligation morale, considérée sous l'angle del'activité providentielle : selon Kant, la nature a voulu que l'homme conquière sa liberté dans la culture, c'est-à-direen développant ses virtualités par le travail ; une obligation morale car c'est un devoir de l'homme envers lui-mêmede développer ses facultés, sans lesquelles il resterait inachevé.
Dès lors, l'activité productrice pourrait être conçue– sinon vécue – non plus comme une contrainte, mais comme une oeuvre, dans le double sens d'un geste créateuret d'une action conforme au bien.® « La nature semble même avoir trouver plaisir à être la plus économique possible, elle a mesuré la dotationanimale des hommes si courts et si juste pour les besoins si grands d'une existence commençante, que c'est commesi elle voulait que l'homme dût parvenir par son travail à s'élever de la plus grande rudesse d'autrefois à la plusgrande habileté, à la perfection intérieure de son mode de penser et par là (autant qu'il est possible sur terre) aubonheur, et qu'il dût ainsi en avoir tout seul le mérite et n'en être redevable qu'à lui-même ; c'est aussi comme sielle tenait plus à ce qu'il parvint à l'estime raisonnable de soi qu'au bien être.
» Kant, (Idée d'une histoire universelleau point de vue cosmopolite, troisième proposition) Conclusion ® Le travail naît certes d'une nécessité vitale qui fait que l'homme doit fabriquer lui-même les moyens de sasurvie, mais l'organisation du travail, telle qu'on la connaît, fait apparaître aussi l'angle du droit et nous empêche deréduire le travail à la nécessité pure.® Le travail est bien plutôt une obligation, morale, que l'homme à envers lui-même et envers l'humanité, à savoirdévelopper ses facultés et s'élever au rang d'êtres raisonnables..
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