Le travail est-il un droit?
Publié le 17/03/2005
Extrait du document


«
«Le travail est de prime abord un acte qui se passe entrel'homme et la nature.
L'homme y joue lui-même vis-à-vis de lanature le rôle d'une puissance naturelle.
Les forces dont son corpsest doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement,afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile àsa vie.
En même temps qu'il agit par ce mouvement sur la natureextérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développeles facultés qui y sommeillent.
Nous ne nous arrêterons pas à cetétat primordial du travail, où il n'a pas encore dépouillé son modepurement instinctif.
Notre point de départ c'est le travail sous uneforme qui appartient exclusivement à l'homme.
Une araignée faitdes opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeilleconfond par la structure de ses cellules de cire l'habileté de plusd'un architecte.
Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvaisarchitecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit lacellule dans sa tête avant de la construire dans sa ruche.
Lerésultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dansl'imagination du travailleur.
Ce n'est pas qu'il opère seulement unchangement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise dumême coup son propre but dont il a conscience, qui déterminecomme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner savolonté.
Et cette subordination n'est pas momentanée.
L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent, une attention soutenue, laquellene peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté.
Elle l'exige d'autant plus que, parson objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moins sentir à lui,comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot qu'il est moins attrayant.
»
Marx , « Le Capital »,I, 3 ième section, chapitre 7.
Les premières lignes du texte soulignent le caractère formateur du travail pour l'humanité.
En produisantses conditions de vie, l'homme se produit lui-même, il devient véritablement humain.
Marx définit ensuite le travail, en le comparant à l'activité animale.
Si le travail humain s'en distingue, ce n'est pas par la qualité du produit (les cellules de l'abeilles sont parfaites) mais par la nature de l'activité elle-même.
Le travail est ne transformation conscientede la nature.
Autrement dit travailler suppose l'existence préalable d'un projet à réaliser.
Il en résulte premièrement que le produit dutravail est l'extériorisation ou l'objectivation d'une intention humaine ; deuxièmement que c'est une intention qui impose autravailleur les gestes à accomplir et les techniques à utiliser.
L'existence d'un projet contraint le travailleur.
Il n'agit pas au hasard mais pour réaliser ce qu'il a dans latête.
Ses forces intellectuelles et corporelles ne sont pas mises en oeuvre librement, mais dans un butdéterminé.
C'est en ce sens que le travail n'est pas « attrayant ».
Et parce qu'il n'est pas attrayant et aussi parce qu'il prend du temps, le travail implique un effort de la volonté.
J'ai le droit de «gagner ma vie»L'activité laborieuse est indispensable pour vivre.
A quelques exceptions près, l'homme doit travailler poursatisfaire ses besoins vitaux.
Le travail est donc, au moins, un droit indirect dans la mesure où nul ne peutcontester le droit à une vie d'homme libre que seul permet le travail.
Le travail fait partie des «droits de l'homme»La «Déclaration universelle des droits de l'homme» de 1948 précise que le travail est un droit, c'est-à-dire quechacun doit pouvoir exercer une activité rémunératrice parce que, comme le précise l'article 25, «toutepersonne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille».
Deplus, la propriété est un «droit inviolable et sacré» et elle est le fruit normal du travail.
Le droit au travail, c'est le droit d'existerLe travailleur est en droit d'attendre du travail plus que la simple satisfaction de ses besoins.
En effet, c'estpar le travail que la conscience de soi peut se former.
L'emploi n'est pas seulement le moyen d'assurer sasubsistance, c'est aussi ce qui permet d'être un membre actif de la société.
Ainsi défini, le travail est alors undroit essentiel puisqu'il est constitutif de la réalité humaine.Il est impossible de concevoir un devoir que je ne puisse accomplir.
En même temps, je ne peux concevoir undevoir que je ne puisse que remplir : ce serait confondre devoir et nécessité.
Ainsi, manger est une nécessité,non un devoir.
C'est donc bien le droit - au sens de liberté - qui est au fondement du devoir.
- Le droit autravail, c'est la libre décision de travailler ou non à mon humanité et d'en être ainsi entièrement responsable.Notons qu'il y a toutes sortes de travaux humains possibles, dont par exemple ce qu'on appelle le « travail à lamaison » pour les femmes qui « ne travaillent pas » !
Méda: Que signifie la reconnaissance du droit au travail ? Que l'individu dispose d'une créance sur la société et qu'il va pouvoir obliger celle-ci - donc l'État - à lui fournir du travail.
De plus, cettereconnaissance ébranlerait l'organisation sociale fondée sur la coexistence d'une classe d'employeurs qui.
»
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