LE TRAVAIL EST-IL UN DROIT ?
Publié le 17/03/2004
Extrait du document


«
résultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.
Ce n'est pas qu'il opèreseulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il aconscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté.
Et cettesubordination n'est pas momentanée.
L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes quiagissent, une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté.Elle l'exige d'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il sefait moins sentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot qu'il est moinsattrayant.
»
Marx , « Le Capital »,I, 3 ième section, chapitre 7.
Les premières lignes du texte soulignent le caractère formateur du travail pour l'humanité.
En produisant sesconditions de vie, l'homme se produit lui-même, il devient véritablement humain.
Marx définit ensuite le travail, en le comparant à l'activité animale.
Si le travail humain s'en distingue, ce n'est pas par la qualité du produit (les cellules de l'abeilles sont parfaites) mais par la nature de l'activité elle-même.
Le travail est ne transformation consciente de la nature.
Autrementdit travailler suppose l'existence préalable d'un projet à réaliser.
Il en résulte premièrement que le produit du travail est l'extériorisation oul'objectivation d'une intention humaine ; deuxièmement que c'est une intention qui impose au travailleur les gestes à accomplir et les techniques àutiliser.
L'existence d'un projet contraint le travailleur.
Il n'agit pas au hasard mais pour réaliser ce qu'il a dans la tête.
Sesforces intellectuelles et corporelles ne sont pas mises en oeuvre librement, mais dans un but déterminé.
C'est en cesens que le travail n'est pas « attrayant ».
Et parce qu'il n'est pas attrayant et aussi parce qu'il prend du temps, le travail implique un effort de la volonté.
J'ai le droit de «gagner ma vie»L'activité laborieuse est indispensable pour vivre.
A quelques exceptions près, l'homme doit travailler pour satisfaireses besoins vitaux.
Le travail est donc, au moins, un droit indirect dans la mesure où nul ne peut contester le droità une vie d'homme libre que seul permet le travail.
Le travail fait partie des «droits de l'homme»La «Déclaration universelle des droits de l'homme» de 1948 précise que le travail est un droit, c'est-à-dire quechacun doit pouvoir exercer une activité rémunératrice parce que, comme le précise l'article 25, «toute personne adroit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille».
De plus, la propriétéest un «droit inviolable et sacré» et elle est le fruit normal du travail.
Le droit au travail, c'est le droit d'existerLe travailleur est en droit d'attendre du travail plus que la simple satisfaction de ses besoins.
En effet, c'est par letravail que la conscience de soi peut se former.
L'emploi n'est pas seulement le moyen d'assurer sa subsistance,c'est aussi ce qui permet d'être un membre actif de la société.
Ainsi défini, le travail est alors un droit essentielpuisqu'il est constitutif de la réalité humaine.Il est impossible de concevoir un devoir que je ne puisse accomplir.
En même temps, je ne peux concevoir un devoirque je ne puisse que remplir : ce serait confondre devoir et nécessité.
Ainsi, manger est une nécessité, non undevoir.
C'est donc bien le droit - au sens de liberté - qui est au fondement du devoir.
- Le droit au travail, c'est lalibre décision de travailler ou non à mon humanité et d'en être ainsi entièrement responsable.
Notons qu'il y atoutes sortes de travaux humains possibles, dont par exemple ce qu'on appelle le « travail à la maison » pour lesfemmes qui « ne travaillent pas » !
Méda: Que signifie la reconnaissance du droit au travail ? Que l'individu dispose d'une créance sur la société et qu'il va pouvoir obliger celle-ci - donc l'État - à lui fournir du travail.
De plus, cette reconnaissance ébranleraitl'organisation sociale fondée sur la coexistence d'une classe d'employeurs qui donne, quand elle le peut, du travailaux ouvriers : « Est-il vrai, oui ou non, que les hommes apportent en naissant le droit à la vie ? Est-il vrai, oui ounon, que le pouvoir de travailler est le moyen de réalisation du droit de vivre ? Est-il vrai, oui ou non, que siquelques-uns parviennent à s'emparer de tous les instruments de travail, à accaparer le pouvoir de travailler, lesautres seront condamnés, par cela même, à se faire esclaves des premiers, ou à mourir ? [...] Les socialistes del'époque [1848 NDE] se livrent donc également à une véritable critique en règle du contrat, masque d'une purerelation de domination : la pseudo-liberté qui est celle de l'ouvrier contractant avec le patron est un mythe, carl'ouvrier est obligé de vendre son corps-travail, alors que le patron peut toujours attendre ou faire jouer laconcurrence.
[...] La vraie liberté du travail ne peut donc prendre son sens que si elle est appuyée sur le droit autravail, sinon les conditions sont toujours déjà inégales.
Seul le droit au travail, véritable droit réel, droit-créance,est capable de venir à bout de cette inégalité et de mener à son terme la Révolution de 1789 qui n'a su mettre enplace, reconnaître et protéger que des droits formels.
[...]Que répondent les libéraux à ces arguments ? Que le droit au travail attente à la liberté et à la réciprocitécontractuelle.
[...] Qu'en lieu et place des individus libres et responsables on va définir une entité, qui sera lesupport d'obligations, et qu'il ne pourra s'agir que de l'État.
On entend donc donner à celui-ci le pouvoir decontraindre des individus.
La méconnaissance de la liberté et de la réciprocité contractuelle, la substitution auxrapports entre individus de rapports obligeant la société tout entière ouvrent de surcroît la porte à la guerre civile,à l'opposition de classes entre elles : l'État risque tout simplement d'être pris en otage par la classe ouvrière pour.
»
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