Le travail est-il seulement une nécessité?
Publié le 13/02/2005
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assez le caractère nécessaire du travail.
Est nécessaire ce qui ne peut pas ne pasêtre : le travail est la plus directe des nécessités puisque sans lui la vie ou la survien'est plus assurée. 2) Le travail est aussi un droit · Observons d'abord que le travail n'est pas une nécessité naturelle : les animaux, au sens rigoureux du terme, ne travaillent pas.
Le travail n'est chez l'homme jamaisune affaire privée, lors même qu'il serait effectué dans la plus grande des solitudes,il engage la société tout entière.
Pas de travail, en effet, sans organisation dutravail, donc sans système de règles et de lois. · Mais dire que le travail est un droit ne signifie pas seulement qu'il fasse partie du droit : c'est affirmer que tout homme a droit au travail comme à l'expression de saliberté d'homme.
Puisque la vie dépend de la satisfaction des besoins et celle-ci nepeut être assurée que grâce au travail, le droit au travail apparaît comme aussiélémentaire que la liberté d'expression. · Mais si le travail est une nécessité, comment expliquer qu'il puisse être également un droit ? Un droit n'existe qu'au-delà de l'évidence naturelle : on ne dirapas, par exemple, que le sommeil est un droit.
En fait, le droit au travail est apparucomme concept au siècle dernier, à la faveur des premières grandes criseséconomiques de l'âge industriel.
Avec ces crises, le chômage de masse quis'ensuivit, le travail n'apparut plus comme une donnée si évidente. · S'il y a contradiction entre droit et nécessité, elle n'est pas exclusive.
Le travail est à la fois un droit et une nécessité.
a) Droit et devoir - parce que je dois, il faut que je puisse.
Il est impossible de concevoir un devoir que je ne puisse accomplir.
En même temps, je ne peux concevoir un devoirque je ne puisse que remplir : ce serait confondre devoir et nécessité.
Ainsi, manger est une nécessité, non undevoir.
C'est donc bien le droit - au sens de liberté - qui est au fondement du devoir.
- Le droit au travail, c'est lalibre décision de travailler ou non à mon humanité et d'en être ainsi entièrement responsable.
Notons qu'il y a toutessortes de travaux humains possibles, dont par exemple ce qu'on appelle le « travail à la maison » pour les femmesqui « ne travaillent pas » !
b) Conditions d'exercice de ce droit - un travail libéré de l'aliénation.
Mais ce travail auquel je dois pouvoir prétendre doit être libéré des aliénations qui le menacent : pour Marx, le « vrai» travail est « affirmation de soi », « satisfaction », « libre énergie physique et intellectuelle », au sens où je doispouvoir m'y humaniser.
Marx a analysé le projet inhérent à l'activité laborieuse : l'objet désiré préexiste « idéalement » dans l'esprit dutravailleur, et cela détermine une évolution intellectuelle de l'homme, en éveillant en lui « des facultés quiy sommeillent ».
D'où la formule de L'Idéologie allemande : « On peut définir l'homme par la conscience, par lessentiments et par tout ce que l'on voudra, lui-même se définit dans la pratique à partir du moment où il produit sespropres moyens d'existence » : il n'y ainsi d'humanité authentique (au moins au sens générique) que par le travail etgrâce au travail.De façon plus abstraite, Hegel avait antérieurement montré que le stade final de la liberté (la liberté en-soi-pour-soi) ne se réalise que dans le travailleur.
Dialectique : processus de pensée qui prend en charge des propositions apparemment contradictoires et se fondesur ces contradictions afin de faire émerger de nouvelles propositions.
Ces nouvelles propositions permettent deréduire, de résoudre ou d'expliciter les contradictions initiales.
Cf.
la dialectique du maître et de l'esclave : l'esclave, en se retrouvant dans ce qu'il a produit, se définit finalementcomme conscience ayant sa réalité dans le monde et sans devoir passer par le maître — tandis que ce dernier atoujours besoin de son esclave pour se repérer (pour trouver la satisfaction de son désir et se définir commemaître).
Hegel, dans Phénoménologie de l'Esprit, nous fait le récit d'une certaine lutte entre deux consciences.
Celles-cis'affrontent afin d'être reconnues par l'autre.
Le vainqueur, qui deviendra maître, est celui qui accepte le risque demort ; le vaincu, qui deviendra l'esclave de l'autre, est celui qui reste trop attaché à la vie.
La suite du récitcependant met en évidence une inversion des rôles.
L'esclave, en travaillant, acquière une certaine autonomie,contrairement au maître qui perd sa liberté en devenant complètement dépendant de l'esclave.
Le travail, en cesens, ne peut pas être regardé comme une perte de temps.
Il permet à l'homme de s'affranchir d'un état de servilitéinitiale..
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