Le travail est-il dénaturant pour l'homme
Publié le 25/02/2005
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de la science : l'arme nucléaire, par exemple, est-elle seulement la perversion d'un pur et innocent désir deconnaître ? ou bien, la science est-elle responsable, dès son principe, des terrifiantes applications qu'on en peutfaire ?• Les dangers que font aujourd'hui courir à l'humanité les progrès techniques (cf.
également les manipulationsgénétiques) mettent-ils en cause l'usage qu'on fait de la science ou la science elle-même ? « L'esprit humain,déclarait Auguste Comte, doit procéder aux recherches théoriques en faisant complètement abstraction de touteconsidération pratique » (Comte, Cours de philosophie positive, 1830/1842).
Mais est-il possible, et si oui, est-illégitime de procéder de la sorte ? Quelle que soit votre réponse, la question est incontournable dans tout devoirtournant autour de la valeur de la science.
• Au XIXe siècle, avec la mécanisation, les différentes tâches d'un même travail sont réparties entre plusieurstravailleurs.
L'ouvrier n'est plus producteur mais opérateur; il n'effectue plus qu'une seule opération.
L'objet fabriquépar des dizaines de mains n'appartient plus à personne.
Le travail est dépersonnalisé : Marx parle d'aliénation* et dedépossession.
Même si le rendement est meilleur, le travailleur ne peut plus donner un sens à son travail.
• Au XXe siècle, se développe l'hyperspécialisation qui génère une technologie poussée à l'extrême : seuls lesexperts dirigent et la quantité prime sur la qualité.
III.
Le travail ne se réduit pas à la division d'un travail mécanique.
Il peut s'agir par exemple de travail individuel et/ou intellectuel.
le travail n'est pas toujours subi, mais peut-être choisi.Dans ce cas, il permet, certes d'échapper à l'ennui et au malheur, mais il peut surtout permettrel'accession au bonheur.
Or, le bonheur ne peut venir que de l'accomplissement,l'épanouissement de soi, c'est-à-dire de notre nature.
Donc le travail, en soi, loin d'être contrenature, fait partie de la nature humaine. Seuls certains types de travaux, évoqués plus haut, nuisent à son accomplissement, mettons les de côté et concentrons-nous sur le travail en général.
D'abord, letravail permet d'échapper à l'ennui et donc au malheur, comme le rappelle Nietzsche [8] : « Pour échapper à l'ennui, l'homme, ou bien travaille au-delà de ce qu'exigent ses besoins normaux, ou bien il invente lejeu, c'est-à-dire le travail qui n'est plus destiné à satisfaire aucun autre besoin que celui du travail pourlui-même.
» Il est, de plus, condition d'accession au bonheur, à ce sujet, Alain [9] écrit qu'« un travail réglé et des victoires après des victoires, voilà sans doute la formule du bonheur.
» Il faut doncdistinguer le travail qui procure du plaisir au travail qui va donc à l'encontre de la nature humaine.Alain [10] fait par exemple une distinction entre le travail utile, qui procure du plaisir, et celui qui va à l'encontre de la nature sociale humaine, qui divise les hommes : « le travail utile est par lui-même unplaisir ; par lui-même, et non par les avantages qu'on en retirera.
» et que « le vrai travail est avecl'homme ; c'est le travail des champs et des jardins, les heureux échanges formés sous le regard, et ladivision du travail, mais non point poussée jusqu'à la division des hommes.
»
[1] Traité de la nature humaine
[2] Le livre de Job
[3] Manuscrits de 1844
[4] Origines et fondements de l'inégalité parmi les hommes
[5] Ibid.
[6] Le Capital, Livre I, IVe section, chapitre XV, IV (La fabrique)
[7] De la division du travail social
[8] Humain, trop humain
[9] Propos du 18 mars 1911
[10] Propos du 6 novembre.
»
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