Le travail
Publié le 19/04/2024
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«
1-Comment définir le travail ?
1.
Définition
Travail : viendrait du latin tripalium (trois pieux), qui désigne un instrument de torture pour attacher
les bêtes durant le labour de la terre.
Cette étymologie place le travail du côté de la souffrance, de
la contrainte.
Elle est cependant discutée, le terme de travail pourrait dériver de l’espagnol
médiéval trabajo et signifierait un effort qui rencontre une résistance pour atteindre son but.
Le travail désigne :
-l'activité de production de l’homme, par laquelle il modifie son environnement pour se
donner les moyens de subvenir à ses besoins ;
-toute activité humaine, manuelle ou intellectuelle par laquelle l’homme fournit un effort
prolongé ;
-une activité rétribuée, effectuée en vue d’un gain (« chercher un travail ») ;
-une souffrance du corps - ce sens est plus rare : on dira d’une femme sur le point
d’accoucher que « le travail a commencé ».
2.
Le travail est le propre de l'homme
Le travail est le propre de l’homme : on ne dira pas des animaux qu’ils travaillent, ou alors cela
signifie qu’ils aident l’homme dans son travail, comme les chevaux le faisaient dans les mines au
XIXe siècle.
On peut même dire que l’homme n’accède à son humanité que par le travail.
C’est ce que
montre Hegel dans la dialectique du maître et de l’esclave : par le travail, l’homme transforme son
rapport au monde, il ne vit plus seulement dans la satisfaction immédiate de ses désirs, acquiert de
la maîtrise, et ainsi il accède, à terme, à la liberté.
Le travail permet d’acquérir une compétence et
donc valorise le travailleur qui modifie le monde pour le rendre humain.
Beauvoir, dans Le deuxième sexe, reprend les grandes lignes de cette thèse.
Elle confirme d’abord
que dans le travail l’homme se « réalise comme existant ».
Mais elle précise aussi que le terme
« homme » désigne ici le masculin.
Pendant que l’homme-masculin transforme le monde par son
travail, il s’assure aussi une domination sur le genre féminin qui sera longtemps exclu du monde
travail.
3.
La division du travail
Chaque travail n’est possible que parce que chacun bénéficie du travail des autres membres de la
société.
Le boulanger ne pourrait pas préparer son pain s’il n’y avait pas des paysans pour récolter
le blé, des forgerons pour préparer ses outils (Locke), etc.
L’organisation des sociétés est fondée sur la division du travail.
Chacun doit se spécialiser dans un
métier particulier, être capable d’accomplir des tâches précises.
Il faut des ouvriers, des agriculteurs,
des artisans, des médecins, etc.
Hegel montre que la division du travail engendre des différences de statut social, des différences de
pouvoir d’achat, et des rapports de forces particuliers.
Le travail, en créant ces différences de statuts
sociaux et des disparités de richesses, devient un facteur d’injustices sociales profondes.
En revanche, cette division des tâches produit un accroissement de la production et un
enrichissement de la nation qui peuvent permettre à cette dernière d’assurer la répartition des biens
nécessaires à la vie auprès du plus grand nombre.
Tel est l’espoir d’Adam Smith : il considère que la
modification du mode productif peut-être un facteur de progrès économique certes, mais surtout
social.
2 Le travail n’est-il qu’une contrainte ?
1.
Le travail est une contrainte
Le travail semble par définition être avant tout une contrainte : il provient d’une nécessité première,
celle de subvenir à ses besoins (contrainte intérieure, celle de la nature humaine) ; il
est affrontement de la matière (contrainte extérieure de la nature), et il est imposé par la structure
sociale (contrainte sociale).
On peut donc se demander si le travail est réalisation de
soi ou aliénation.
Selon Marx, le travail peut être aliénant : il altère la nature de l’homme en l’asservissant, le rendant
étranger à lui-même.
Le travail peut être aliénant de trois manières :
-lorsque le travailleur est dépossédé des fruits de son travail (comme l’ouvrier dont les
efforts ne servent que l’entreprise) ;
-lorsque le travail entraîne des pathologies physiques ou un épuisement ;
-lorsque le travail est moralement éprouvant et déséquilibre le psychisme.
Le travail n’est pas une activité détachée du milieu économique, il peut donc aussi être
exploité.
L'exploitation est le fait d’une partie de la population qui possède les moyens de
production (les bourgeois) contre la majorité qui ne possède que la force de travail (le prolétariat).
On parle d’exploitation lorsque le travailleur est dépossédé des fruits de son travail (comme
l’ouvrier dont une partie des efforts – le surtravail – ne sert que l’employeur.)
2.
Le travail n’est pas que contrainte, il est formation de soi et condition de la liberté
On peut considérer avec Hegel que le travail est une contrainte libératrice et formatrice.
Le travail forme de plusieurs façons :
-le travail permet l’acquisition de compétences ;
-contrairement à la jouissance immédiate, le travail prend du temps, il apprend à faire des
efforts pour réaliser un objectif ;
-l’homme prend conscience de son pouvoir de transformer la nature lorsqu’il contemple les
produits du travail humain (maisons, routes, objets, etc.) : l'homme, par son travail, transforme le
monde autour de lui pour le rendre plus agréable à habiter et plus conforme à ses désirs.
Le travail contient aussi une valeur morale depuis le christianisme qui considère le travail comme
une punition de Dieu mais aussi un moyen de racheter le péché.
En travaillant, l’homme accomplit
son devoir pour soi-même et pour les autres, en payant son dû à la société dans laquelle il vit.
C’est l’idée même d’un travail qui engage une responsabilité morale, une contrainte du corps et
un épuisement de la pensée qui conduit Nietzsche à le considérer comme « la meilleure des
polices ».
En effet, les individus regroupés au sein de la masse des travailleurs ne sont plus capables
de penser individuellement, ni d’engager une rébellion éventuelle.
3 Travail manuel et travail intellectuel
1.
Une opposition ou un rapprochement ?
Dans l’Athènes antique, les sciences et la philosophie ne sont pas considérées comme des travaux :
elles relèvent du loisir.
Par contraste, on pense que la plupart des travaux manuels et techniques sont
indignes des hommes libres.
Cicéron écrit ainsi dans son Traité des offices : « Tous les ouvriers en
général exercent une profession vile et sordide.
Rien de noble ne pourra jamais sortir d’une
boutique ou d’un atelier ».
Pourtant, les activités intellectuelles se rapprochent des activités laborieuses : elles demandent des
efforts, du temps, elles procurent de la fatigue, elles correspondent à plusieurs métiers (ingénieurs,
professeurs, écrivains, etc.), et peuvent donner lieu à des rémunérations.
2.
Le travail manuel et le travail intellectuel sont formateurs aux mêmes conditions
Dès le Moyen Âge et à l’époque moderne, les artisans revendiquent la valeur de leur savoir-faire
technique (ébénisterie, orfèvrerie, etc.).
Les tâches techniques, de même que le travail intellectuel, reposent sur l’usage de l’intelligence.
Exemple : le boulanger ou l’ouvrier doivent concevoir les étapes de leurs actions comme le fait un
architecte.
Dans de bonnes conditions, les travaux manuels n’ont rien de dégradant, car ils sont formateurs.
Pour Hegel, en travaillant, l’homme renonce à un rapport de consommation immédiate aux choses,
se heurte à la résistance de la matière : « Le travail est désir réfréné, disparition retardée.
Le travail
forme.
»
À partir du XIXe siècle, le problème n’est plus d’opposer les travaux manuels aux travaux
intellectuels ; l’enjeu est d’étudier les travaux qui peuvent être aliénants, et ceux qui au
contraire bénéficient à la vie des travailleurs.
La réflexion portera alors sur les conditions du
travail :
-Simone Weil cherche ainsi à comprendre comment améliorer le travail des ouvriers, en
partageant pendant près d’un an leurs conditions de vie et de travail en usine.
-Alain, pour sa part, considère que le travail intellectuel comme manuel peut être valorisant
s’il respecte deux conditions d’importance hiérarchisée.
Tout d’abord, il faut que le travailleur
puisse organiser ses efforts comme il le souhaite : cette autonomie est essentielle.
Par ailleurs, le
travail sera bien mieux perçu s’il profite à celui qui le réalise.
I.
La définition du travail
Quelle est la définition du travail en philosophie ?
Par définition, le travail est une activité de transformation de la nature à des fins utiles.
II.
La malédiction du....
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