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Le traité 30 de Plotin

Publié le 05/12/2012

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Introduction La troisième Ennéade (dont le Traité 30 fait partie) contient les écrits de Plotin rapporté au monde. Cependant, le thème principal du traité connu par le titre de « Sur la contemplation « (Porphyre l'appellera aussi « Sur la nature, la contemplation et l'Un «) n'est pas forcément un sujet rapporté au monde, mais plutôt le concept de la contemplation et comment celle-ci traverse tous les niveaux de la réalité. Lorsqu'il écrit ce texte, Plotin a son esprit occupé, parmi d'autres choses, par la controverse anti gnostique de son époque. Mais ce grand écrit contre le gnosticisme n'est pas seulement une réponse aux critiques de Plotin mais il vient aussi compléter les discussions commencées dans les traités précédents. Quant au passage que nous commentons ici, à savoir le chapitre 4 du Traité 30 (à partir de la ligne 15), il s'agit d'une réflexion sur l'interprétation du discours de la nature et nous pouvons la diviser en quatre axes principaux. Un premier, qui va de la ligne (selon la schématisation classique des lignes du Traité plotinien) 15 - 25 où l'auteur défend que la nature est une âme, produit d'une autre âme supérieure. Ensuite, entre les lignes 25 - 30, Plotin affirme qu'il y a une contemplation plus évidente que celle de la nature (et dont celle-ci est l'image). Finalement, de la ligne 30 jusque la fin du passage, le philosophe aborde la question de l'action humaine, et argumente que quand la contemplation s'affaibli, l'action devient une ombre de la contemplation et du logos. Commentaire <...

« (lignes 22-25).

Puisque elle a cette conscience imparfaite, elle voit floue l’univers sensible en elle-même.

Ce n’est pas qu’elle contemple l’univers, mais étant la manifestation de l’âme – comme celle-ci l’est de l’intellect – la n ature voit en soi-même, même si de façon imparfaite, toutes les formes intelligibles, ou pour dire autrement, les « raisons » ( logoi ) de ces formes qui seront insérées dans la matière.

Quand elle se regarde et perçoit qui elle est, elle repose tranquilleme nt, car par ce geste elle produit de façon spontanée et instantanée l’univers sensible, le résultat gracieux de sa contemplation (lignes 20-22). Dans d’autres passages de son Traité 30, Plotin avait anticipé que toutes les actions humaines, y compris nos jeux, sont reflex ou tentative de contemplation, et qu’elles doivent se manifester en accord avec une raison, un logos , qui les guide et les accompagne mais qui se distingue des actions elles-mêmes.

Nous savons maintenant que pour Plotin le raisonnement s e confond avec l’objet de l’acte contemplatif ( logos et théoréma ) car la nature, par exemple, est un raisonnement et une contemplation vis-à-vis l’âme universelle, et elle produit l’univers sensible qui est, à son tour, son logos et théoréma à elle.

Ainsi, la perfection du résultat de la contemplation ( théoréma ) dépend de la perfection de la contemplation ( théoria ).

La contemplation de la nature est moins parfaite que celle de l’âme universelle et donc son résultat est imparfait.

Evidemment, cette règle s’a pplique à tous les niveaux de la réalité, ce qui explique pourquoi le produit est toujours ontologiquement inférieur au producteur.

Quand appliquée à la réalité humaine, elle nous permet de comprendre comment l’action et la production sont contemplation. Les deux sont des activités inférieures à l’activité purement contemplative et son résultat est limité au domaine du sensible.

Cependant, action et production sont des choses différentes.

La production implique connaissance et contemplation préalable, c’est pour cela qu’elle est une conséquence de la contemplation, son résultat spontané et naturel.

Les arts, par exemple, sont des productions, conséquence de la contemplation.

D’une certaine façon, la production peut être considérée une vraie contemplation.

Nous pouvons dire que par-là Plotin ouvre les portes de la Cité aux poètes.

Il modifie la conception esthétique de Platon, pour qui l’art n’est que la copie d’une copie.

Pour Plotin, l’art n’est pas une copie de la nature car l’artiste ne cherche pas son modèle dans les choses visibles, mais en soi-même.

Les créations de l’art n’ont pas moins de beauté que celles de la nature, n’étant seulement moins belles que la propre pensée et la contemplation de l’artiste car elles s’affaiblissent lorsqu’elles sont matérialisées.

Il ne s’agit donc pas pour l’artiste de reproduire un simulacre d’une idée, comme on voit chez Platon, mais la propre idée en soi (on peut comprendre mieux cette position de Plotin par la lecture de son traité 31). L’action, à son tour, est une débilité contemplative, simple imitation et une ombre de la contemplation et du logos.

Son champ d’opération est inférieur à celui de la production et elle agit dans ce domaine uniquement par délibération et effort.

L’action, cependant, est encore, dans un sens, contemplative ou du moins tentative de contemplation, car les hommes sont amenés à l’action par le désir de contempler : dans un acte analogue à celui de la contemplation, ils veulent voir sensiblement ce dont ils ne sont pas capables de voir intellectuellement.

Ils veulent que les autres hommes voient aussi le résultat de leur action puisque cela lui paraît une reconnaissance de valeur.. »

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