Le traité 30 de Plotin
Publié le 05/12/2012
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«
(lignes 22-25).
Puisque elle a cette conscience imparfaite, elle voit floue l’univers sensible en
elle-même.
Ce n’est pas qu’elle contemple l’univers, mais étant la manifestation de l’âme –
comme celle-ci l’est de l’intellect – la n ature voit en soi-même, même si de façon imparfaite,
toutes les formes intelligibles, ou pour dire autrement, les « raisons » ( logoi ) de ces formes qui
seront insérées dans la matière.
Quand elle se regarde et perçoit qui elle est, elle repose
tranquilleme nt, car par ce geste elle produit de façon spontanée et instantanée l’univers sensible,
le résultat gracieux de sa contemplation (lignes 20-22).
Dans d’autres passages de son Traité 30, Plotin avait anticipé que toutes les actions
humaines, y compris nos jeux, sont reflex ou tentative de contemplation, et qu’elles doivent se
manifester en accord avec une raison, un logos , qui les guide et les accompagne mais qui se
distingue des actions elles-mêmes.
Nous savons maintenant que pour Plotin le raisonnement s e
confond avec l’objet de l’acte contemplatif ( logos et théoréma ) car la nature, par exemple, est
un raisonnement et une contemplation vis-à-vis l’âme universelle, et elle produit l’univers
sensible qui est, à son tour, son logos et théoréma à elle.
Ainsi, la perfection du résultat de la
contemplation ( théoréma ) dépend de la perfection de la contemplation ( théoria ).
La
contemplation de la nature est moins parfaite que celle de l’âme universelle et donc son résultat
est imparfait.
Evidemment, cette règle s’a pplique à tous les niveaux de la réalité, ce qui explique
pourquoi le produit est toujours ontologiquement inférieur au producteur.
Quand appliquée à la
réalité humaine, elle nous permet de comprendre comment l’action et la production sont
contemplation.
Les deux sont des activités inférieures à l’activité purement contemplative et son
résultat est limité au domaine du sensible.
Cependant, action et production sont des choses
différentes.
La production implique connaissance et contemplation préalable, c’est pour cela
qu’elle est une conséquence de la contemplation, son résultat spontané et naturel.
Les arts, par
exemple, sont des productions, conséquence de la contemplation.
D’une certaine façon, la
production peut être considérée une vraie contemplation.
Nous pouvons dire que par-là Plotin
ouvre les portes de la Cité aux poètes.
Il modifie la conception esthétique de Platon, pour qui
l’art n’est que la copie d’une copie.
Pour Plotin, l’art n’est pas une copie de la nature car
l’artiste ne cherche pas son modèle dans les choses visibles, mais en soi-même.
Les créations de
l’art n’ont pas moins de beauté que celles de la nature, n’étant seulement moins belles que la
propre pensée et la contemplation de l’artiste car elles s’affaiblissent lorsqu’elles sont
matérialisées.
Il ne s’agit donc pas pour l’artiste de reproduire un simulacre d’une idée, comme
on voit chez Platon, mais la propre idée en soi (on peut comprendre mieux cette position de
Plotin par la lecture de son traité 31).
L’action, à son tour, est une débilité contemplative, simple imitation et une ombre de la
contemplation et du logos.
Son champ d’opération est inférieur à celui de la production et elle
agit dans ce domaine uniquement par délibération et effort.
L’action, cependant, est encore,
dans un sens, contemplative ou du moins tentative de contemplation, car les hommes sont
amenés à l’action par le désir de contempler : dans un acte analogue à celui de la contemplation,
ils veulent voir sensiblement ce dont ils ne sont pas capables de voir intellectuellement.
Ils
veulent que les autres hommes voient aussi le résultat de leur action puisque cela lui paraît une
reconnaissance de valeur..
»
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