Le temps est-il notre ennemi ou notre allié ?
Publié le 07/11/2005
Extrait du document

- La problématique.
- Le plan.

«
déroule la succession des événements.Quant au concept d'ennemi, il signifie ici « réalité tendant à détruire ou à nuire », mais aussi, en un sens plus faible,« toute chose qu'un homme juge contraire à son bien ».
La première signification semble plus dynamique que laseconde et s'accorde, sans doute, davantage avec les diverses images ou métaphores du temps.
Il en est de mêmeen ce qui concerne le terme d'allié : un allié désigne une personne ou une réalité apportant à une autre son appuiet, à la limite, désigne un ami.
Un allié m'est uni par un traité « d'alliance », de manière à me fournir son aide.L'intitulé du sujet signifie donc, stricto sensu : le changement perpétuel transformant le présent en passéreprésente-t-il une réalité tendant à me nuire ou bien un allié m'apportant son appui pour les tâches quim'incombent?• Cet intitulé pose, en filigrane, le problème de la condition humaine : suis-je voué, par la médiation temporelle, à ladégradation et au néant, ou bien le temps m'apporte-t-il l'accomplissement et la réalisation de la Personne ? Letemps me renvoie toujours à ma finitude, mais cette dernière représente-t-elle le malheur de la conscience ?
Première partie: le temps est notre ennemi.
Examinons d'abord le temps, sous son aspect qualitatif et vécu : il semble être pour l'homme ce qui le limite et voueà l'absurde son action dans le monde.
Il paraît, en effet, en première analyse, représenter une réalité introduisantdans notre vie le négatif, comme nous allons tenter de le montrer.
a.
Le temps, changement perpétuel transformant notre présent en passé.
Irrationalité de ce changement.
Comment le temps pourrait-il se présenter comme notre allié ? En transformant perpétuellement notre présent enpassé, il nous renvoie à une étrange privation d'être, constitutive de notre existence.
En effet, notre passé estformé de non-être.
Ce qui fut pour nous joie, bonheur, densité et plénitude de l'existence concrète, qualité etpureté de l'instant, n'est promis, à travers la malédiction du temps, qu'à la décevante corruption, à un étrange non-être où l'homme, étonné et angoissé, se retrouve dépossédé de son être même et de sa vie.Le temps est privation d'être, comme l'affirmait déjà Aristote dans la Physique. Ainsi y a-t-il, dans le temps, un mystère, lequel réside en ce manque d'êtrequi le caractérise.
Le temps est une énigme où la pensée se perd et s'égare !Le passé n'est plus, le présent fuit sans cesse, dans le passé.
L'avenir n'estpas encore : non, il n'y a rien de concret dans le temps ; tout, en lui, estfuite, évanescence, inexistence, étrange opacité ; le temps m'échappe danssa substance même.
Qui nous dira le secret du Temps, ce secret où, parfois,nous croyons appréhender le Rien qui est notre substance même ?
b.
Temps.
Irréversibilité.
Mort.
Creusons davantage cette première idée : si le temps est mon ennemi, s'il meprive de ma substance, de mon être et de ma joie, c'est en raison del'irréversibilité qui est sienne.
Alors que l'espace est réversible, puisque je vaisde Paris à Nice, et de Nice à Paris, le temps, au contraire, est irréversible.
Ilse manifeste à moi dans l'irréversibilité des changements.
Déjà Héracliteaffirmait que ceux qui descendent dans le même fleuve se baignent en uneeau toujours nouvelle.
Cette irréversibilité me signale que le temps est monennemi, qu'il travaille contre moi et défait mes oeuvres.
Le temps est lamarque de mon impuissance existentielle.
« Temps, marque de monimpuissance.
Étendue, de ma puissance », écrivait justement Lagneau.Mais il tend aussi à me nuire parce qu'il m'apporte la mort, parce qu'il véhiculela corruption temporelle.
Il fait pénétrer en moi le négatif et la dissolution : cette division qu'il introduit, au coeurmême de mon vécu, m'annonce et symbolise ma mort à venir.
Oui, le temps est l'autre face de la mort.
En cetétrange mystère de la temporalité, je découvre ma finitude, mon existence-pour-la-mort, j'aperçois mes entreprisespénétrées tout entières par l'irrationnel, cette limite permanente à l'intelligibilité.Ici, néanmoins, il semble que nous puissions faire une pause, soulever une objection.
Le temps est-il toujours,comme temps vécu, une limite à l'intelligibilité et ne peut-on découvrir en lui des éléments plus intelligibles, demanière à y voir un outil, voire un allié ?
Deuxième partie: le temps est notre allié.
Il faut, en effet, revenir sur le temps vécu, sur la temporalité de la conscience : nous pouvons reconnaître en cettedurée l'allié de notre action, l'outil de nos projets dans le monde, voire même l'objet d'une intuition quasi esthétique.
a.
Le temps vécu : le projet de la conscience vers l'avenir.
Ne voir dans le temps qu'un ennemi, c'est, semble-t-il, ne pas tenir compte de la dimension de l'Avenir : or laconscience est projet, anticipation d'elle-même, fuite vers l'avenir.
Perpétuellement en avant d'elle-même, elle sedonne rendez-vous « dans le pas encore ».
Dire que la conscience représente ce mouvement de transcendance vers l'avenir, cette dimension insaisissable et généralement imprévisible, c'est dire que la conscience humaine estliée à l'action, au faire : l'homme se dépasse vers un futur qu'il veut construire, bien que ce futur ne dépende quepartiellement de lui.
Dans cette perspective, le temps peut donc être l'organe de ma liberté et de ma puissance, il.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le temps est-il notre ennemi ou notre allié ?
- Texte d’étude : Charles Baudelaire, « L’Ennemi », Les Fleurs du Mal (1857): Le temps mange-t-il la vie ? (HLP Philo)
- Hobbes - Léviathan - chapitre 13 (commentaire): C'est pourquoi tout ce qui est conséquence d'un temps de guerre, où chacun est ennemi de chacun, est aussi conséquence du temps où les hommes vivent sans autre sécurité que celle que leur fournissent leur propre force et leur propre invention
- Le temps est-il notre ennemi ?
- L'État est-il l'ami de tous en même temps que l'ennemi de chacun ?