Le temps est-il ce qui passe, ou ce en quoi éternellement toute chose passe ?
Publié le 18/01/2004
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Le temps est une notion difficile à expliquer. En effet, on a plus souvent tendance à parler du temps de quelque chose, il est une façon de calculer qui est insaisissable en dehors de son objet. Pour St Augustin, le temps est évident lorsque je cherche à l’expliquer. Le problème posé est de savoir si on peut distinguer le temps de ses objets. Il paraît difficile de définir le temps en dehors de l’action qu’il contient mais également de l’intégrer dans les attributs de ses objets. Nous subissons le temps comme une évolution ininterrompue et pourtant nous le distinguons de nous mêmes. Comment peut-on alors distinguer le temps de ce sur quoi il agit ? L’éternité du temps ne prouve-t-elle pas la séparation nette qu’il y a entre lui et les objets corruptibles qu’il influence? Comment parler du temps sans parler de son action?

«
III Le temps comme phénomène
Je ne peux donc que constater les effets du temps.
Le temps s'inscrit dans ma conscience.
Il ne fait pas partie intégrante de ma personne car je ne peux l'influencer, il coule malgré moi.
Cependant le temps ne peutm'apparaître que comme phénomène car seule l'expérience que je fais de ces effets sur les objets me permetd'avoir conscience de son être.
Le temps possède une existence dans un absolu qui ne m'est pas accessible et iln'a donc de réalité pour moi qu'en tant que phénomène, il m'est familier dans son éternelle influence sur lesobjets.
Pour Kant , il n'est pas davantage possible de considérer l'espace et le temps comme des réalités absolues.
Car je me heurterais alors à descontradictions insolubles qui sont exposées dans la « Première antinomie ».
Par exemple, supposons que le monde a un commencement dans le temps et des limites dans l'espace.
Cette hypothèse paraît d'abordraisonnable : par exemple, je ne puis, semble-t-il, admettre que le momentactuel ait été précédé par une infinité d'instants et de phénomènes.
Si lemonde n'a pas eu de commencement, peut-on dire, la série desphénomènes n'aboutira jamais au moment actuel.
Comme disaient lesscolastiques : « L'infini en arrière est impossible. » D'autre part, si le monde a eu un commencement, je ne puis m'empêcher de me demander :et avant, que se passait-il ? De même, si l'espace a des limites, je meposerai tout de même la question : et au-delà, n'existe-t-il pas quelquechose ? A la réflexion, il apparaît aussi inconcevable que l'espace et letemps soient finis et qu'ils soient infinis.
La thèse qui affirme les limites del'espace et du temps n'est pas plus soutenable que l'antithèse qui lesconteste.
Le seul moyen d'éviter ces difficultés est de cesser deconsidérer l'espace et le temps comme des choses en soi.
L'espace et letemps sont des cadres a priori de notre perception, des conditionssubjectives de ma représentation du monde.
Le fait que nous ne puissionsnous en abstraire, que nous ne puissions nous représenter quoi que cesoit en dehors d'eux ne montre-t-il pas qu'ils font partie de nous-mêmes ?L'espace a donc un caractère de nécessité puisque je ne peux rien connaître sans lui.
Il est universel, car lesconstructions a priori de la géométrie sont valables universellement.
Le caractère essentiel du cadre spatio-temporel est donc idéalité transcendantale.
Idéalité, puisqu'il n'est qu'une forme subjective de ma perception,idéalité transcendantale puisqu'il est une condition a priori universelle et nécessaire de toute connaissance(transcendantal veut dire, condition a priori de toute connaissance).
Kant précise d'ailleurs que l'espace est la forme du sens externe (nous percevons selon lui le monde extérieur à la fois selon la forme de l'espace et cellede la succession temporelle) tandis que le temps est la forme du sens interne (je perçois ma vie intérieurecomme succession de moments et d'états).
Mais l'espace et le temps, à côté de leur caractère d'idéalitétranscendantale, présentent un aspect de réalité empirique.
Ce sont à la fois des formes de connaissance et desdonnées empiriques.
L'espace n'est pas un concept par exemple, car un concept est un symbole abstrait quirésume après coup des réalités concrètes (le concept de « chien » symbolise les chiens existants).
Au contraire, l'unité de l'espace est une donnée première, antérieure à toute composition, objet d'une pure intuition.
Ce sontau contraire les parties de l'espace qui sont obtenues après coup par division.
Et ces parties ne sont pasdissemblables entre elles comme le sont les individus que réunit un concept.
Au contraire, elles sont homogènes.L'espace est donc selon Kant une intuition pure de ma sensibilité et non un concept abstrait construit par l'entendement.
Au demeurant, les propriétés de l'espace kantien (homogène, à trois dimensions) sont celles del'espace euclidien et de l'espace newtonien.
Kant n'a fait que transporter dans l'esprit de l'homme l'espace et le temps absolus de Newton .
Le « sensorium dei » est devenu un « sensorium hominis ».
Qu'est-ce qu'une forme pure de l'intuition ?
Tout d'abord que faut-il entendre par « intuition » chez Kant ? Le début de la première partie de la « Critique de la raison pure », intitulé « Esthétique transcendantale », permet déjà de répondre : « De quelque manière et par quelque moyen qu'une connaissance puisse se rapporter à des objets, le mode par lequel elle se rapporteimmédiatement aux objets et auquel tend toute pensée comme au but en vue duquel elleest le moyen est l'intuition ».
Kant ajoute que l'homme ne peut intuitionner que ce qui lui est donné, c'est-à-dire présenté du dehors par ses sens.
L'objet de l'intuition doit nousaffecter, c'est-à-dire produire sur l'esprit un effet (« les objets frappent nos sens »).
La possibilité de cette affection ainsi que cette affection elle-même définissent pour Kant la sensibilité.
Toute intuition humaine, faculté par laquelle les objets nous sont donnés, estsensible..
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