Le temps, dit Lagneau, est la forme de mon impuissance, l'étendue, la forme de ma puissance. Qu'en pensez-vous ?
Publié le 17/01/2022
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Le temps reste donc le signe d'une impossibilité (impuissance) et d'une finitude.Mais cette impuissance n'est pas totale. Elle n'est pas de la sorte qui mène au désespoir et à la résignation. Le temps est la marque, sinon de notre puissance (que nous aimerions totale), du moins de notre liberté. C'est le temps qui, en faisant de nous des êtres en projet (individuellement et collectivement, nous amène à nous créer, à agir, à transformer le monde et à nous transformer nous-mêmes.Nous ne sommes pas à proprement parler dans le temps, nous sommes du temps, comme nous ne sommes pas tant sur la Terre mais de la terre - comme nous le rappelle la Bible. Or, être du temps, ce n'est pas avoir du temps comme on dit j'ai le temps... Etre du temps, ce n'est jamais avoir du temps, c'est toujours avoir quelque chose à faire ou plus précisément quelqu'un à être. Mais "ne pas être de son temps" par exemple. On n'est jamais de son temps car nous sommes temps.
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précédent, ou simplement si, sans raison particulière, nous changeons d'avis.
Ainsi, après un faux-départ, lessprinters peuvent retourner à la case départ, se repositionner dans les starting-block.
Mais, celui qui a raté sondépart ne pourra que vainement courir contre-la-montre...
b) Nous pouvons connaître l'espace:· par la perception, qui nous le " donne " comme un aspect de notre vécu, et que nous perfectionnons comme nousvenons de le voir.· en nous le représentant : nous en avons des images - et d'ailleurs l'art (la peinture) en est une (paysages, naturesmortes, ...
).· dans une élaboration intellectuelle : à partir de l'espace vécu (étendue concrète, assemblage des objets), nousavons élaboré l'abstraction de l'espace comme milieu vide, neutre, isomorphe, qu'on peut définir à l'aide de points,de lignes et de plans ; et les figures géométriques, dont nous étudions les propriétés spatiales sous forme derapports.La géométrie, née des techniques d'arpentage égyptienne (reconstituer les limites des champs après les inondationsdu Nil), montre que d'un pouvoir pratique on passe à un pouvoir théorique (étudier les propriétés spatiales des corpssans avoir recours à ces corps eux-mêmes, en se servant de figures symboliques et d'opérations purement mentales: ex.
la démonstration des cas d'égalité des triangles), l'élaboration rationnelle de l'espace nous donne un pouvoirsur les choses.
Ce pouvoir, cette emprise sur les choses fait de l'espace, un univers, sans lyrisme, ni effusioncomme l'est par exemple la physique de Descartes.
A contrario, le souci du temps nous introduit d'emblée, dans latragédie, même les qualités de l'étendue que la géométrie élimine, comme la couleur, peuvent être ramenées à desrelations nombrées - et qui d'ailleurs sont aussi spatiales : vibrations ->longueurs d'ondes.
Cf.
aussi l'acoustique(longueur des cordes ou des tuyaux acoustiques, mesure de longueurs d'onde et de fréquence).
Les premièressciences physiques d'ailleurs ont été celles qui font intervenir l'espace : astronomie, acoustique, mécanique,optique.· enfin, le développement des mathématiques nous a permis de dépasse notre intuition spontanée de l'espace (lagéométrie avait jusqu'ici " collé " à notre perception: l'espace mathématique n'est pas l'espace vécu, mais il luicorrespond : espace euclidien à trois dimensions et rectiligne) pour concevoir un espace, ou plutôt des espaces àplus de trois dimensions, des espaces courbes convexes (Lobatchevsky) ou concaves (Riemann), ou élastiques(topologie) que nous ne pouvons pas nous représenter mais qui correspondent à des raisonnements et des calculscohérents, et qui trouvent des applications dans la réalité.
Ce sont donc non seulement des connaissances plusapprofondies de l'espace, mais aussi une manipulation plus importante de l'espace.
2- Le temps marque de notre impuissance.
A côté de cela, notre impuissance à l'égard du temps nous apparaît de façon évidente.
a) il passe, c'est son caractère essentiel, il fuit, et nous ne pouvons le retenir.
Dans sa fuite, il emporte tout, il nousarrache à nos moments heureux, à nos habitudes.
Il est ce qui apporte l'usure, l'érosion, le vieillissement, ladégradation, l'oubli (" et la mer efface sur le sable les pas des amants réunis ").
Inversement, il ne se laisse pasaccélérer lorsque nous voudrions échapper à des moments malheureux, ou à l'ennui, ou à l'attente impatiente.
Lalittérature a abondamment développé ces thèmes.
Nous pouvons rien faire contre le temps et ses effets : nous nepouvons pas l'arrêter, pas même l'accélérer ou le ralentir.
Nous pouvons accélérer ou ralentir ou arrêter unmouvement mais non le temps lui-même.
On connaît la supplice de Lamartine ("Oh! Temps suspends ton vol") et lamalicieuse réplique d'Alain: "Mais pour combien de temps, le temps...".
Notre supplice est sans réplique, notredésespoir sans espoir: "Avec le temps tout va, tout s'en va...".
Nous n'avons aucune prise sur le temps, nous nepouvons que le subir (cf l'étymologie de " patience " : patior, supporter, subir).
De plus, ce mouvement est irréversible.
Contrairement à l'espace, le temps ne peut se parcourir dans les deux sens,un mouvement ne peut pas s'annuler : le mouvement de retour se superpose dans l'espace au mouvement de l'aller,mais dans le temps ils se juxtaposent, ils se succèdent.
On revient au même endroit d'où l'on était parti, mais cetendroit a changé.
Comme le dit Héraclite, " on ne descend pas deux fois dans le même fleuve ".
On ne se baigne jamaisdeux fois dans le mêmefleuve.
HÉRACLITE
Héraclite défend une conception du monde selonlaquelle le monde est en éternel devenir, en éternelchangement et; pour nous le faire comprendre, prendl'image du fleuve toujours changeant.
Aussi le temps est-il le " lieu " du " jamais plus ", du regret, de la nostalgie (regret de ce qui n'est plus, qui estperdu), du remords (les occasions perdues ne se rattrapent jamais, les fautes qui ont été faites ne peuvent êtreeffacées, l'irréversible est aussi l'irrévocable comme la tâche de sang sur la main de Lady Macbeth).
Le passé estdéfinitivement passé, il a disparu, il ne se représentera plus.
Cette irréversibilité nourrit toutes les robinsonnades etles nostalgies de l'âge d'or, du "bon vieux temps".
"Bon vieux temps" dont on aurait fort à parier qu'il n'est bon qu'àmesure qu'il n'est plus.
Quant à l'avenir, s'il est inéluctable, il est aussi inconnu, il suscite donc autant la crainte quel'espoir.
Nous ne pouvons faire advenir instantanément ce que nous voulons, d'un claquement de doigts ou d'uncoup de baguette magique (les contes de fées révèlent notre désir) : " chaque chose en son temps ", il fautattendre (cf dans " Le Petit Prince " de Saint-Exupéry : le roi commande au soleil de se coucher, mais il a lasagesse, pour cela, de le commander à l'heure où le soleil se couche).
Tout ce que nous pouvons faire, outreattendre l'occasion favorable, c'est préparer les conditions de réalisation de ce futur - tout en sachant que nous.
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