LE TEMPS (cours de philosophie)
Publié le 27/01/2020
Extrait du document
«
1.
Une expérience contradictoire
Je regarde ma montre: elle me donne l'heure; le mouvement des aiguil
les ou la succession rythmée des chiffres indique le temps qui passe.
Au
Moyen Age les cloches ou encore le veilleur de nuit remplissaient avec
beaucoup moins d'exactitude la même fonction.
Les horloges solaires ou
les clepsydres permettaient une délimitation plus ou moins rigoureuse des
temps fonctionnels, par exemple le temps de parole accordé aux orateurs
dans les assemblées politiques et judiciaires de la Grèce classiqu~.
Enfin
les calendriers scandent le rythme et les articulations de cette chose qui
passe et qui pour être connue requiert, semble-t-il, la division, le fraction
nement, en un mot la mesure.
Car c'est le destin du temps que d'être toujours mesuré.
Le langage
courant consacre cet usage: j'ai du temps pour lire, pour jouer, etc.;
pendant les vacances j'aurai beaucoup de temps ; cette attente est trop
longue; ces amours n'ont pas duré longtemps ...
On le remarquera, la
mesure s'applique partout en dépit de l'hétérogénéité des contenus mesu
rés qui tient à leurs qualités propres.
Comme telle la qualité est incom
mensurable: ce rouge-ci ne saurait être mesuré même si on le rapporte
à cet écarlate ou à ce vermillon.
La qualité ne devient mesurable que si
l'on y discerne des degrés en y introduisant la quantité.
Ainsi, peut-on
distinguer les couleurs non seulement d'après leurs nuances, mais d'après
la longueur d'onde, la fréquence des vibrations: à chaque couleur se
substituent des nombres.
La mesure peut donc se définir par la quantifi
cation de la qualité: elle suppose donc la possibilité de réduire d'une
certaine manière le qualitatif au quantitatif pour la totalité ou pour l'un
de ses aspects.
Il en est ainsi du temps: le mesurer c'est quantifier une
qualité quantifiable, c'est à dire présupposer entre le temps et le nombre
une parenté ou une coextensivité, l'une et l'autre ne signifiant pas cepen
dant l'identité des termes rapprochés.
Dire que le temps est mesurable,
ce n'est pas affirmer qu'il est nombre ou qu'il est quantité, mais seule
ment qu'il ne peut se dire que par la quantité ou par le nombre: la mesure
du temps concerne l'expression de celui-ci, qu'elle soit scientifique,
psychologique, pratique ou poétique, elle ne saurait se confondre avec
sa définition.
Il faut sans doute se demander si la mesure constitue le seul mode
d'expression du temps: «Je m'ennuie» par exemple: l'allemand rend ce
sentiment par Langweile, donc par une formule où l'on trouve et le temps
(Weile) et la longueur (Lang).
Mais l'on voit immédiatement que le terme
allemand rend très imparfaitement compte du phénomène, qu'·il désigne
plutôt qu'il ne le définit.
S'ennuyer, c'est certes trouver le temps long, mais
n'éprouve-t-on pas aussi la longueur du temps lorsqu'on attend, qu'on
espère, etc.
Ces longueurs sont-elles commensurables entre elles comme
longueurs du temps: qui oserait dire que n temps d'ennui = n temps
94.
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