Le témoignage des sens est-il digne de crédit ?
Publié le 14/07/2012
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Le témoignage des sens est-il digne de crédit ?
«
[1 -Critique classique de la perception]
[A.
Platon]
Dans l'histoire de la philosophie, la tradition rationaliste se montre très
critique
à l'égard des apports de mes sens.
À en croire par exemple Platon, le
monde qu'ils me suggèrent est un monde totalement instable, soumis à de
permanentes transformations, et sur lequel il serait donc évidemment illusoire
de prétendre fonder une connaissance.
En conséquence, je ne devrais m'inté
resser qu'au monde
« intellectuel », composé d'Idées stables et éternelles.
[B.
Faiblesse des sensations]
Il est vrai que les sens dont dispose le corps semblent peu aptes à cons
truire
du monde une version universalisable.
Les sensations elles-mêmes
varient
d'un individu à l'autre- tel apprécie le miel, tel autre le déteste ; pire :
elles changent, chez le même individu, selon son état
(un simple rhume
m'interdit
les odeurs).
Elles me fournissent des informations qui, si je les
conforte par un jugement, suscitent de grossières erreurs : chez le jeune
enfànt, qui précisément ne sait pas encore corriger ses informations sensibles
par la pensée,
on constate par exemple le désir de s'emparer d'objets qui, bien
que hors de sa portée, lui semblent proches.
Que dirait-on d'un adulte agis
sant
de même, et cherchant à décrocher (matériellement) la lune ?
[C.
Les sens révoqués]
Descartes ne s'est pas privé d'indiquer à son tour combien la perception
est trompeuse : le bâton droit plongé dans l'eau me semble brisé, j'ai
du mal
à distinguer mes
images oniriques de la réalité diurne, etc., pour souligner la
nécessité de
« révoquer en doute » l'ensemble de ce que lui suggère la percep
tion,
et pour montrer que la définition d'un corps comme le célèbre morceau
de cire est bien affaire de conception, et non de perception .
Moins philosophiquement, les illusions d'optique
ont été étudiées par les
psychologues,
et l'on peut ainsi m'inviter à me défier de tout ce que je crois
percevoir, par référence
à l'existence des hallucinations, des mirages, etc.
[Il -Apports de la raison]
[A.
Le scepticisme empiriste]
Les empiristes eux-mêmes, qui affirment, en s'opposant à la tradition
cartésienne,
que toutes nos idées et jugements s'élaborent à partir de l' expé
rience sensible,
en concluent qu'aucune connaissance ne peut être absolu
ment garantie.
Si, en effet, c'est seulement parce que je suis habitué à cons
tater
une succession entre deux phénomènes que je conçois entre eux une
relation
de causalité, je devrai toujours m'inquiéter sur la nature de cette
dernière: est-elle vraiment autre chose qu'une simple contiguïté? L'empi-.
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