Le suicide : UN CRIME OU UN DROIT ?
Publié le 23/10/2012
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«
• Il justifie la condamnation du suicide au nom du cinquième commandement de Moïse- «Tu ne tueras point »- qui interdit l'homicide volontaire, sur quiconque et donc sur soi-même.
Sa transgression constitue un péché et vaut au suicidé la damnation éternelle.
C'est au concile de Braga , en 563, et au synode d'Auxerre , en 580, que l'Église décide de punir les suicidés.
• À la sanction de l'Église, le droit médiéval ajoute la sanction civile de la communauté humaine qui s'esti me bafouée .
Il décrète l'indignit é du corps, privé de sépulture -souven~ le cadavre est doué au sol ou à une claie, traîné face contre terre ou pendu à une potence -, et, à partir du Xl' siècle en France , la confiscation de la propriété du suicidé .
Après les lois géné rales de Charlemagne, les établissements (ordonnances ) de Saint Louis réglementent le suicide : « Un procès sera fait au cadavre du suicidé, par-devant les autorités compétentes, comme pour les cas d 'homicide d 'autrui .
»
• Le suicide est également interdit par le judaïsme et l'islam.
VERS LA DtPtNAUSAnON • Sous l'Influence des humanistes de la Renai ssance , comme Montaigne -qui apprend à relativiser la mort et en fait un choix sensé -, et des penseurs des Lumi ères, l'interdit religieux et la réprobation sociale qui frappent le suicide reculent.
• Deux philosophes , le baron d'Holbach et D11vid Hume publient des traités
respectivement Système de la nature (1770 } et Essai sur le (lm ).
la littérature -le suicide de Roméo et Juliette, dans la tragédie de Shakespeare, le montre bien -, le suicide est
romantique , tant dans la Nouvelle Héloïse (1761 } de Jean -Jacques Rousseau que dans les Souffr11nces du jeune Werther (1774} de Goethe.
• Les physiolo gues s'lntéressen~ eux, aux causes du suicide, mett ant en évidence que celui-ci relève essentiellement d'un acte de démence .
Du coup, le suicide apparaît moins relever de la religion et de la justice que de la médecine .
• En France, le Code de 1791 , sans l'approuver, met fin à la répression du suicide.
C'est bientôt le cas un peu partout en Europe.
• À partir du XIX' siècle, la réfle xion sur le suicide devient un objet de recherche des sciences sociales -dont le
représentant le plus important est alors Émile Durkheim .
Celles -ci ne s e demandent pas s'il est légitime ou non pour l'homme de mettre fin à sa propre vie.
Elles recherchent en priorité les causes et les raisons produites par la société elle-même qui pous sent les individus à ce geste.
SOUS LE COUP DE LA LOI • Ni le suicide ni la tentative de suicide ne sont plus réprimés depuis longtemps , en France comme dans les autres pays européens .
Seules sont réprimé es l'aide et l'inci tation au suicide, individuel ou collectif, ainsi que l'ont montré les procès impliquant des dirigeants de sectes.
• Ceux de l'Ordre du temple solaire sont poursuivi s pour «participat ion à une association de malfaiteur s en vue de la préparation d'un crime», à la suite de plusieurs suicides collectifs dans les années 1990.
• En 1982 , le livre Suicide mode d'emploi répertorie des recettes permettant de mourir à coup sûr et sans douleur.
Il bénéficie de la contradiction inscrite dans la loi entre la cdiberté de disposer de soi-même » et les ccrôle et devoir des tiers à protéger une personne en danger».
Ses auteurs justifient sa publication par le fait «qu'un droit n'est rien sans la liberté de l'exercer>> .
Plus de soixante dix suicides seront imputés avec certitude à la lecture de cet ouvrage.
Cette affaire suscite une émotion telle qu'elle aboutit à la promulgation de la loi du 31 décembre 1987 qui fait un délit de la provocation au suicide.
L'ASSISTANCE AU SUICIDE • À l 'heure actuelle, l'assistance au
États européens comme la Suisse et les Pays -Bas admettent des exceptions et autorisent l'assistance au suicide dans certaines circonstances.
En dehors de l'Europe , seul l'État de l'Oregon, aux États-Unis , autorise explicitement l'assistance au suicide.
LA MESURE DU PHÉNOMtNE
LES CHIFFRES DE LA MORTALirt • Les statistiques sur la mortalité par suicide résultent de l'exploitation des certificats de décès.
t:OMS estime que quelque 815 ooo personnes sont mortes par suicide dans le monde en 2000.
Le suicide est donc une cause importante de mortalit é , avec un taux de 14,5 pour 100 000 perso nnes
- toutes les 40 secondes, un individu se suicide dans le monde .
• Dans les quinze pays de l 'Union européenne (2000} , environ 60 000 personnes meurent chaque année des suites d'un suicide .
Ce nombre est plus important que celui des décès consécutifs à un accident de la route (50 000} ou à un meurtre (5 000}.
• En France , quelque 11 000 décès ont été enregistrés comme suicides en 2000, ce qui représente un taux de 17,5 pour 100 000 habitants.
Toutefois, il semble établi que ces donnée s sous-estiment la réalité , car un certain nombre de suicides ne sont pas pris en compte lors de la certification des causes de décès .
Cette sous-estimation pourait être de l'ordre de 20 à 25 %.
Elle est souvent liée aux préjug és religieu x ou sociaux, le suicide étant considéré comme déshonorant suicide est un sujet sur lequel la société par certaines familles.
s'interroge et qui fait l 'objet d'un débat éthique et politique .
Elle consiste dans LEs cARAcrtRimouEs le fait de donner la mort ou d'aide r à socloDtMOGRAPHIQUES se donner la mort quelqu 'un qui en fait Le sexe la demande dans des circonstances • Les décès masculins par suicide déterminées , par exemple lorsqu'un sont environ trois fois plus nombreux patient souffre au-delà du supportable que les décè s féminins jusque vers et qu'il n'est plus possible d'envisager 50 ans, et deux fois plus nombreux une amélioration de sa qualité de vie.
aux âges plus élevés.
En 2000, • !:interrogation porte sur la différence sur les décès enregistrés en France, existant entre un suicide médicalement les suici des sont très majoritairement assisté , où le malade est l'acteur de son masculins : 8 000 hommes contre propre décès , et l'euthanasie, où une 3 000 femmes , soit 3,8% de l'ensemble tierce personne administre un produit des décès masculins et 1,2 % mortel à la demande d'un patient.
de l'ensemble des décès féminins.
• Trois arguments éthiques sont invoqués !:incidence du suici de est ainsi pour justifier la pratique du suicide de 29 pour 100 000 hommes et médicalement assisté : le droit de mourir , de 10 pour 100 000 femmes.
l'autodétermination et la bienfai sance L'âge -c'est-à-dire l'obligation du médecin • En France , la différence de taux de ne pas nuire à son patient.
de suicide entre hommes et femmes • Les adversaires de cette assistance est élevé chez les jeunes de 15 à 24 ans, au suicide évoquent de leur côté de même que chez les personnes âgées trois arguments principau x : le de plus de 75 ans : dans ces tranches caractère sacré de la vie, l'intégrité d'âges, les hommes se suicident professionnelle -qui interdit des trois fois et demi à quatre fois pratique s incompatibles avec le sens plus souvent que les femmes.
de la mission médicale -et le risque • Le taux de suicide croit avec l'âge d'un dérapage progressif vers jusqu'à 40 ans, puis au-delà de 70 ans.
des pratiques inacceptables .
C'est entre 35 et 54 ans que les décès • Dans la plupart des États européens, enregistrés pour cause de suicide notamment en Autriche , en Italie , au sont les plus importants, avec plus Royaume -Uni, en Espagne , au Portugal de 2 000 décès pour chacune des et en Pologne, l'assistance au suicide deux tranche s d'âg e 35-44 et 45-54 ans.
est pénalement réprimée.
Ailleurs , • Le nombre de cas de suicides a notamment en Belgique, en Écosse, fortement augmenté chez les personnes en Suède ou en France , il n'est pas âgées.
Le suicide peut alors être lié au prévu de disposition pénale expresse refus de la douleur ou de la dépendance réprimant l'assis tance au suicide, due à des patholo gies chroniques.
mais l'interprétation par analogie de En sens inverse, le décès de personnes la loi aboutit au même résultat que d'âge très élevé consécutif à un dans les pays précités.
Seuls quelques « syndrom e de glissement », qui induit
la perte de l'envie de vivre, n'est pas comptabilisé comme suicide .
Compte tenu de l'évolu tion démographique et du vieillissement de la société , le nombre de suicides est appelé à augmenter dans la population âgée.
Les autres fadeurs de risque • La situation matrimoniale constitue un facteur déterminant dans le risqu e de suicide, particulièrement chez les hommes.
Les personnes veuves, séparées ou vivant seules présentent un taux de suicide une fois et demie à deux fois plus élevé que les personnes mariées .
• La formation, le revenu et la profession exercent aussi une influence réelle, bien que plus faible, sur le risque de suicide.
LEs MODES DE SUICIDE • Les modes de suici de diffèrent selon les sexes.
• En France , tous âges confondus, le suicide
• La différence essentielle porte sur les 11rmes ti feu et les intoxications : l'utilisation d 'une arme à feu est à l'origine de 30 % des suicides masculins et 9 % des suicides féminins, tandis que 26 % des femmes et 8 % des hommes ont recours à l'intoxication.
• Les suicides en sautant dans le vide d 'une fenêtre ou d'un autre lieu élevé -pon~ falaise ...
- semblent plus parti culièrement commis par les femmes .
• Les modes de suicide varient peu avec l'âge chez les hommes -les armes à feu sont plus fréquemment employées par les plus jeunes et l'intoxication par les 25-44 ans.
En revanche , ils diffèrent beaucoup plus chez les femmes : les intoxications restent toujours très importantes , mais les armes à feu sont utilisées dans un cas sur six chez les plus jeunes .
Les suicides par noy11de , aujourd'hui rares chez les jeunes , deviennent importants aux âges élevés.
CAUSES ET FACTIUIS DtClfNCIIANTS
• Les quatre principales causes du suicide sont l'incommunicabilité au sein de la famille, la soumission à des transgressions majeures -inceste , violence -, des antécédents familiau x et l'exclusion.
• Les causes de l'isolement sont elles même diverses : maladie , chômage , exclusio n, prison , divorce, situations d'échecs , déception sentimentale, mort du conjo in~ dépendance -alcoolique , toxicomaniaque , sectaire -, situations de stres s -professionnel, émotionnel, affectif -, troubles biologiques -sommeil, alimentation -, dépression.
UN MAL SOCIAL ·Le poids du suicide dans l'ensemble des causes de décès donne un aperçu de la gravité de ce phénomène en termes de santé publique .
En France, les suicides représentent plus de 15% des décès entre 15 et 44 ans -20 % entre 25 et 34 ans.
Le suicide représente la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route pou r les 15- 24 ans et la première pour les 25-34 ans.
·La France est l'un des pays d 'Europe les plus touchés par le suicid e, au même .
niveau que le Danemark : 17,5 sur 100 ooo habitants.
Elle est précédée par la Russie (40}, la Hon grie (31,5), la Finlande (24) et l'Autriche (19}.
La Suèd e, réputée comme le « pays du suicide », présent e un taux de 14 pour 100 000.
Le taux des États-Unis est de 1 1, celui du Japon de 25.
• La courbe du suicide est ascensionnelle depuis les années 1950 en France (6 400 suicides par an}, comme dans le reste du monde .
Elle est liée à l'évo lution morale et culturelle que traverse n t les sociétés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L'ORfENr: L'AUTIE BGAID
• Le regard que porte l'Orient sur le suicide est plus respectueux que le regard occidental, en particulier parce que l'Individualisme y est moins marqué .
• Ainsi, la croyance des hindous dans la métempsycose -transmigration des ames des défunts dans plusieurs corps -peut les pousser à hater la délivrance de leur âme par la pratique de rituels dont le suicide -par immolation ou jeOne -apparail comme la forme sacrée .
D'autre pa~ jusqu'en 1947, certaines épouses hindoues issues des hautes castes appliquaient la coutume de la soli en se laissant brûler vives sur le bûcher funéraire de leur conjoint défunt.
• Certaines traditions comme celle du Japon admettent le suicide dans le cadre d'un code de l'honneur .
Suicide rituel pour éviter un sort indigne -le_,..
du samouraï - ou suicide vécu comme un passage par les vieillards, qui selon la tradition sont conduits au sommet de la montagne pour y mourir.
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