LE SOCIALISME DE KARL MARX
Publié le 22/12/2009
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Fils d'un avocat qui lui-même descendait d'une lignée de rabbins Marx est né à Trèves en 1818. Il fut baptisé dans le culte protestant que son père, effrayé par les lois antisémites du Roi de Prusse, avait cru bon d'adopter l'année précédente. Karl Marx fit ses études à l'Université de Bonn, à celle de Berlin, enfin à celle d'Iéna où il passe en 1841 sa thèse de doctorat intitulée : Différence de la philosophie, de la nature chez Démocrite et chez Épicure. Il épouse le 19 juin 1843 Jenny de Westphalen (apparentée à une illustre famille, et dont le frère sera ministre du gouvernement prussien ! ). Au temps des études de Marx - et de son ami Engels - une grande activité philosophique se déploie en Allemagne. L'hégélianisme règne partout (malgré la réaction violente de l'extrême-droite qui arrive au pouvoir en 184o avec Frédéric-Guillaume IV ). Des ouvrages antireligieux de grande importance sont publiés La Vie de Jésus de Strauss et en 1841 L'Essence du Christianisme de Feuerbach. Hégélien jusque vers 1835 Feuerbach répudie l'idéalisme de son maître et se déclare ouvertement matérialiste. Tandis que la lutte du gouvernement de Frédéric-Guillaume IV contre les hégéliens de gauche s'intensifie Marx comprend qu'il n'est plus question pour lui de faire une carrière universitaire. Il entre dès 1842 à la rédaction de la Rheinische Zeitung, journal de la bourgeoisie libérale de Cologne dont il devient bientôt rédacteur en chef. Cette activité de journaliste le tourne vers les réalités politiques concrètes. La Gazette Rhénane étant supprimée par mesure administrative (mars 1843), Marx gagne Paris où il fonde en 1844 les Annales Franco-Allemandes. En janvier 1845 Guizot l'expulse de France à la demande des autorités prussiennes. Il gagne la Belgique. Dans les Annales il a publié la Contribution à la Critique de la Philosophie du droit de Hegel et aussi un article de Engels, Esquisse d'une critique de l'Économie Politique (Engels industriel communiste, établi en Angleterre, y étudie les maîtres de l'Économie libérale). Marx et Engels publient ensemble en 1848 le célèbre Manifeste communiste. La révolution de 1848 permet à Marx de rentrer à Paris, puis à Cologne où il fonde la Nouvelle Gazette Rhénane. Dès 1849 cependant la réaction reprend le pouvoir et voilà Marx à nouveau indésirable à Cologne comme à Paris. Marx se réfugie en Angleterre où il vit désormais dans la pauvreté. Il aurait connu l'extrême misère sans les subsides que lui fait parvenir Engels dans les moments les plus difficiles. C'est en 1867 qu'il publie son ouvrage le plus célèbre Le Capital. Marx joue un rôle essentiel dans la fondation de la Première Internationale (l'« Association Internationale des travailleurs «). Il meurt d'un abcès au poumon le 14 Mars 1883. Dans un texte de mars 1913, Lénine caractérisera très clairement les sources du marxisme en ces termes : « La doctrine de Marx est le successeur de tout ce que l'humanité a créé de meilleur au XIXe siècle, la philosophie allemande, l'économie politique anglaise et le socialisme français «. Du socialisme français, Marx retiendra surtout son intention généreuse (il rend hommage à l'humanisme naturaliste de Fourier) mais il prétend se placer lui-même au point de vue d'une analyse scientifique rigoureuse. L'économie politique anglaise est, plutôt qu'une source de l'ouvrage fondamental Le Capital, ce contre quoi Marx pense et écrit (malgré quelques rapprochements avec Ricardo). La philosophie allemande en revanche, est véritablement le point de départ de la réflexion de Marx en ce qu'elle a de plus profond. C'est à partir de Hegel et de Feuerbach qu'il nous faut tâcher de comprendre Marx.
«
profondément révolutionnaire (la dialectique selon le mot du révolutionnaire russe Herzen est l'algèbre de larévolution).
La dialectique montre que la société actuelle porte en elle la promesse de sa propre destruction, que lemonde actuel engendrera à partir de ses contradictions intimes un monde nouveau.Insistons surtout sur la loi d'action réciproque sur la « Wechselwirkung ».
Feuerbach disait : L'homme est un produitde la matière et des conditions où il vit.
C'est vrai, répond Marx, mais réciproquement l'homme agit sur la matière etpeut transformer par son travail les conditions de son existence.
L'homme n'est pas seulement un effet mais unecause.
Ainsi le matérialisme mécaniste et l'idéalisme se sont trompés tous les deux.
Le matérialisme n'a vu dansl'homme qu'un reflet passif du monde.
L'idéalisme a « développé le côté actif » mais il n'a vu que l'activité de l'espritet il a méconnu « l'activité réelle, concrète.
» C'est ce que dit Marx dans sa onzième « thèse » sur Feuerbach.
«Jusqu'ici les philosophes n'ont
Le socialismefait que contempler le monde, il faut à présent le transformer ».
Marx emprunte à Feuerbach l'idée que la religion est« l'opium du peuple » ou comme il dit encore « le coeur d'un monde sans coeur ».
Mais il est vain de lutterdirectement (par les armes de la critique historique ou de la philosophie universitaire) contre l'aliénation religieuse.
Ilfaut pour supprimer l'aliénation, transformer réellement les structures sociales qui rendent l'aliénation possible.
Lacritique philosophique n'est efficace qu'aux mains du prolétariat révolutionnaire (classe « universelle » parcequ'exploitée par tous elle n'exploite personne, tandis que la bourgeoisie de Aufklärung, ne pouvait pas dans sa lutteidéologique contre la féodalité porter témoignage pour la vérité universelle puisqu'elle avait des intérêts égoïstes declasse, puisque, exploitée par les seigneurs, elle exploitait à son tour le prolétariat) Ainsi l'homme ne pourra-t-ilaccomplir sa véritable destinée et parvenir à sot épanouissement complet que dans une société sans classes.
Ceque Marx exprime par sa formule fameuse : « La philosophie ne peut être réalisée sans la suppression du prolétariatet le prolétariat ne peut être supprimé sans la réalisation de la philosophie ».
La philosophie est une action, une «praxis ».La loi du progrès par bonds est importante pour interpréter le matérialisme de Marx.
Le matérialisme mécaniste améconnu les changements qualitatifs et le « progrès par bonds ».
Par exemple les cartésiens n'ont expliqué lesphénomènes biologiques qu'en les niant (en réduisant les animaux à des machines alors qu'il est évident que lesphénomènes biologiques sont qualitativement distincts des phénomènes mécaniques dont la matière brute est lethéâtre).
Pour le matérialisme dialectique, chaque domaine est en droit explicable par des structures plus simplestout en demeurant qualitativement distinct : La vapeur d'eau n'est pas de l'eau chaude et pourtant à un certaindegré d'échauffement l'eau devient vapeur.
De même la vie n'est pas la matière et pourtant il n'est pas impossibleque la matière à un certain niveau de complexité chimique devienne de la matière vivante.
Le matérialismedialectique prétend donc qu'il est possible, tout à la fois d'expliquer les formes les plus évoluées de la matière et dereconnaître leur originalité qualitative.
Le matérialisme historique
Tandis que le terme « matérialisme dialectique » désigne la théorie générale du monde chez Marx et Engels, onemploie souvent l'expression « matérialisme historique » pour désigner plutôt l'application de cette théorie à l'histoiredes sociétés humaines.Pour Marx la clef de l'évolution des sociétés est donnée par le développement des techniques et des conditions deproduction qu'il nomme forces productives.
Un certain état des forces productives (par exemple au Moyen Age lemoulin banal, au XIXe siècle la machine à vapeur) explique le régime social de la production, la division des « classessociales », tout ce que Marx appelle les rapports de production (par exemple au Moyen Age le régime féodal avec leserf et le seigneur, au XIXe siècle le capitalisme avec bourgeois et prolétaires).Forces productives et rapports de production constituent l'infrastructure de la société.
C'est à partir de là qu'onexpliquera les idées juridiques, politiques, philosophiques, religieuses, les créations artistiques par lesquelles lasociété prend une conscience plus ou moins déformée d'elle-même.En effet les conflits de classes, eux-mêmes relatifs à un certain moment de développement des techniques setraduisent et se dissimulent à travers les diverses manifestations de l'esprit humain qui constituent ce que Marxappelle les superstructures : Par exemple la hiérarchie des anges, longuement établie par saint Thomas (archanges,anges, trônes, dominations) est la transposition de la hiérarchie féodale qui descend du roi jusqu'au dernier desmanants par toute une cascade de suzerains et de vassaux.
De même l'idéologie libérale des hommes de 1789 n'estpour un marxiste que le reflet des intérêts de la grande bourgeoisie (la loi Le Chapelier supprime les corporations enprincipe pour libérer les individus d'une tutelle oppressive et tracassière, en fait disent les marxistes pour que lesemployeurs trouvent à leur service des travailleurs isolés, donc vulnérables, et privés d'une organisation quidéfendrait leurs droits).Notons cependant que les idées ne sont pas des épiphénomènes, et qu'à leur tour elles réagissent surl'infrastructure.
Dans la perspective du matérialisme dialectique, l'histoire n'est pas le monologue des forceséconomiques, mais le dialogue des forces économiques et des idées formées par la conscience humaine.
Les contradictions du capitalisme et l'avenir de l'humanité
Marx dans son grand ouvrage le Capital veut montrer le caractère inhumain du capitalisme, et déduirescientifiquement la fin de ce régime destiné à périr de ses propres contradictions.
Il y a dans l'analyse de Marx, nousallons le montrer, une préoccupation humaniste, une visée éthique, comme Rauh, le premier l'a clairement aperçu.Marx est le penseur qui dévoile l'immoralité cachée dans les échanges du capitalisme.
Sous le contenu patent d'unéchange bien anodin de choses (l'ouvrier donne sa force de travail, le patron paie un salaire) se dissimule la réalité,latente, d'un conflit de classes, d'une exploitation de l'homme par l'homme..
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