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Le sens, la mémoire et l'imagination

Publié le 18/11/2011

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Toute recherche philosophique a pour ongme la connaissance et la réflexion sur cette connaissance. L'homme, connaissant un peu, désire tout connaître; en effet, celui qui n'a pas accès à l'ordre de la connaissance ne peut désirer connaître, de même que l'aveugle ne peut désirer voir, si ce n 'est pas le désir que lui donnent les autres de voir; mais tout être qui connaît un peu, et c'est ce qui caractérise l'homme, désire connaître tout et, ne pouvant y parvenir, se pose la question de savoir ce qu'est la connaissance.

« prend alors possession des sensations, se pro­ curant une certaine connaissance de leur cause, de l'objet qui les provoque.

Les sensations de lumière, de bruit, d'odeur, de goût, de cha­ leur , reçues par les sens, constituent, pour la conscience, la perception, première étape vers la connaissance .

Le premier contact est physi­ que; il passe avec les cellules nerveuses par un stade physiologique pour atteindre le niveau psychologique, propre à la conscience .

La per­ ception est l'appropriation du monde extérieur, par la conscience, à partir de l'excitation pro­ venant des sens.

Elle est l'image que se donne la conscience de l'objet de l'excitation senso ­ rielle.

En ce sens, elle est la première posses­ sion du monde.

L'homme, donc, doit réunir pour percevoir le monde, des sens, d'ordre strictement physique, et une conscience, d'or ­ dre strictement psychique.

L'homme, étant corps et esprit , peut réunir l'esprit et la matière, permettre à l'esprit de percevoir la matière, de se donner une image de la matière, une possession intime de la matière par l'image qu'il en a.

C'est à partir d'une sensation, c'est­ à-dire du contact strictement physique , du corps comme objet avec l'objet, que la cons­ cience entre en contact avec le monde physique.

Le corps est élément du moi et élément du monde, et c'est lui qui permet le contact avec le monde; pour la conscience il est du côté du monde physique, il est perçu comme du monde, cependant c'est par lui que la cons­ cience peut percevoir les objets : il sert d'in­ termédiaire.

C'est par le contact du corps avec le monde que le monde prend forme et vie pour la conscience.

Ce que le corps ne perçoit pas, à cau se de l'éloignement, par exemple, n'a pas de vie pour la conscience : ainsi pour le petit enfant, avant d'avoir fait l'apprentissage de la permanence de l'objet, le jouet n'existe plus quand il ne le voit plus .

L'objet éloigné, non perçu, a une existence diffuse, une possi­ bilité d'existence seulement.

Nous avons en effet, au départ, une image globale du monde, par la perception globale que nous en avons.

Avant tout jugement, la conscience oublie le s intermédiaires que sont le.s sens, et se croit en contact direct avec le monde, dont elle a une perception très floue.

La conscience, par la perception, choisit , ne conserve pas tout le donné des sens, et c'est par ce choix que la connaissance existe.

La sensation est purement subjective, d'ordre purement physique et ne concerne que le sujet; elle constitue dans une certaine mesure , un écran entre le sujet et l'objet, et le.

sujet s'empresse de l'oublier, ne conservant que la perception qui est au contraire la liaison entre le sujet et l'objet, l'image que le sujet a de l'objet.

La perception est alors l'interprétation que la conscience se donne de la sensation, le choix dans les éléments donnés par la sensation objectivant la sensa­ tion qui est d'ordre purement physique et per­ sonnel, pour créer une image de l'objet.

La distinction entre les différents objets de la sen­ sation et entre les objets de la sensation et le moi n'est jamais totale, car le corps est par­ tie du moi, il transmet les sensations, et en même temps, il est partie du monde extérieur, il est objet.

Si le monde extérieur sc présente à nous de manière globale, le rôle de la perception est de choisir, de sélectionner, et de constituer un monde pour soi, qui est une interprétation du monde extérie .ur.

Mais, pour que nous per­ cevions ce monde, il faut qu'il existe, car per­ cevoir c'est se donner une image du monde, mais d'un monde qui existe .

Percevoir, ce n'est pas créer, imaginer, c'est connaître, se donner une représentation de quelque chose qui est.

La conscience perçoit le monde en choisissant, elle reconstruit le monde, se fai­ sant ainsi un monde pour soi, à l'image du monde qui est et avec lequel les sens sont en contact.

En contact avec les choses, les sens semblent en donner déjà eux-mêmes une impres­ sion toute relativ e pour ne pas dire erronée : ainsi des mains qui viennent d'être en contact avec de la neige trouvent une eau tiède, chaude, et réciproquement, l'eau de mer tiède semble froide au baigneur allongé au soleil depuis un long moment.

De même, dit Platon, un vin peut sembler amer au malade qui le trouve doux quand il est en b onne santé.

L'erreur est due en fait à l'entendement qui ne tient pas compte de l'état particulier dans lequel se trouve le corps; la perception est en effet beaucoup plus que la se .nsation, elle impli­ que un jugement sur les données immédiates des sens.

Seul le jugement peut être erroné, jamais la sensation.

Descartes propose, en face de sensations peu claires et désorganisées, de suspendre le jugement, pour éviter de tomber dans l'erreur; tout le problème consiste alors à savoir en quel sens et dans quelle mesure une sensation manque de clarté et ce problème est plus difficilement soluble, car la donnée d'une sensation n'est jamais reçue seule et isolée.

Toute perception est globale et elle inclut l'expérience acquise.

Elle comporte donc un jugement; on ne peut donc concevoir, chez l'adulte, de perception sans jugement.

Toute perception est donc fonction du sujet, de son expérience passée, des conditions dans lesquelles il se trouve au moment même de la perception .

Avec la perception, la vie physique est dépassée et on attend la vie psychique de l'homme.

LA MEMOIRE Toute perception laisse des traces dans l'es­ prit du sujet, et ces traces constituent la mémoire.

Les philosophes avaient coutume jus­ qu'à une date récente de considérer la mémoire comme un magasin physique de traces physi­ ques.

C'est à Epicure tout d'abord que l'on doit cette conception que Descartes reprendra.

La mémoire organique conserve les souvenirs grâce auxquels l'âme se souvient.

Grâce à la mémoire physique, la conscience transcende le passé, conservant présente la marque d'une perception passée, fixant les perceptions.. »

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